Lorsque l'on évoque le Techno-Thrash
Metal on pense d'abord aux américains de
Watchtower et aux allemands de
Mekong Delta.
Cependant d'autres groupes moins complexes se sont fait remarquer à la fin des années 80 en proposant un Thrash
Metal Technique, et parmi eux figurait
Accu§er.
Formé à Siegen (Allemagne),
Accu§er voit le jour en 1986 suite à la rencontre du guitariste Frank
Thorns (qui, en 1984, a enregistré l'album "Steelbreed" avec le groupe
Expect No Mercy) avec le guitariste-chanteur Eberhard Weyel et le batteur Volker Borchert (tous les deux membres de
Breaker, une formation qui, en 1985, a sorti l'album "
Dead Rider").
Rejoint par le bassiste Thomas Kircher (un ancien membre de
Breaker),
Accu§er enregistre peu après la démo "Speed
Metal".
Signé sur le label allemand Atom H (
Protector,
Rumble Militia), le quatuor redevenu trio après le départ de Thomas Kircher (obligeant Eberhard Weyel à lâcher la guitare pour la basse) sort en 1987 l'album "
The Conviction".
Bien que sur ce disque
Accu§er s'adonne à un Speed
Metal très en vogue en Allemagne à cette période (
Iron Angel,
Living Death,
Warrant), on décèle avec les morceaux "
Accuser" et "
The Conviction" l'envie du groupe d'évoluer vers un registre plus agressif et technique.
Un changement d'orientation que confirment en 1988 le EP "
Experimental Errors" et surtout en 1989 l'album "
Who Dominates Who ?", deux excellents disques sur lesquels
Accu§er abandonne le Speed
Metal pour exécuter un rapide Techno-Thrash
Metal.
Unanimement salué par critique, "
Who Dominates Who ?" permet au groupe d'obtenir un certain succès et d'être considéré comme l'une des meilleures formations de Techno-Thrash
Metal.
En 1990
Accu§er se sépare du guitariste René Schütz, le remplace par Milan Peschel, et entre en studio enregistrer "
Double Talk".
Si "
Who Dominates Who ?" avait reçu un très bon accueil, c'est dans l'indifférence quasi générale que sort "
Double Talk".
En effet en cette année 1991 le Death
Metal a définitivement supplanté le Thrash
Metal et hormis les leaders du genre qui continuent à vendre des disques et à donner de nombreux concerts, la majorité des groupes de Speed/Thrash
Metal, de Thrash
Metal, et de Techno-Thrash
Metal encore en activité jettent l'éponge les uns après les autres.
Doté d'une pochette où figure un inquiétant droïde qui a pris l'apparence de l'Oncle Sam (personnage symbolisant les Etats-Unis), l'album débute avec le morceau-titre "
Double Talk".
L'écoute de celui-ci laisse l'auditeur plutôt dubitatif !
Certes
Accu§er nous offre un Techno-Thrash
Metal de haute tenue, mais la fougue qui animait "
Who Dominates Who ?" semble avoir disparue.
Une réorientation due (en partie) à la volonté du groupe d'intégrer davantage de parties heavy dans ses compositions et que l'on retrouve sur les percutants "The Freeze" et "
Money", les deux morceaux suivants.
Avec "Flag Waver"
Accu§er va encore plus loin en interprétant un long (et complexe) titre de huit minutes durant lesquelles le batteur Volker Borchert multiplie les lourdes frappes, tandis que le bassiste-chanteur Eberhard Weyel (accompagné de Frank
Thorns) s'égosille en hurlant des paroles qui dénoncent l'hypocrisie de la société américaine.
Malgré cette relative baisse d'intensité les allemands n'ont pas complètement renoncé à battre des records de vitesse comme le prouve "
Why Me", un puissant morceau qui n'a rien à envier aux formidables "Who Pulls
The Fire ?" et "Symbol Of
Hate" de "
Who Dominates Who ?".
Passé l'interlude "Indistinct Articulation", c'est avec "Revolution" (un titre qui parle de la chute du Mur de Berlin) et "Alcowhore" qu'
Accu§er clôture "
Double Talk" (la version CD est agrémentée de "
Accuser", "
Sadistic Terror", et "
The Conviction", trois morceaux tirés de "
The Conviction" !) en délivrant à nouveau un Techno-Thrash
Metal mi-speed mi-heavy sur lequel les guitaristes Franck Thoms et Milan Peschel nous gratifient de superbes descentes manches.
Sorti à une période où le Thrash
Metal (et le Techno-Thrash
Metal) n'intéresse plus grand monde "
Double Talk" se vend peu, ce qui entraîne le départ d'Eberhard Weyel (on retrouvera le bassiste-chanteur au sein de Slack Suckers, un groupe qui enregistrera en 1992 une démo et participera en 1993 aux cotés, entre autres, de
Sacrosanct et
Torchure à "Stop
War Campaign", une compilation contre la guerre en Yougoslavie) et la fin de la collaboration avec le label Atom H (qui mettra la clé sous la porte en 1993).
En 1992
Accu§er, qui a réintégré le guitariste Renée Schütz (c'est désormais Frank
Thorns qui, en plus de la seconde guitare, assure le chant et Milan Peschel qui tient la basse), sort l'album "
Repent" (sur
Metal Machine Music).
Sur ce quatrième disque le groupe surprend ses fans en délaissant le Techno-Thrash
Metal pour interpréter un
Power/Thrash Groove
Metal très influencé par
Pantera et
Sepultura.
Un changement de style salvateur puisque celui-ci permet à
Accu§er de survivre jusqu'en 1996 (le groupe se reformera en 2002, se rebaptisera
Scartribe en 2004, et se renommera définitivement
Accu§er en 2008).
Clair que les retours de ce Double Talk, plus éclectique et du coup moins marquant que Who Dominates Who ?, a sans doute decevoir Thoms et ses compères. Le groupe a ensuite sorti d'autres albums orientés power à la Pantera, pas dégueu, mais bien éloignés de leur fan-base. Perso, j'aime bien Accuser, surtout leur album phare cité ci-dessus, mais aussi The Conviction, chouette petit album de speed/thrash allemand. La touche Testament des derniers albums en revanche, a trouvé son point d'orgue sur Diabolic, très puissant et efficace.
Perso, j'aime plutôt bien cet album, qui n'est pas avare en bons riffs, breaks intéressants et morceaux à la construction inventive. Il faut bien entendu passer sur l'anti-américanisme primaire des paroles – que reflète bien la pochette –, mais bon, quel groupe de Thrash ne faisait pas dans la contestation politico-sociale, fût-elle un poil basique, dans ces années-là ?
"The Conviction" et le EP "Experimental Errors" ne sont pas désagréables non plus, même si je les ai moins écoutés que celui-là ; quant à celui qui, dit-on, les domine tous, le culte "Who Dominates Who?", je confesse timidement ne toujours pas le connaître, mais je l'ai en stock et je sens que je vais profiter de ces heures confinées pour enfin lui faire les honneurs du déballage un jour prochain.
Merci pour la kro ! :)
Je l'avais acheté à sa sortie en K7, cet album. J'avais été pas mal déçu et il faut bien avouer qu'il avait du mal à soutenir la comparaison avec bon nombre de sortie de cette époque. Toutefois, je crois que je vais me le remettre dans les esgourdes car cette chronique m'en donne l'envie.
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