Liste des groupes Heavy Metal Rocka Rollas Celtic Kings

Entre Road to Destruction sorti en 2014 et Pagan Ritual sorti, quant à lui, en 2015, on pouvait noter une différence suffisamment marquée pour pouvoir parler de progression et pour positivement s’émerveiller de l’excellence désormais atteinte par Rocka Rollas. Paradoxalement, alors que l’écart qui sépare ce nouvel opus, Celtic Kings, de Pagan Ritual est plus grand que celui qui séparait ce dernier de son prédécesseur, les améliorations ne sont pas aussi flagrantes. On vient même à se demander si parler d’améliorations est judicieux tant le groupe se contente de s’appuyer sur ses atouts les plus connus et de se complaire dans une expression, somme toute, assez semblable à celle qui était la sienne en 2014/2015. Ce qui, soyons honnêtes, le place d’emblée à un niveau que beaucoup aimeraient sinon atteindre tout au moins tutoyer. Cela étant, l’explication de cette stagnation, pour peu qu’on puisse parler de stagnation, est parfaitement normale puisque l’opus qui nous intéresse ici devait initialement sortir courant 2014 et que, donc, en toute logique, le matériel qui le compose aura été, en grande partie, écrit durant cette période. Difficile donc pour lui d’être dans la lignée de celui qui sortit après lui, ou du moins qui fut composé après lui. Mais je m’égare…

De manière assez évidente lorsqu’on connait les convictions de son auteur principal, Cédérick Forsberg, ce Celtic Kings est un condensé de ce Heavy Power Speed Metal issu de cette tradition Germanico-Américaine (Helloween, Gamma Ray, Blind Guardian, Running Wild…) qui, soit dit en passant, nous aura offert tant de belles choses. Mais il n’est pas que ça. Il est aussi l’ultime chapitre de cette aventure. La fin du voyage. Son épitaphe. 9 morceaux venant clore ce périple. Les raisons qui expliquent le choix consistant à mettre un terme à cette histoire sont, pour le moment, assez floues. Cependant, sans trop m’avancer, je crois qu’on peut dire qu’elles sont surtout liées, déjà, à la frénésie avec laquelle le leader charismatique de cette formation, multiplie ses participations à différents projets (Blazon Stone, Breitenhold, Cloven Altar, Starblind, Lector, Mortyr, Runelord…) sans, bien évidemment, être en mesure de pouvoir multiplier le temps et, donc, sans pouvoir, peut-être, se consacrer suffisamment à tous. Il tient aussi, peut-être, à l’incapacité du vocaliste/guitariste à stabiliser le line-up de son Rocka Rollas. N’oublions pas, également, ces difficultés aux chants, un poste qu’il aura dû endosser plus par nécessité que par envie et pour lequel, même si l’on sent aujourd’hui qu’il y prend beaucoup de plaisir avec son timbre très proche de celui du Kai Hansen de la grande époque ou de celui de Jason McMaster, la démarche n’a pas été évidente ou naturelle comme elle peut l’être, parfois, pour d’autres.

D’aucuns, dont moi, regretterons cette décision clamant avec ferveur et foi que Rocka Rollas est, sans aucun doute, le projet le plus qualitatif du musicien. Celui où il s’exprime le mieux. Celui où il est le plus inspiré, les autres n’étant que le reflet de cette créativité-là qui, entre nous, n’est pas inépuisable (surtout que, sans leurs faire injures, les divers autres projets dans lesquels le guitariste s’investit ne sont jamais que des déclinaisons plus ou moins heureuses de ce qu’il fait, ou plutôt faisait, déjà avec Rocka Rollas). Rocka Rollas c’est aussi le projet où il est le plus libre. Le plus accompli. Une réalité avec laquelle d’ailleurs Cédérick lui-même semble d’accord lorsqu’on lui demande d’expliquer cette décision mais qui ne pèse pas autant que celle plus concrète que lui offre l’exposition dont il jouit à la sortie d’un album, ou lors d’une tournée, de Blazon Stone alors que pour Rocka Rollas il n’a pas, ou si peu, de propositions ou de retombées. La musique a beau être d’abord une passion, elle impose parfois des choix plus concrets qui peuvent, aussi, être le résultat d’une réflexion guidée davantage par le bon sens que par la ferveur sentimentaliste et fanatique. Mais je m’égare encore…

Pour tout dire, la vérité crûe, douloureuse, celle que j’ai tant de mal à avouer, tient en quelques mots : ce disque est moins bon que son prédécesseur. Et son premier titre, The Price of Vengeance, fort de ses passages, parfois, un peu trop mélodiques, notamment les refrains, n’est sans doute pas ce que ce trio a composé de plus convaincant.

Bien sûr, et heureusement je dirais, l’oeuvre a d’autres qualités à faire valoir. From Blackened Skies, Last Day of Light et certains de ses méandres que l’on jurerait avoir déjà entendu sur quelques titres composés par Marcus Siepen et ses comparses, Fallen Gods, Mountains of the Dead, Celtik Kings, sur lequel on peut entendre la voix de Therese Thomsson (Disdained, Sadauk) ou encore le fougueux Riding Wild dont les relents nous évoquent immanquablement les travaux de Rock’n’Rolf sont, par exemple, d’excellents titres.

Quoi qu’il en soit, pour peu que vous ayez gouté à l’excellence des méfaits antérieurs du groupe, ce disque, bien que moins inspiré et efficace que ne l’était, par exemple, Pagan Ritual, reste un très bon disque. Particulièrement véloce mais suffisamment nuancé, rapide mais suffisamment varié, Cédérick Forsberg, accompagné de ses acolytes que sont Emil Westin-Skogh à la guitare et Rolvert Gunnarson à la basse et à la batterie, y fait preuve d’un talent que beaucoup, beaucoup, pourraient, à raison, lui envier.