Tout le monde (ou presque) connaît
Paul Di'Anno et se souvient de ce talentueux chanteur qui participa aux deux premiers albums d'Iron Maiden "Iron Maiden" (
1980) et "
Killers (1981), avant d'être viré par Steve Harris (le bassiste-leader du groupe) et Rod Smallwood (le manager) à cause de son penchant pour l'alcool et la drogue.
Si certains se rappellent aussi de son très bon disque de Rock F.M. "
Di'Anno" (1984) ainsi que son fracassant retour dans le Heavy
Metal en 1986 avec
Battlezone (rebaptisé six ans plus tard
Killers), rares sont ceux qui ont gardé en mémoire les albums solos que l'ex-frontman de la Vierge De Fer a enregistré dans la seconde moitié des années 90.
En 1995, après la mise en stand-by de
Killers,
Paul Di'Anno (dont la carrière est au point mort) accepte que Lea Hart, qui à la fin des années 80 fut le chanteur-guitariste de
Fastway (groupe formé par l'ancien guitariste de Motörhead "Fast" Eddie Clarke), devienne son manager et son producteur.
Or lorsque l'on connait les goûts musicaux du gaillard (c'est lui qui est à l'origine de l'orientation F.M. de
Fastway en 1988 sur "On
Target") on pouvait s'inquiéter de cette inattendue collaboration (qui avait débuté deux ans plus tôt puisque
Paul Di'Anno avait participé au premier volume de
True Brits, également édité sous le nom We're British We're
Metal We're Rock, un disque sur lequel Lea Hart a réuni d'anciennes gloires de la New Wave Of British Heavy
Metal pour interpréter ses titres).
Et on avait raison !
Tout d'abord Lea Hart propose à
Paul Di'Anno et à son vieux complice Dennis Stratton (ex-guitariste d'Iron Maiden) de chanter sur des morceaux qu'il a composé avec différents auteurs-compositeurs dont certains, ceux écrits avec "Fast" Eddie Clarke pour
Fastway, déjà présents sur "On
Target" (1988) et "Bad Bad Girls" (1990).
Produit par Lea Hart, l'album
Paul Di'Anno & Dennis Stratton "
The Original Iron Men" sort en 1995 suivi un an plus tard de "
The Original Iron Men 2" (les vingt et une chansons sont toutes issues des mêmes sessions d'enregistrement).
Sur ces deux disques le collectif réuni par Lea Hart délivre un
Hard Rock/Rock F.M. certes de qualité, mais cependant beaucoup trop aseptisé.
Mais le pire était à venir avec la sortie de l'album "
The Worlds First Iron Man" en 1997.
En effet toujours sous la direction de Lea Hart (mais sans Dennis Stratton qui préfère se consacrer à
Praying Mantis) et accompagné d'une pléiade d'invités (un peu à la manière de
Gene Simmons sur son premier disque solo en 1978),
Paul Di'Anno nous livre à nouveau un album commercial à destination du public américain friand d'A.O.R. (Adult Oriented Rock).
Bref, on est plus près de Huey Lewis
And The News que de
Judas Priest !
Pour décrire le contenu de "
The Worlds First Iron Man" je diviserai le disque en trois parties :
Partie 1 (de la première chanson à la quatrième) : de la soupe incolore et inodore
Partie 2 (de la cinquième à la dixième) : des titres commerciaux mais de qualité
Partie 3 (de la onzième à la quinzième) : des morceaux hameçons pour appâter le poisson
Commençons par la première partie (la pire) composée des reprises "Living In America" de James Brown (wouarf wouarf, et pourquoi ne pas avoir repris "
Sex Machine" pendant qu'on y était !) et "Play
That Funky Music" du groupe
Wild Cherry (aucun commentaire tout est dit dans le titre) suivis de "Forever" et "What Am I Gonna Do".
Pour faire vite, pendant un peu moins de vingt minutes on est en présence de morceaux tellement sirupeux que même Georges Michael se serait abstenu de les interpréter !
Passons à la seconde partie (la meilleure) où enfin
Paul Di'Anno et ses musiciens nous offrent avec "I Ain't Coming Back
No More", "I'm All Shook Up" (issu du répertoire de
Fastway), "Caught Your Lie", "Had Enough" (également de
Fastway), et "Take These Chains from Me" (venant aussi de
Fastway mais auparavant nommé "Cut Loose") des titres de
Hard Rock/Rock F.M. de bonne facture.
Seule la mièvre ballade "Show Some Emotion" (encore de
Fastway) est sans intérêt.
On finit avec la troisième partie (la dispensable) sur laquelle on retrouve pas moins de quatre morceaux d'Iron Maiden ("Remember Tomorrow", "
Wrathchild", "Phantom Of The Opera", et "Sanctuary") enregistrés en public accompagnés de la reprise de T.Rex "
Children Of The Revolution" (également en live), déjà présente (en version studio) sur le premier album de
Killers "Murder One" (1992).
Des titres, en particulier ceux d'Iron Maiden, dont la présence à la fin de "
The Worlds First Iron Man" n'a comme unique but que celui d'attirer les fans de la Vierge De Fer afin de booster les ventes du disque.
Résultat : avec "
The Worlds First Iron Man"
Paul Di'Anno troque son statut de leader de
Battlezone et
Killers pour celui, plus modeste, d'interprète de luxe pour un Lea Hart moyennement inspiré.
La même année
Paul Di'Anno et Lea Hart récidivent en sortant "
As Hard As Iron", un album dans la même veine que "
The Worlds First Iron Man", mais de meilleure tenue (aucune reprise inutile ne figure sur le disque).
Cet album (dont l'intitulé comprend à nouveau le mot "Iron") sera le dernier enregistrement
Hard Rock/Rock F.M. de
Paul Di'Anno qui, avec la reformation de
Battlezone (puis celle de
Killers), retourne à un rugueux Heavy
Metal qui lui convient mieux.
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