La coïncidence fait que l’actualité se télescope entre
Soulburn et
Asphyx. En effet, après un hautement qualitatif « Incoming Death » publié par le second, c’est au tour de
Soulburn de jeter en pâture à la face d’un monde en totale décrépitude sa troisième offrande. Pour les non-initiés, la particularité de
Soulburn est d’avoir été formé par Bob Bagchus et Eric Daniels, deux ex-
Asphyx et, ce qui était un projet parallèle, devient une véritable formation, surtout après le départ de Bob d’
Asphyx, il y a deux ans.
Après un très asphyxien «
Feeding on Angels » hautement addictif et qui était une sorte d’
Asphyx déguisé,
Soulburn réitère l’expérience, seize années plus tard, avec un «
The Suffocating Darkness » lorgnant directement sur le « black-metal », grâce notamment aux vocaux typiques de Twan Van Geel (
Legion Of The Damned), tout en conservant ses racines « death-metal old-school ». C’est avec un line-up inchangé que les Bataves accouchent de leur troisième rejeton nommé «
Earthless Pagan Spirit », enregistré au
Harrow Studio et mixé par
Magnus « Devo » Andersson (
Marduk) au Endarker Studio, délaissant, de ce fait, l’habituel Dan
Swanö, afin de, peut-être, se différencier une bonne fois pour toutes d’
Asphyx.
Sans présentation d’usage et sans aucun préambule, les hostilités sont lancées avec « Where Splendid Corpses Are Towering Towards The Sun » et, dès les premiers accords de ce morceau, force est de constater que toutes celles et ceux qui avait affectionné «
Feeding on Angels », en seront pour leurs frais et peineront à reconnaître le propos de la formation, tellement il a changé. En effet, à l’instar de «
The Suffocating Darkness » qui évolue vers le metal noir, «
Earthless Pagan Spirit » enfonce complètement les clous rouillés du cercueil renfermant la dépouille de son « death » d’antan. Qu’on se le dise,
Soulburn est devenu une formation de « black » primitif et primaire, simple et à la production brumeuse, l’ambiance y étant morbide à souhait.
Et tous les morceaux sont du même acabit, sans aucune fioriture. Les accords sont assez efficaces comme sur le début du morceau sus-cité, sur « Holding At The
Heart Of Death », « As
Cold As
Heaven’s
Slain » ou sur « The
Torch » et « Spirited
Asunder », le tout rehaussé d’une rythmique alternant entre « doom », mid-tempo puissant ou un peu plus alambiqué et des vocaux typiquement black, avec une mise en son très vieille école.
La difficulté de la simplicité, qui amène souvent à l’efficacité, est d’éviter l’écueil de sombrer dans le simpliste et, à l’écoute de ce «
Earthless Pagan Spirit », nul doute que
Soulburn n’a su éviter le piège. D’abord, les accords, même s’ils sont doués d’une certaine efficacité parfois, sont d’une simplicité déconcertante et donnent l’impression que la formation a livré le minimum syndical. De plus, le riffing est souvent redondant, conférant une lassitude inévitable, et ce, dès le deuxième morceau. Terminer la découverte intégrale de l’opus n’est pas loin de relever du marathon olympique.
A ceci, il faut y ajouter de nombreuses parties sans intérêt comme le milieu de « Where Splendid Corpses Are Towering Towards The Sun », les passages « doom » de « The
Blood Ascendant », le break générique de « Howling At The
Heart Of Death », la mollesse du bancal «
Withering Nights » dont votre serviteur cherche encore l’utilité de l’incorporation de vocaux féminins, qui n’arrivent jamais à point nommé. Aussi, l’opus se referme sur « Diary Of A
Reaper » (la promo fournie par le label ne comprenant pas « The Last
Monument Of
God »), un titre « ambiant » ritualiste et incantatoire interminable qui aurait plus eu sa place en introduction, mais amputé d’au moins deux minutes. Pour finir, la durée des titres est bien trop longue, et annihile le peu de dynamisme engendré par certains passages (« Spirited
Asunder », le meilleur titre de cet opus).
«
Earthless Pagan Spirit », le bide de l’année ? Nous n’en sommes pas loin, car hormis « Spirited
Asunder », votre serviteur ne retiendra pas grand-chose de cet enregistrement insipide, où les longueurs sont légions. La coloration black qui en avait rebuté certains sur «
The Suffocating Darkness », seront définitivement achevés avec ce «
Earthless Pagan Spirit » développant un black-metal primaire et primitif d’une grande platitude. Mais le groupe trouvera certainement un nouvel auditoire, laissant tous les autres sur le bord du caveau.
Soulburn s’est véritablement fourvoyé sur cet album, s’en relèvera-t-il ?
Seul l’avenir le dira...
16 ans plus tard ils nous sortent "le The Suffocating Darkness" que j'ai malheureusement acheté les yeux fermés. Malheureusement car je m'emmerde à l'écoute. Les riffs me font aucun effet je peine à me concentrer tout au long de l'album.
En lisant ta chronique je ne vais donc pas prendre la peine d'essayer le "Earthless Pagan Spirit".
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