Déjà trois années séparent l’excellent «
Purgatory » et ce nouveau méfait des Canadiens de
Borealis, formation de
Power Mélodique qui a les moyens d'assurer la relève d’
Evergrey,
Kamelot ou encore
Blind Gardian. La sacro-sainte formule de l’Archidoxe Magique est respectée dans l’écriture, mêlant passages atmosphériques, technicité et surtout une certaine sincérité dans l’interprétation. Et cette sincérité ne s’est pas émoussée depuis le «
World of Silence », mature pour un premier album, sorti il y a déjà dix ans et ré-enregistré l’année dernière. L’évolution du groupe l’a menée loin dans sa quête, cultivant sa personnalité, peaufinant son
Metal racé et son « son », finalement très Européen. Voici autant d’armes pour conquérir les scènes l’internationales et confirmer son potentiel.
Et comme il existe souvent une Histoire derrière chaque œuvre marquante,
Borealis, pour la première fois, a innové, transcendant l’espace et le temps pour nous amener dans un monde dans lequel le culte sacrificiel campe une place importante. Le concept est probablement né du goût qu’a le Maître de Cérémonie, Matt Marinelli, pour les films d’horreur, mais l’aspect philosophique de ces pratiques pose une ambivalence intéressante guidera le songwritting sur les douze titres composant ce nouveau chapitre.
Au nom de quelle finitude sacrifie-t-on l’innocence ? Peut être pour mieux renaître… cette notion de renaissance semble être la pierre angulaire de l’inspiration de
Borealis et l’artwork, toujours aussi soigné, reste riche en éléments symboliques. Baignant dans l’obscurité, le culte sacrificiel ranime le feu sacré de cet arbre qui semble mourir… peut être une allégorie de l’
Arbre de Vie. Au-delà de l’Art pictural, voyons si
Borealis a su également se renouveler.
Ne cherchez pas dans ce «
The Offerings » de la diversité musicale : le groupe propose un
Power Metal Progressif de premier ordre et le joue avec intensité et constance, y mettant toutes ses tripes.
Après sa courte introduction, «
The Fire Between Us » montre un groupe qui semble un peu plus s’éloigner de la voix purement progressive pour un
Power symphonique ayant gardé toute sa rage. Les claviers qui font toujours partie intégrante de l’architecture de chaque album de nos canadiens, mais la couleur musique a évolué pour être encore plus compacte, agressive et sombre. Les arrangements au synthétiseur sont nombreux, sachant s’adapter au contexte, discrets dans les phases incisives pour aller à l’orchestration à la fois grandiose et poignante. Les rythmiques restent terriblement tranchantes et suffisamment raffinées pour être séduisantes, toujours fluides, elles n’abordent pas pour autant une complexité trop superficielle.
Le Songwritting est traditionnel, avec un soin particulier apporté aux refrains montrant une fois de plus l’attachement qu'a
Borealis pour ses pères spirituels. «
The Offering » dispose d’un mixage efficace, à la fois moderne et plus sombre, sachant apporter la luminosité au moment opportun, portée par des effets judicieusement utilisés.
Une personnalité forte pour des titres puissants et qualité d’écriture certaine, «
Sign Of
No Return » contient à la fois un contenu Heavy et surtout un solo tout aussi fabuleux que son songwritting. Le groupe sait également varier son
Power Metal en lui apportant des tournures plus épiques, comme dans «
The Offering » montrant qu’une musique au caractère bien trempé mais également une recherche musicale capable d'apporter une couleur particulière à chaque composition. «
The Awakening » sonne comme un clin d’œil au style du grand
Evergrey, abordant des riffs typiquement Heavy, sauce symphonique, interprétés magistralement montrant un groupe capable de trésors d’imagination … Encore une claque montrant que les membres de
Borealis savent soigner la mise en place de chacun de ses titres.
Un peu de sérénité permet de reposer un peu l’auditeur avant un nouvel assaut sonore, le groupe le fera avec des ballades mid-tempo. L’expressivité du violoncelle apportera un regain d’authenticité au poignant «
Devil’s
Hand », ou encore sur l’aérien « The
Path ». Tout deux sont interprétés avec ce qu'il faut de justesse pour éviter de sombrer dans le mélo, avec cette manière de faire désormais bien rodée et aisément reconnaissable. « Scarlet
Angel » est également une véritable réussite, avec son introduction glaciale et un chant toujours inspiré par Tom Englund avec un hymne en guise de refrain et des phases solo inspirées. La voix de Matt a su évoluer depuis "
Purgatory", usant de lignes bien plus travaillées qui compensent des lacunes techniques encore palpables. Il module beaucoup plus finement sa voix afin de donner encore plus de cohérence à l’ensemble.
Il n’est donc pas aisé de trouver un titre qui se détache foncièrement tant l’ensemble possède un très haut niveau d’inspiration, «
The River» se pose comme le titre le plus direct et représentatif de ce «
The Offering » : quel riff, quelle détermination… et le jeu rythmique faisant rappeler que le batteur Sean Dowell est loin d’être un manchot. L’album se finira en apothéose avec « the
Ghost Of Innocence » et ses orchestrations dignes d’un
Once de
Nightwish.
Comme on est jamais aussi bien servi que par soi même, c’est Sean Dowell qui s’est occupé du mastering, ne faisant pas de fausses notes sur le mixage et privilégiant, comme dit précédemment, un son beaucoup plus sombre par rapport aux précédentes réalisations, mais aussi plus équilibré.
Cette nouvelle production trouvera bien entendu ses détracteurs acharnés qui trouveront que l’album est trop calqué sur
Evergrey ou
Blind Gardian, un brin plus accessible ou que sais-je d’autre … mais il contient un contenu des plus sophistiqué, dynamique, technique et cette capacité à nous faire voyager. Même s’il a choisi de s’engager dans une voie assez conventionnelle,
Borealis est au sommet de son art, devenu l’un des piliers du style et digne successeur d’
Evergrey,
Nocturnal Rites ou encore
Blind Gardian, nous offrant, avec «
The Offering » un superbe contenu des plus captivants…
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