Deux ans auparavant,
Rammstein prenait de court l’ensemble de la scène metal avec la sortie d’un album éponyme alors que l’on était sans nouvelle de la formation durant une décennie. Pendant ce temps, Till en a profité pour initier son nouveau projet
Lindemann avec son ami Peter Tägtgren. Cette naissance aura valu deux disques. Le premier opus Skills In Pills semblait être plus une fantaisie qu’une réelle collaboration. En revanche, la second toile Frau & Mann verra les deux artistes dans une ébauche stupéfiante, excessivement sombre, certes perfectible mais qui suscitera un intérêt certain. On ne pourra malheureusement pas en dire autant de Richard Z. Kruspe et d’
Emigrate. Si l’éponyme fut une galette tout à fait plaisante, le guitariste s’est petit à petit perdu dans une aventure fade, dénué de surprises et d’une identité propre.
Sur
Silent So Long, le musicien a joué la carte des featuring et s’est plus intéressé à proposer des hits dans un rock industriel somme toute conventionnel qu’à développer sa liberté et son caractère.
A Million Degrees marqua quant à lui une volonté forte de la part du sextuor de s’éloigner du rock pour une pop électro aseptisée d’assez mauvais goût, voire stéréotypée. Au final, il est difficile de ne pas rester dubitatif et circonspect devant un groupe qui peine à convaincre depuis ses débuts, qui tente encore de se chercher après plus de quinze ans de carrière alors qu’en dehors de cette entreprise, son frontman est un artiste reconnu et talentueux. Afin peut-être d’effacer cette image de formation oubliable, nos musiciens publient en cette fin d’année une quatrième offrande du nom de
The Persistence of Memory.
Le sextuor a complètement aboli sa vision et son orientation pop-rock pour revenir à une musique plus directe et catchy. Malheureusement, une fois n’est pas coutume, les neuf compositions du nouvel opus n’auront que très peu d’atouts à faire valoir, notamment à cause de schémas conventionnels, linéaires, sans réelles imaginations. Certains titres, malgré leur simplicité, ne manqueront toutefois pas d’être d’une belle efficacité à l’image de Freeze My Mind qui offre un riffing sensuel et percutant ainsi qu’un solo de synthétiseur sans grandes prétentions. Il en va de même pour You Can’t Run Away qui affiche une certaine sérénité avec un refrain accrocheur et une ligne de basse résolument nostalgique. I
Will Let You Go souffrira certes d’un refrain plutôt médiocre mais son atmosphère mystérieuse suscitera la curiosité.
L’album s’enchaîne très rapidement et ne possède pas une immense durée de vie avec ses quelques trente-quatre minutes d’écoute. Notre sextuor ne montre même aucune gêne à réinterpréter ses propres travaux comme pour Hypothetical qui était présent sur
Silent So Long. Néanmoins, cette revisite s’affirme bien en-deçà de l’original avec une prestation vocale étouffée et peu énergétique par rapport à l’instrumental. Le featuring avec Till, le second après Let’s Go sur
A Million Degrees part d’une bonne intention avec une approche théâtrale qui mise sur la prestance. Mais le résultat est hasardeux avec deux performances vocales bien décevantes et insipides, surtout lorsque l’on sait les palettes des deux hommes. Il sera également judicieux d’omettre Come Over, fausse balade aux quelques couches d’autotune assez désagréable et fade.
Le constat est sans appel :
Emigrate fait du
Emigrate, toujours avec ses mêmes qualités et ses mêmes défauts.
The Persistence of Memory est loin d’être désagréable ou détestable mais on a toujours cette sensation amère d’avoir un album à la fois incomplet, déséquilibré et impersonnel. Même si le groupe sait produire de bons morceaux, il n’y a finalement pas grand-chose qui sort de la masse et qui nous ébloui concrètement. Bien sûr, si vous n’attendiez rien de spécial de la part du sextuor, vous n’aurez aucune raison d’être véritablement déçu de ce petit quatrième. Mais pour les autres, c’est encore une énième désillusion que nous prodigue M. Krupse et sa bande ainsi qu’un sentiment d’être pris parfois pour le premier des imbéciles, notamment avec une durée si courte et huit vrais nouveaux titres.
L'éponyme est clairement le meilleur album du groupe. Il y a toujours une ou deux pistes sympas sur les autres (Eat You Alive, 1234) mais dans l'ensemble c'est assez quelconque.
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