Suite à l'excellente chronique de Leatherface du précédent album qui décrivait en gros tout ce que je recherche musicalement, je me procurais ces deux albums de
Wolves in the Throne Room (on va dire WITTR). Et je dois avouer que celui-ci m'a encore plus marqué.
WITTR est le pied de nez ultime à ceux qui ont l'affront de clamer que le Black
Metal est mort désormais. Crée en 2004, ce groupe fait donc partie de... la 3ème vague (arrêtez moi si je dis de la merde) et revendique dans ses paroles un idéal bien différent des habituels
Satan, suicide etc pour offrir un hommage à Mère Nature et sa beauté (dans leurs interviews, on peux lire qu'ils respectent les politiques de gauche, l'environnementalisme et le féminisme). Bref des gars qui n'ont pas besoin de se donner un genre pour évoluer le milieu, et nous offrir une musique d'excellente facture (même si il faut l'avouer, moi l'idéologie, je m'en fous tant que le reste suit). Bon par contre j'ai été déçu de la présentation, avec ce livret tout pourri sans même les paroles, juste quelques photos trop floues.
Bref WITTR c'est toujours 4 longues chansons d'un registre atmosphérique, inspiré quelque peu de
Burzum, sur toujours une production pas si propre, mais pas mauvaise du tout. Tout grésille très légèrement, mais l'on repère avec clarté chaque élément, sauf de temps en temps au milieu du chaos, où tout s'assemble dans une mélodicité brumeuse et envoûtante. La première piste fait un peu preuve d'exception, vu qu'il s'agit d'une "courte" introduction sur fond de nappes de claviers, bruits de forêt et notes parcimonieuses de guitares. Le ton de la nature est donné, en douceur. Puis la première véritable et incroyable chanson débute sur les chapeaux de roue, à coup de blasts furieux, de tremolos agressifs, sombres et quelque peu mélancoliques, et des vocaux en lamie qui atteignent presque le timbre écorché de l'excellent
Corvus. En gros une voix que j'adore. Cette chanson déploie ses charmes petits à petit au long de ses 12 minutes, de manière plutôt progressive, diluant ses thèmes, les enrichissants, les sublimant de ces leads lointains et envoûtants, et créant une atmosphère unique sans utiliser le moindre clavier. Bref les guitares sont utilisées avec brio.
Le batteur fait un travail formidable. Sans être original pour un sou, il accompagne malgré tout chaque chanson à chaque minute de rythmes diablement efficaces et entraînants, qui contrastent avec la noirceur et la tristesse des guitares. Car WITTR réussit parfaitement à nous captiver, à faire ressortir en nous nos démons à l'aide de ces mélodies si belles et mélancoliques, mais attention, pas larmoyantes, comme blasées, fatiguées et grises.
Preuve en est sur l'intro de la piste suivante, constitué de percussions quelque peu tribales et de chœurs lointains, avant l'arrivée de ce chant féminin bien tristounet mais puissant. Le groupe ne va pas s'étendre dans le pathétique (au sens littéraire) et couper cette mélancolie dans une brutalité bien sombre. La dernière et très longue piste, est un peu une synthèse des précédentes, utilisant moins de blasts et le thème le plus triste et plus lent, accueillant pour la première fois une guitare acoustique. Sa durée lui permet d'explorer à fond ses mélodies et de perdre définitivement l'auditeur dans ses pensées...
Et a t-on besoin de vraiment plus? 3 chansons d'une qualité exceptionnelle m'ont suffit, même si je maudis les détenteurs de lecteurs vinyles qui peuvent profiter d'une version bonus avec "Cleansing" rallongée de 6 minutes et une piste supplémentaire, "To Reveal" de 17 minutes. Mais WITTR réussit son pari, touche l'auditeur, le captive, l'attriste et aussi lui donne envie de bouger parfois, et nous fait vivre un voyage à travers... notre propre monde. Malgré sa simplicité, l'inspiration et le talent des musiciens nous procurent une musique qui atteint ce que peu font réellement, c'est-à-dire nous faire ressentir quelque chose.
En conclusion, WITTR synthétise l'essence du Black
Metal à travers son genre relativement singulier, envoûtant, mystérieux, beau et triste, et qui j'espère et je le pense, s'imposera comme une des nouvelles références du genre.
niveau ambiance et desespoir , faut ecouter "a looming resonance" tiré du vynil "malevolent grain" , j'ai jamais écouté un truc aussi mélancolique et magique niveau black metal
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