Soulburn, formation hollandaise, évoluant dans un « death-metal » lourd, crasseux et très vieille école, a la particularité d’avoir été formé par Eric Daniels (guitare) et Bob Bagchus (batterie), transfuges du
Asphyx originel et faisant également partie intégrante de
Grand Supreme Blood Court. Après 16 ans d’absence discographique, le duo décida de remettre en branle
Soulburn et donner un successeur au bon «
Feeding on Angels », avec leur dernière offrande intitulée «
The Suffocating Darkness », produit par Harry Wijering (
Harrow productions) et mixé par Dan
Swanö qu’on ne présente plus. Après quelques changements de personnel, le groupe est aujourd’hui composé de Bob Bagchus, derrière les fûts, de Eric Daniels et Remco Kreft (
Grand Supreme Blood Court,
Xenomorph, ex-Abcess) aux guitares et de Twan Van Geel (guitariste chez
Legion Of The Damned) au chant et à la basse.
«
Apotheosis Infernali » nous accueille avec un souffle venteux et des suffocations d’une femme agonisante, avant que des chants religieusement sinistres, louant le Malin, ne viennent prendre le relais. Cette introduction plante complètement le décor et instaure d’entrée une ambiance funéraire. L’enfer débute réellement avec la deuxième composition « Under the rise of a red moon », qui s’inscrit dans la continuité de «
Feeding on Angels », le riffing est simple, le tempo général est assez axé mid-tempo et un break ultra lourd viendra enfoncer le clou rouillé dans la main Christ, qui n’aurait jamais dû mettre les pieds ici.
En fait, la musique pratiquée par
Soulburn est assez simple mais loin d’être simpliste et ne s’embarrasse pas de fioritures, ici, point d’astiquage de manche intempestif, le quatuor va droit au but. Mais ne nous y trompons pas,
Soulburn ne fonce pas dans le tas, la rythmique est souvent retenue et puissante comme sur « The mirror void », « In
The Suffocating Darkness », l’attaque de « Absinthesis » ou encore «
Claws of tribulation », et la formation sait aussi faire mal en appuyant la cadence («
Hymn of the forsaken II », les accélérations de « Black aura », de « Absinthesis » et surtout celle de « The mirror void »). Cependant, « I do not bleed from your crown of thorns » sort complètement du lot, de par son énorme riff principal, le meilleur de l’opus, soutenu par un rythme lent, lourd et rampant, rehaussé d’un break doomesque très pesant et, enveloppé d’une ambiance funéraire, morbide et glauque.
Outre l’alternance des rythmiques et la simplicité efficace des compositions de cet opus, votre serviteur restera cependant très marqué par l’ambiance austère de «
The Suffocating Darkness » qui porte assurément très bien son patronyme. L’atmosphère étouffante et poisseuse nous prend à la gorge dès le début du disque, pour ne relâcher l’étreinte qu’à l’issu de ce dernier. Les chants et chœurs ajoutant à ce côté dérangeant et confèrent à l’album un aspect démoniaque, appuyé en cela par un Twan Van Geel, complètement possédé, dont le timbre de voix s’éloigne très nettement de celui de Wannes Gubbels, et donne à l’ensemble, une coloration plus « black-metal ».
Hormis sa qualité indéniable, «
The Suffocating Darkness » présente quelques défauts, en tête desquels une impression de redondance sur certains riffs (« The mirror void », «
Claws of tribulation » ou « Black aura ») et une originalité qui frôle le zéro, du fait, sans doute, aux nombreuses ramifications qui existent entre
Soulburn et
Asphyx, les plans semblent également éprouvés jusqu’à la moelle. Aussi, certaines compositions souffrent d’accords quelconques comme le début interminable de « Wielding death », « Black aura », l’accélération à la double de « Absinthesis », cela entraine donc quelques longueurs qui laissent poindre une impression de lassitude. Pour finir, même si le tout sonne très « old-school », certains passages flirte avec l’inaudible (l’accélération de « Absinthesis »), un comble pour Dan
Swanö, dont la réputation en ce domaine, n’est plus à faire.
Si, comme ton serviteur, tu apprécies ce qui sort du caveau, «
The Suffocating Darkness », tu aimeras. Cet album est dans la droite lignée de «
Feeding on Angels », avec un côté démoniaque et une coloration « black » amplifiés et prédominant, doué d’une atmosphère étouffante et funeste qui rebutera assurément certains néophytes.
Intensément froid et obscur!!
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