La véritable classe du hard rock est de privilégier la simplicité et l'émotion à toute forme d'agressivité, que seule une inspiration débordante est en mesure de tirer vers le haut. Nikki Sixx, célèbre bassiste d'un des plus grands groupes de l'histoire du rock, Mötley Crüe, décide en 2006 à l'instar des autres membres de son groupe originel de monter un projet parallèle qui fait sensation dès son premier opus The Heroin Diaries, rempli de riffs entêtants et porté par la voix suave de James Michael.
C'est donc quatre longues années qu'il fallut attendre avant l'apparition de
This Is Gonna Hurt, qui démontre de son accessibilité déconcertante que le groupe n'a pas du tout chômé. Dans la continuité du premier, nous avons encore le droit à un paquet de tubes radiophoniques qui devrait ravir tous les publics (celui de Justin Bieber en l'occurence, c'est tout le mal qu'on souhaite à la formation).
Le premier point positif de
This Is Gonna Hurt est la diversité qui s'en dégage. Incroyable, ce flux d'inspiration qui traverse chaque titre de cet album! Et avant de présenter la qualité musicale, c'est tout d'abord le livret que nous allons mettre en relief: couverture attirante, suivie de nombreuses photos prises par l'ami Nikki qui dévoilent différents aspects de l'être humain comme les sans-abris , les handicapés -physiques et mentaux- ou notre faible capacité à être en accord avec nous-même, soit des thèmes assez touchants qui se reflètent dans la musique de
Sixx:AM.
Résolument moderne, le son de la formation représente le rock à sa plus juste valeur: on patauge dans l'industriel avec un premier titre, «
This Is Gonna Hurt», qui annonce rapidement la couleur.
Le rock alternatif répond aussi à l'appel avec «
Lies of the Beautiful People», véritable tube qui sent bon les séquoias de la Californie, épaulé par «Deadlihood», plus classique dans la forme mais tout aussi efficace dans le fond.
Mais Sixx AM ne se cantonne pas qu'à sa terre natale puisque les influences britanniques sont également très perceptibles: pourquoi faire mine de ne pas penser à Muse (époque
Absolution) en écoutant «
Live Forever» et surtout «Goodbye My Friends», bien que l'électricité ait une place prépondérante ici. Et puis «Sure Feels
Fight» rappelle tellement les ballades de Stereophonics... même façon de chanter que Kelly Jones, même utilisation des cordes en arrière-plan, mais pourtant il n'est nullement question de plagiat puisque les idées sont là pour confirmer que Sixx AM incarne tout ce qui se fait de mieux dans le rock contemporain.
Une petite douceur avec «Smile» qui écrase n'importe quel Elton John et autre James Blunt, et ce grâce encore au talent de James Michael qui excelle en tant que lover. Confirmation de se penchant sur le final «
Skin» avec un duo piano/Michael tellement cliché qu'on se prend à l'adorer puisqu'au final, l'émotion est le maître mot de cette formation qui semble avoir tout préparé à la lettre pour plaire à l'audimat.
Bluffant? Le mot est juste, car pour ce qui est de plaire avec un minimum de détails, Nikki & Cie frappe un grand coup. On en demande bien plus des comme ça, ras-le-bol des prod' molles du genou, mais en attendant,
This Is Gonna Hurt tourne en boucle et tournera jusqu'à ce que la concurrence daigne proposer quelque chose au moins d'aussi délicieux, parce qu'en attendant, on dirait que pour Nikki, l'art sonne...
SF.
Par extension, de sensibilité également Born in the USA est une parabole du rêve américain une contradiction entre le patriotisme exacerbé et la vie humaine (son frère dans la chanson parti faire la guerre au Vietnam et trouvant l'amour de sa vie là bas) quand à Losing des REM là encore le regard sur la religion telle que prêchée aux US est aussi intelligent que critique.
Le point commun de ces deux titres est une critique humaine dénuée de jugement.
Si Oh my God et surtout Skin qui reflète la différence que tu évoques (surtout Skin) sont des chansons dotées d'un bon texte, le reste sombre dans une médiocrité sans fond.
Cela n'enlève pas la qualité intrasèque des titres, plutôt catchy et sympas et je pense qu les non anglophones s'en foutront et ce, à juste titre mais pour moi, individu ayant acheté cet album et anglophone de surcroît, cela me gène. D'où ma "critique".
Je suis pour échanger avec via MP sur ce thème Zaz.
Ce n'est donc pas "une critique humaine dénuée de jugement", mais plutôt un constat dramatique accompagné d'un jugement acerbe sur le gouvernement américain.
Peut-être vas-tu un peu trop vite dans ta lecture des textes. Maintenant, effectivement, la Musique reste le principal, mais je trouve toujours que tu exagères quand tu parles de "médiocrité sans fond".
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