Souvenez-vous que nous avions dit que le pari était risqué car bien des groupes s’y étaient précédemment cassés les dents.
Sortir deux albums coup sur coup, à moins de six mois d’intervalle, simplement entrecoupés d’une première tournée sur le sol européen, n’était pas le choix de la facilité que l’on pouvait penser d’un super-groupe de rockstar reconnus dans le monde entier. Mais pour ceux qui ne l’avaient toujours pas compris, Nikki Sixx et ses compères n’ont pas la volonté de faire les choses comme les autres et c’est avec humilité, détermination et beaucoup de travail qu’ils avancent. Ne mettant jamais en avant leur passé ou les glorieuses expériences de chacun au premier plan, Sixx :AM veut avant tout faire parler de lui pour sa musique et ses créations qu’être vu comme « le groupe du bassiste de Mötley Crüe » et c’est tout à l’honneur du trio.
Faisant ainsi suite au terrible "Prayers for the Damned" qui n’a toujours pas quitté les platines depuis le début de l’année, "Prayers for the
Blessed" se présente pour nous faire enfin découvrir l’idée générale qu’avait le groupe quand l’idée du double album a germé dans leurs esprits.
D’emblée, l’impression laissée par ce second volet se veut moins marquante que celle de son prédécesseur. On ne ressent pas la même intensité, pas cette sensation de découvrir un nouveau hit à chaque morceau et que tous les refrains présents sont potentiellement des moments forts des futurs shows. L’album semble souffler le chaud et le froid et il est difficile d’en ressortir des titres en particulier, le sentiment de formatage prenant le dessus sur le reste. Dire que l’album parait avoir été écrit pour les radios parait fort mais c’est, en toile de fond, l’idée que l’on peut avoir en tête. Les morceaux apparaissent très accessibles, sensiblement plus mous et je dois avouer avoir jeté mon dévolu sur de nombreuses réécoutes du premier volet plutôt que de continuer sur le second, peut-être à tort. Puis, quelques semaines plus tard, la digestion (la déception donc) ayant fait son effet, l’effet de surprise et l’excitation redescendue, "Prayers for the
Blessed" s’est ouvert de manière plus objective, sans filtres, et possède finalement son lot inéluctable de qualités.
Le niveau affiché, sans dire qu’il est concrètement plus faible, est indéniablement moins marquant que sur les titres proposés il y a quelques mois. "Barbarians (Prayers for the
Blessed)" ouvre d’ailleurs l’album sans grande vitalité, comme un groupe récitant ses gammes mais n’allant pas réellement au-dessus, parvenant tout juste à sortir un refrain que l’on peinera à réellement se souvenir d’ici quelques temps. Le riff, syncopé et très moderne, s’accompagne de couplets vocaux presque narrés, limite néo, influence qui ressortira parfois ici et là tout au long du disque.
"We
Will not Go Quietly", premier extrait, continu lui dans la droite lignée du premier volet. Un gros riff d’ouverture, des couplets où la magnifique voix de James Michael est en avant, un refrain qui rentre en tête immédiatement, un break aérien au milieu du titre et un solo imparable de Ashba qui fait toujours autant de merveille. La surprise en moins certes mais l’efficacité est là.
Parlons-en d’ailleurs de DJ Ashba, qui se fend avec "
Catacombs" d’une introduction où il est seul au monde, faisant hurler sa technique de guitar hero pendant une minute et demie proprement éblouissante. Introduction qui sert de tremplin à un "
That’s Gonna Leave a Scar" qui débute sur les chapeaux de roue, très agressif, avant de se calmer sur un refrain très pop contrastant avec la puissance des couplets et du riff principal, secondé par une double pédale survoltée. Une agressivité que l’on retrouvera également dans "The
Devil’s Coming" qui, comme le titre précédemment évoqué, débute pied au plancher pour se calmer avec l’arrivée de la ligne vocale, très intimiste au demeurant. Avec du recul, c’est là que l’on comprend que le premier avis n’était ni complètement vrai ni totalement faux. Certes, si l’on prend l’exemple de "The
Devil’s Coming", les lignes vocales et le refrain sont très FM mais l’introduction et le cœur musical même du morceau sont purement hard rock et moderne (le solo de guitare en est le meilleur exemple). Comme si Nikki et ses potes avaient voulu jouer constamment sur le fil du rasoir, danser entre les deux mondes, heureusement plus souvent pour le meilleur que le pire.
Car si la sensation de remplissage paraissait immense au début, elle s’affaisse au fur et à mesure que l’album se laisse apprivoiser, pour ne finalement laisser dubitatif que concernant un "
Suffocate" qui n’apporte vraiment pas grand-chose. Effectivement, comment ne pas trouver un titre comme "
Riot in my
Head" un futur indispensable du répertoire du trio ? Une introduction en toute intimité, une montée en puissance progressive et surtout le magicien James Michael qui propulse le titre vers les étoiles quand il élève sa voix au rang des plus grands chanteurs du rock. Si l’on peut penser à Queen dans le déroulement du titre, dans les chœurs ou le lead guitar, ce second opus montre aussi qu’il est bien moins rock n’roll et subversif dans sa façon d’être que ce second opus plus classieux et propre.
La reprise choisie pour l’album va dans ce sens et surprend (avant l’écoute du moins) puisqu’il s’agit du "Without You" de…Mariah Carey ! Pourtant, le groupe, remplaçant le piano par une guitare acoustique, offre une véritable âme à ce titre connu de tous pour en faire une compo propre au groupe et surtout lui donner une résonance personnelle, rock et écorchée du plus bel effet. Elle parvient même à faire passer sous silence la « vraie » ballade de l’album, Maybe it’s Time, très jolie au demeurant bien que classique et loin des deux perles du précédent opus ("Prayers for the Damned" et "Better Man").
Globalement, le deuxième volet est, dans sa structure et la musique proposée, un album avec de grosses similitudes mais où tout est un peu moins bon. Moins de hits, moins de refrains vraiment marquants, moins de moments vraiment poignants. Même si le niveau affiché reste un bon cran au-dessus de la moyenne hard rock du moment, "Prayers for the
Blessed" ne peut que souffrir de la comparaison de "Prayers for the Damned". Même le titre final, "Helicopters", ne tient pas la comparaison avec le superbe "Rise of the Melancoly
Empire". Quant à l’artwork, le premier était aussi plus réussi.
Reste que l’idée était intéressante, que l’objet est beau (mention particulière au vinyle bleu/blanc moucheté magnifique) et que Sixx :AM n’en finit plus de monter partout dans le monde et de se placer comme le groupe hard rock n°1 du moment.
Un peu de repos messieurs (bien mérité) et à la prochaine !
J'irais modifier cela ;)
Je reste persuadé que si Sixx AM avait sorti uniquement ce Prayers For The Blessed (sans le vol.1 donc), il aurait recueuilli son lot de louanges. C'est surtout le remarquable Prayers For The Damned sorti il y a quelques mois et encore trop présent dans nos têtes et sur nos platines qui lui fait de l'ombre.
La barre était placée très haut, trop haut...
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