Rocka Rollas était un groupe suédois dont les desseins antiques traditionalistes, puisés à la fois au cœur de l'œuvre d'illustres Saxons (
Running Wild par exemple...) mais aussi au sein de celle de glorieux Britanniques (Iron Maiden,
Judas Priest...) nous ravissait. A ce stade de l'analyse le lecteur avisé, et observateur, se demandera sans doute pour quelles obscures raisons obscures votre modeste serviteur parle de cette formation au passé. Pour peu qu'il soit habité de cette intelligence minime que je lui prête volontiers (à condition qu'il me la rende), il aura assurément compris que désormais les choses auront quelques peu changés. Pourquoi? Comment?
Déjà parce que Cederick Forsberg, artisan principal de ce projet, aura remplacé Joe Liszt (
Ancient Empire,
Hellhound,
Shadowkiller) au poste de chanteur. La voix de ce "nouveau venu" étant plus aigu et moins âpre, elle nous évoquera davantage les prestations de Kai Hansen plutôt que celle d'Hansi Kursch que nous inspirait son prédécesseur. Les plus audacieux iront même jusqu'à souffler le nom de
Michael Kiske concernant les vocaux de ce
Road to
Destruction. Et les plus hardis de renchérir avec celui de Tony Moore.
Et ensuite parce que si une certaine filiation avec la perfide
Albion reste d'actualité, et qu'on décèle quelques intonations américaines évidentes (
Riot période Thundersteel), dorénavant c'est essentiellement au cœur de cette Allemagne victorieuse et invincible que ces natifs de Sandviken auront eu l'idée de puiser leur inspiration. Indéniablement plus vifs que son prédécesseur, et délester de l'épaisseur particulière de ces riffs singulier, ce nouvel opus réveille, en effet, en nous les souvenirs de ces batailles triomphales remportées par de glorieux guerriers teutons dans leurs primes jeunesse (
Blind Guardian,
Helloween ou par exemple
Gamma Ray). D'aucuns pourraient donc ne pas apprécier.
Ils auraient cependant torts d'être aussi excessivement amer car cette vivacité nouvelle omniprésente, extrême pourrions-nous dire, ne sera pas déplaisante pour peu que vous goûtiez avec plaisir aux travaux des groupes précédemment cités. Mais aussi, et surtout, parce que Cederick Forsberg, l'âme fondatrice de ce groupe, n'aura rien perdu de cette formidable aptitude prompte à composer des refrains communicatifs épiques, des mélodies fédératrices et des passages, certes, convenus mais d'un Heavy Speed
Metal traditionnel d'une rare efficacité. Tant et si bien d'ailleurs que souvent ici l'auditeur se sentira portés par une irrémédiable envie de se lever et de braver l'ennemi imaginaire armé de cette vaillance propre aux irréductibles convaincus. Le somptueux et vif Darkheart que Rock'n'Rolf aurait été bien inspiré de composer, les prestes et admirables
The Road to Destruction, A Wave of Firestorms, With
Fire and
Swords aux propos enrichies par la présence de Janne Starck (
Overdrive,
Grand Design,
Locomotive Breath,
Mountain Of Power...),
The War of Steel Has Begun,
Guardians of the
Oath, le plus posé Firefall, aucune ombre ne viendra ternir un tableau extraordinaire.
Kingdom of Madness, une reprise de
Magnum issu de l'album du même nom, viendra clore cette démonstration. Bien évidemment, cette version ne viendra pas contraster l'ardeur ambiante de ce disque. Autant dire donc que son âpreté sera sans commune mesure avec celle de l'original parue en 1978.
Quelques mots encore sur cet artwork exceptionnel dans la plus pure continuité de ceux proposés depuis le superbe
Conquer.
Avant de conclure, insistons, une fois encore, sur la qualité des refrains de ce manifeste. Davantage encore que ceux des splendides
Night of the Living Steel ou, par exemple, Metalive du non moins splendide
Metal Strikes Back sorti en 2013, ils offrent à ce plaidoyer un charme fou.
En une approche, certes, différente de celle de son prédécesseur direct, ce
Road to
Destruction nous surprend. Pétri de qualité, il démontre avec brio le talent de cette formation et, surtout, de son leader Cederik Forsberg.
Accompagné de quelques autres redoutables guerriers, dont notamment les
Noble Beast,
Grave Digger et autres
Stormwarrior, pour ne citer que ceux-là,
Rocka Rollas parvient à nous redonner foi en ce traditionalisme si conspué par les ignorants et en ce Heavy Speed
Metal épique tant caricaturé par d'autres bien moins adroits.
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