Créé en 2006 par l’américain
Jack Dorsey, Twitter est un outil de réseau social et de microblogage permettant à ses utilisateurs de s’envoyer des petits messages appelés « tweets » comportant moins de 140 caractères par messagerie instantanée ou par le biais de SMS. Comptant environ 500 millions d’aficionados de par le monde, accessoire immatériel on ne peut plus en vogue chez les « artistes » dégénérés, hommes ou femmes politiques corrompus et bobos incultes notamment, Twitter est à l’instar de Facebook l’un des symboles les plus répugnants du monde moderne et du matérialisme de l’infâme génération numérique. Toutefois, bien qu’ayant invariablement rendez vous dans quelques années voir quelques mois dans les poubelles pestilentielles de l’Histoire, Twitter aura permis aux fans de hard rock/heavy metal des années 80 de rêver à l’inimaginable. Effectivement, le 28 mai
2012 à 1:14 PM,
Sebastian Bach, ex chanteur du mythique
Skid Row de son état et concentré depuis 1997 sur une carrière solo, « tweete » au pseudonommé Silviostein91 à propos du morceau « Forever » apparaissant sur la démo « Matt Fallon Demos » de 1986 le message suivant : « 1 dude out of 5 in the band hates that song. Same guy who is stopping the reunion from taking place. 4 out of 5 of us are into it ». Nul besoin d’être Madame Soleil pour savoir que Bach parle ici de Rachel Bolan, maître à penser aujourd’hui d’un
Skid Row de seconde zone inégal et ayant toutes les peines du monde à déchainer les foules à l’image de l’album «
Thickskin » paru en 2003.
Initialement fondé en 1986 à Toms River dans le New Jersey autour du bassiste punk Rachel Bolan et du guitariste Dave « The
Snake » Sabo,
Skid Row connait la gloire et le succès au cours de l’irretrouvable période 1989-1991 qui verra la sortie sur
Atlantic Records des référentiels et indispensables «
Skid Row » et autres «
Slave to the Grind ». Distillant un hard rock/metal ultra énergique et racé, assurant sans difficulté les premières parties de monstres d’alors tels les mythiques
Bon Jovi, Mötley Crüe,
Aerosmith ou encore Guns N’ Roses dans des arènes et stadiums bondés,
Skid Row doit également une grande partie de sa reconnaissance quasi unanime au charisme et à la classe de son frontman
Sebastian Bach, coqueluche rock n’ roll incontestée de ces dames et demoiselles. Après la sortie en 1995 du relativement bon «
Subhuman Race » cependant éclipsé par l’éphémère et nauséabonde mode du grunge,
Skid Row subit un changement de line up majeur et irréversible (?) en 1996 suite à l’éviction du canadien Bach pour cause d’un différend avec ses bandmates concernant le potentiel partage d’une affiche avec
Kiss. Fronté temporairement par le dénommé Shawn Mars,
Skid Row redevient un combo ambitieux discographiquement parlant en 1999 après les arrivées du texan Johnny Solinger au micro et de l’ex
Saigon Kick Phil Varone derrière les fûts. L’album «
Thickskin » sort ainsi en autoproduction le 22 juillet 2003.
Il en faut du courage et de la détermination pour oser investir ce quatrième album studio du mythique
Skid Row. Effectivement, qu’attendre d’un disque estampillé 2003, sorti en autoprod, avec un obscur chanteur de country originaire de Dallas en remplacement de Baz au poste de vocaliste et illustré qui plus est par une pochette on ne peut plus insipide ? Rien ou pas grand-chose certes, mais parfois la curiosité maladive tend à encourager les entreprises les plus malsaines. Sans surprise, un hard rock bien produit mais terriblement peu original est au programme de la poussive et redondante « New Generation », titre introductif de l’opus qui pertinemment semble en dire beaucoup sur la facture du
Skid Row nouvelle génération. Ayant pour le seul exercice inhérent à l’écoute de ce «
Thickskin » pris le soin d’occulter de sa mémoire les incomparables «
Skid Row » et «
Slave to the Grind », l’auditeur pourra néanmoins apprécier certains morceaux relativement bien écrits et interprétés à l’instar de la sympathique fausse ballade électrique «
Ghost », de l’énergique et mélodique «
Born a Beggar » ou encore de l’ultra efficace et bad ass « Thick is the
Skin » jonché d’un solo bien senti signé Dave « The
Snake » Sabo et permettant à juste titre de se rendre compte du charisme substantiel et du talent vocal évident d’un Johnny Solinger qui graveleux et se gardant toujours de se fourvoyer dans les aigus tel un heavy metal screamer des 80’s castré avant la mue, s’avère se situer à mille lieux de l’intouchable
Sebastian Bach, sauf peut être quant à la crinière blonde et à la dégaine incontestable de bad boy motherfucker. Toujours au chapitre des petites réussites relatives de l’album qu’il convient de souligner avec honnêteté et sans parti pris, relevons la belle et touchante ballade « See You Around » qui stéréotypée dans ses lyrics (comment pourrait-il en être autrement ?) tend à seoir de façon optimale la personnalité vocale de Solinger. Egalement et au risque de passer pour un hérétique et d’avoir un jour à répondre de cette prise de position aventureuse devant un tribunal, osons reconnaitre l’efficacité à toute épreuve de «
I Remember You Two » constituant une version alternative, électrique et survitaminée de la complainte adolescente du même nom ou presque de celle contribuant à magnifier en compagnie de la sublime «
18 and Life » le full length éponyme de 1989.
Même s’il comporte quelques bribes constructives et inspirées comme énoncé précédemment et qu’il bénéficie d’une production remarquable parfois garante d’une puissance communicative, «
Thickskin » se veut néanmoins être le fruit d’une démarche créatrice à l’image de l’incarnation du combo qui se revendique en être l’auteur : inégale et finalement peu inspirée d’un point de vue global malgré un volontarisme des plus perceptibles, notamment sur scène. Ainsi, même s’il constitue un morceau destiné plus ou moins ouvertement à faire passer un message aux groupies du quintette de Toms River désireuses de gratifier backstage ou dans le tour bus les skids de performances orales charnelles, leur signifiant alors de faire le job jusqu’au bout et de révéler ainsi leur véritable nature, la courte « Swallow Me (The Real You) » peinera à attirer l’attention de l’auditeur de par son caractère banal voir médiocre, tout comme la poussive et inintéressante « Mouth of Voodoo » malgré sa ligne de basse prépondérante émanant de la dextérité et du feeling bien senti du rancunier Rachel Bolan, la soporifique « One Light » digne des plus mauvais moments d’Enuff Z’Nuff malgré quelques sons de guitare plutôt originaux ou pour le moins inattendus ou encore la heavy mais trop prévisible « Lamb » où la dissonance entre l’énergie sonique déployée et le rendu final s’avère être assez hallucinant car déséquilibré. Aurait-on imaginé un jour le légendaire
Skid Row avoir recourt au plagiat artistique, qui plus est pour un album de la facture de ce perfectible «
Thickskin » ?
Plus sérieusement, quelle surprise est celle de remarquer que le riff d’intro bien lourd et incisif de «
Down from Underground » s’avère être identique comme deux gouttes d’eau à celui de « Stop You’re Killing Me » de l’excellent (malgré le style pratiqué) album « Troublegum » (
1994) du groupe de metal alternatif nord-irlandais
Therapy?.. Enfin et au regret d’un auditeur qui était en droit d’attendre bien plus de la résurrection de cette entité de légende portant le lourd patronyme de
Skid Row, la galette posera les armes aussi mal qu’elle avait entamé le combat et sans avoir vaincu, via l’incompréhensible « Hittin’ a Wall » ; décharge d’obédience visiblement moderne saccadée et particulièrement cacophonique on ne peut plus significative quant à son titre : à se frapper la tête contre les murs.
Inégal et globalement peu intéressant malgré quelques titres d’où parviennent à s’échapper subtilement quelques bonnes idées ci et là, ce «
Thickskin » de 2003 s’avérant être le premier opus de la seconde vie du mythique
Skid Row peinera grandement à attirer l’attention de tous ceux pour qui «
Skid Row » et «
Slave to the Grind » ont constitué la bande son immuable et rédemptrice d’une adolescence acharnée et rebelle. Au-delà de ses limites artistiques intrinsèques incontestables, ce quatrième album studio des ex protégés de
Bon Jovi et de Guns N’ Roses constitue la preuve que du talent brut et de la meilleure volonté du monde (souvenir éternel d’un gig transcendantal du nouveau
Skid Row en novembre 2007 à l’Elysée Montmartre de
Paris) ne naissent jamais que des chefs-d'œuvre. Un opus où le bon côtoie le mauvais que les fans du combo originaire du New Jersey laisseront allègrement de côté, pour ne jamais cesser de louer comme ils le méritent les indispensables «
Skid Row » et «
Slave to the Grind » tout en rêvant à ce que ce fameux « tweet » du 28 mai
2012 soit annonciateur d’une réalité salvatrice à venir.
@ largod : je n'ai pas de compte twitter ni même de compte facebook ! Je ne suis pas un mouton.. J'avais lu cette histoire de tweet sur l'excellent site metalsludge.tv
A dire vrai, cette chro a plus été motivé par la volonté de cracher sur twitter que de casser ce "Thickskin".. Je me suis bien fait plaisir dans le premier paragraphe.
Par contre, S.Bach au Hellfest, c'était franchement moyen...
Nouveau line-up, nouveau style. Et meme si cet album n'est pas mauvais, on est loin d'un Slave to the grind, incontestablement le meilleur album de Skid Row.
16/20
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