Tout d’abord, remise en contexte :
SOAD appartient à la mouvance du néo-métal. Apparue vers le milieu des années 90 avec des groupes précurseurs comme
Korn puis les
Deftones, elle sera déclinée à toutes les sauces jusqu’à son essoufflement au milieu des années 2000. En 1998,
SOAD sort un premier album éponyme qui est un succès immédiat et donne un bon coup de frais à ce genre alors qu’il stagnait un peu. Le groupe présente à peu près toutes les caractéristiques du néo : des riffs et des structures simples, absence de solo, morceaux de format FM (donc courts), chanteur charismatique,… Mais deux choses vont les démarquer de leurs compères : leurs influences musicales et les thèmes abordés. En effet, System est un groupe arméno-américain et, même si ses membres vivent depuis longtemps en Californie, ils vont apporter des influences de leur pays natal dans leur musique. On ressent ces sonorités orientales dans certains riffs de guitare mais aussi dans le chant de
Serj Tankian. Ensuite, ce groupe va casser les codes au niveau des textes. Alors que les autres groupes de néo ont pour habitude de parler de sentiments de malaise et d’inadaptation à la société (en gros des thèmes d’ados mal dans leur peau),
SOAD va s’engager politiquement sur de nombreux terrains mais principalement sur le sujet de la guerre et plus généralement contre le gouvernement américain. Ces deux caractéristiques voient leurs prémisses dans le premier opus mais sont vraiment développées à partir de
Toxicity.
Après le succès de l’album éponyme, le groupe a besoin d’une confirmation et le prochain opus est attendu au tournant.
Toxicity sort en 2001 et ce n’est pas une confirmation… C’est bien plus que ça ! Il se vendra à plus de 12 millions d’exemplaires dans le monde entier.
La pochette de l’album est déjà très évocatrice. Sur celle-ci, «
System of a Down » remplace « Hollywood » sur la colline surplombant le fameux quartier de
Los Angeles. On sent déjà que le contenu va s’attaquer aux institutions. Et de fait, tous les morceaux de l’album sans exception sont engagés.
La première note de l’album est… toute seule ! Une grosse pêche, paf ! Un gros do dans la face! S’en suit un riff haché très agressif pour débuter « Prison Song » : un morceau d’ouverture très excité qui, encore aujourd’hui, me donne envie de tout casser dans ma chambre !
Ce sera le cas de la plupart des morceaux. Ils jouent sur une alternance d’agressivité et de puissance avec beaucoup de changements de tempo et des petits breaks réguliers pour calmer le jeu avant de renvoyer la sauce une bonne fois. Cependant, certains morceaux sont plus orientés vers la mélodie. Il s’agit notamment du cultissime « Chop Suey » alternant entre une agressivité de rupture et une mélodie qui sera portée à son sommet par le chant de Tankian dans la dernière partie du titre. « Atwa » joue du même concept mais notons surtout le magnifique «
Aerials », titre de clôture qui se démarque fort du reste de l’album car il est plus martial et reste mélodique de bout en bout (cette mélodie est renforcée par la présence de violoncelles). Le chant ici est plus lyrique et le morceau ne joue pas sur la rupture mais sur le crescendo. Je vous ai parlé des influences orientales, et bien la mélodie principale de ce morceau en fait partie et cela donne un effet fabuleux. On retrouvera ces sonorités dans différents morceaux sous différentes formes, notamment dans le couplet de« Deer Dance », ce riff glissé sur lequel
Serj Tankian n’hésite pas à rouler les « r », mais également plus loin de la chanson avec l’utilisation d’une mandoline. Enfin, il faut noter la présence d’un morceau caché à la fin de l’album, complètement tribal !
Cet album fait déjà office d’une première consécration pour le groupe (une seconde arrivera lors de la sortie des albums complémentaires «
Mezmerize » et «
Hypnotize » en 2005). Je me suis rendu compte en réécoutant l’album pour la chronique que quand j’étais jeune et con et bien je n’étais pas si con, parce que, encore aujourd’hui, c’est un des seuls albums de néo-metal que je peux écouter de nombreuses fois sans me lasser. Le son est beaucoup plus lourd que celui de l’opus précédent et la musique s’en voit plus puissante. Le jeu de batterie de John Dolmayan est extrêmement bon, le chant est magistral et les compositions, malgré la simplicité qu’exige le genre, sont très originales. On peut dire que les
System of a Down ont trouvé leur créneau en sortant cette perle. Malheureusement, l’exploit ne sera pas réitéré un an plus tard avec «
Steal This Album », album vite fait qui s’avèrera très décevant.
Les
SOAD sont adeptes des titres très courts, on le sait, mais certains font un peu foutage de gueule tout de même ! Il y a trois titres qui font moins de deux minutes. Ce sont deux minutes intenses d’accord, mais on a quand même un peu l’impression que le morceau est fini sans avoir eu le temps de commencer. Voilà pour le petit bémol ; il en résulte que, malgré les quatorze pistes, l’album est plutôt court mais c’est la qualité qui compte et elle est bien là ! Bonne écoute !
Je n'entends pas de guitares monocorde, ni de chants pleurnichards,, rappés ou pompés sur Alice in chains.. Je ne vois pas où est le néo métal ici.. En revanche j entends une formation qui avec cet album monumental a délivré une véritable bouffée d air frais dans le Métal voire dans le rock d une manière générale il y a 20 ans, une putain de référence
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