Continuer à dresser ainsi de tels pamphlets dithyrambiques qui commencent, soyons francs, à ressembler à des déclarations d'amour inconditionnel pourrait finir par me faire passer pour un dangereux fanatique imbu de ce subjectivisme tant honni par ceux qui, soit dit en passant, n'ont rien compris à l'exercice de la chronique. Pourtant, croyez-le ou non, aucun mot de cet article n'est inconsidéré. Chacun d'entre eux a même été réfléchie avec un soin tout particulier afin de donner corps aux sentiments ressentis à l'écoute de ce
Pagan Ritual, nouvel effort des Suédois de
Rocka Rollas.
Pour commencer cette modeste analyse, disons qu'il y a dans ce disque toute la quintessence de ce Heavy Speed
Metal, notamment allemands, triomphant. Il y a ici le meilleur des
Blind Guardian, des
Gamma Ray, des
Grave Digger ou des
Helloween. Il y a le meilleur des
Manowar ou des
Riot, du temps où ce dernier pratiquait une musique vive et primaire. Il y a le formidable legs de ces années révolus. Il y a la simplicité que certains de ces illustres, évoqués plus haut, ne parviennent plus vraiment à trouver. La pertinence qu'ils cherchent indéfiniment. L'inspiration qu'ils ont égaré perdu en de vaines considérations. Il y a le traditionalisme servi par la modernité d'une redoutable production. Il y a la nuance de ces passages passionnants venant succéder à d'autres et apportant à l'ensemble une diversité redoutablement séduisante. Il y a le voyage. Il y a le parfum de ces terres tour à tour orientales ou celtiques, exotiques en tous les cas, matérialisé par de nombreuses touches subtils disséminés au gré de l'intelligence de composition de Cederik Forsberg. Il y a la mesure de ces touches grandiloquentes et épiques bâtissant un arrière plan en filigrane qui n'empiète jamais sur les ardeurs des propos les plus enflammés de cette formation. Il y a ces rebondissements bienvenus enrichissant admirablement chaque morceau.
Et il y a tant d'autre chose encore que les mots finissent par manquer...
Dans ce cas laissons place à la musique...
The Punic
War démarre sur un exercice de style, que n'auraient sans aucun doute pas renié Marcus Siepen et les siens, avant de nous proposer un déroulé plus classiquement Heavy Speed entrecoupé de breaks, dont notamment un aux allures asiates tout à fait remarquable, et de diverses séquences aux changements de rythme fort à propos. Gaulic Boare, peu ou prou construit sur le même schéma, est quant à lui, admirable. Tout comme l'excellent
Lost in the Enchanted
Forest aux refrains magnifiquement épiques et à la grandiloquence délicieuse mise, notamment, en exergue par le travail exceptionnel de
Sara Carlsson et de sa voix de diva. Quant au sublime
Pagan Ritual dont les prémices acoustiques nous évoquent lointainement un Quest for Tannelorn, avant qu'un riff ne vienne brusquement nous cueillir et mettre en place une mélodie dont certains passages nous rappellent subrepticement aux bons souvenirs d'un
Grave Digger, il est, lui aussi, magnifique. Avec The Swordsman Rides, on entre sur une terre brûlé nettement plus rugueuse. Dans cette chanson, particulièrement vives et âpre, les interventions vocales de Cederik, d'habitude plus encline à s'exprimer en des intonations proches de celles de Kaï Hansen, du moins du temps où ce dernier œuvrait au sein d'
Helloween, prennent ici quelques teintes qui ne sont pas sans nous rappeler celles dont use un certain Hansi Kursch.
Pour clore cet éloge, disons encore quelques mots sur l'illustration qui orne la pochette de cet opus. Elle revêt une aura mystique qui sied parfaitement à ce disque en nous donnant à voir un rite sacrificiel perpétré par un être au cœur d'une assemblée égaré dans une forêt étrange et inquiétante.
Assurément la promise, étendue nue sur l'autel, juste recouverte de quelques branchages, vit là ces derniers instants avant que les deux faucilles de son bourreau ne s'abattent. Le travail d'Alan Lathwell est ici, une fois encore, superbe et nous rappelle indéniablement certaines des œuvres du regretté Frank Frazetta.
Pas un seul instant de répit.
Pas un seul moment de faiblesse laissant une quelconque once d'ennui s'installer.
Pas une seule note superflue. Rien que le talent, l'efficacité et, n'ayons pas peur des mots, le génie de musiciens formidablement capables. En d'autres termes,
Pagan Ritual est un album à posséder absolument pour qui apprécie le genre.
Pour en revenir à Rocka Rollas, si je puis me permettre, je te conseille aussi très vivement de te pencher sur l'excellent The Road to Destruction où Cederik officie au chant. Après, Metal Strikes Back et l'EP Conquer sont aussi très bons mais c'est Joe Listz (qu'on peut entendre sur l'excellent premier disque d'Ancient Empire sorti l'année dernière) qui en est la voix. Tout comme sur The War of Steel Has Begun qui, pour moi, est le moins bon de cette discographie.
Sinon merci à tous pour vos commentaires avisés.
Si tu aimes ce genre de sorties, jette une oreille sur Breitenhold. C'est le même gars (Cederik Forsberg) qui mène les deux barques. Breitenhold c'est pas aussi réussi que Rocka Rollas mais ça reste du bon matos...
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