La carrière d'
Accuser est scindée en deux parties. La première présente un groupe de speed/thrash allemand plus ou moins technique apparu dans la seconde moitié des 80's (Who Dominates Who en point d'orgue, voire
Double Talk à un degré moindre) s'étant orienté vers le thrash groovy jusqu'en 1995, suivant au début des 90's la tendance du moment inspirée par des groupes comme
Sepultura ou
Pantera. Puis, la seconde dès le tout début des années 2010, avec un des membres historiques Frank Thoms (guitares, chant) qui prit les rênes du navire et proposa un thrash plutôt moderne, à la
Testament pour situer le propos général, dont notamment on retiendra le pêchu
Diabolic de 2013. Pour son 13ème album (si l'on compte le mini-album
Experimental Errors de 1988), le groupe Teuton enfonce le clou avec
The Mastery, disponible dès la fin janvier chez
Metal Blade, en CD et plusieurs formats LP, dont trois éditions limitées en vinyle uniquement disponibles auprès du label, en quelques dizaines d'exemplaires seulement (avis aux collectionneurs).
Si "Mission Missile", présenté en ouverture et en single vidéo laisse augurer d'un album rapide et dynamique, porté par une succession de plans groovy réussis,
Accuser ne néglige pas son héritage de la fin des 80's, début 90's avec rythmiques saccadées ("The Real World", "
Solace In
Sorrow", "
Ruthless") et caractéristiques du sens du rythme de Thoms, aidé par une section rythmique au poil tout au long des dix titres que composent
The Mastery. Les compositions deviennent ainsi (un peu) plus personnelles, massives et à l'impact rythmique certain. Les guitaristes font étalage de leur savoir-faire ("
Solace In
Sorrow") et
Accuser ne peut en aucun cas être traité de groupe revival old school avec un style qui n'est pas sans rappeler parfois le
No Return de Steeve Petit ("Time For
Silence" qui s'élève à partir de 4'00" après un début poussif) sans transcender le genre toutefois. Appliqués, proposant des compositions qui s'emballent souvent sur leur seconde moitié, les Allemands sortent le grand jeu sur les soli ("My
Skin", "
Ruthless") et plaquent leurs accords typiques avec sérieux, groove et énergie.
Sans doute moins porté par les accointances trop voyantes avec
Testament que sur
Dependent Domination ou
Diabolic,
Accuser ne s'éloigne pas trop de l'ombre du groupe d'Oakland aidé en cela par l'organe de Thoms, parfois proche de celui de Billy ("My
Skin" ou le rapide "
Catacombs" surtout). Les fans de
Soulfly ou du
Sepultura post-1992 aimeront également découvrir
Accuser avec ce disque ("Mourning"). Les refrains sont réussis, les riffs tapageurs ("Into the Black") et induisent un album plaisant à l'écoute, à défaut d'être réellement marquant. Restent quand même des relents
Slayer sur le final "
The Mastery", avec son petit riff typique des californiens (à 3'25") précédant un solo de toute beauté et un final punchy pour une conclusion en forme de plaquage net et sans bavure.
Le groupe allemand n'ayant pas vraiment remporté le succès escompté lors de sa première partie de carrière, faute à un style par trop suiveur, un peu à l'instar de nos
No Return nationaux (sans le côté death) à la même période, Assisterait-on à un revival 90's avec
The Mastery ? En tous cas le thrash groovy d'
Accuser possède les atouts nécessaires pour séduire les inconditionnels de cette vague à son apogée lors de cette décennie. Moins furieux que sur
Diabolic,
Accuser pose un album puissant et sans réelle faiblesse. Dépendant toutefois de l'intérêt du public pour un genre pas vraiment typique du revival thrash qui sévit depuis pas mal d'années, et sans avoir jamais été sous les feux des projecteurs dans les années 90,
Accuser sait probablement que son heure est passée mais délivre ici un album finalement fort appréciable et doté de titres percutants dans son contenu.
Ce skeud ne m'as pas l'air d'être fameux. Ça m'emballe pas pour l'instant. J'approfondirai tout de même. Mais je reste perplexe
ça me rappelle un peu Sepultura époque Arise, mélangé a du Exodus et une lichette de Thrash allemand....
pour moi bon album
Je m'attendais à un truc médiocre, mais il n'est pas si mal que ça cet album, c'est même une bonne surprise. J'aime beaucoup cette chronique bien écrite et bien argumentée mais je n'ai pas le même ressenti à l'écoute de ce "The Mastery". On est moins ici dans l'ambiance 90's et son groove metal qu'en écoutant "Agitation" de 2010 par exemple, ces 90's sont une période que je déteste et là je la ressens moins, même si on n'est effectivement pas encore vraiment dans le revival old school de l'album éponyme de 2020.
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