En apprenant la nouvelle de la reformation de
Darkness, et surtout la parution d'un nouvel album à venir (avant d'accueillir celui de
Poltergeist, là aussi des revenants, prévu fin octobre), le sang du thrasher qui a connu le groupe d'Essen entre 1987 et 1989 n'aura fait qu'un tour. Auteur d'un excellent premier disque (
Death Squad - 1987, vendu en son temps à 15.000 unités) et de sorties de moins en moins marquantes au fur et à mesure de sa première partie de carrière (le bon
Defenders of Justice précédant un Conclusion
And Revival anecdotique), le groupe a joué de malchance au cours de son éphémère existence : contrats signés à l'arrache, espoirs déçus et tournées annulées au dernier moment (avec
Kreator, puis
Wehrmacht, et enfin
Dark Angel, la vraie poisse). Ce n'est pas
Eure Erben, formé en 2004 sur les cendres du groupe qui aura fait oublier l'ambiance énervée et chaotique des deux premiers albums de
Darkness, espoir du thrash allemand au même titre qu'un
Necronomicon, par exemple.
Seul membre originel, Andreas "Lacky" Lakaw (batterie) a confié la pochette à Alexander von Wieding, totalement dans l'esprit des deux premiers disques avec des références évidentes qui amuseront forcément les observateurs. Bon point. L'écoute débute avec une introduction à la boîte à musique rappelant celle du premier disque, et le riff atomique de "The Tinkerbell Must
Die" (en écoute ci-dessous), digne d'une tronçonneuse, déboule sans crier gare, augurant d'un terrible premier morceau avec son "Fuck You All" jeté à la face du monde. On est rassuré sur l'état d'esprit général, totalement dans la lignée chaotique d'un
Darkness en forme. Ainsi, certains riffs, constituant le point fort du disque, sont réellement terribles (citons aussi le break fantastique de "Another Reich" à 2'20", le début façon scie sauteuse de "
Freedom On Parole", le riff de départ de "Gasoline Solution" et de "Dressed In
Red"). Ils satisferont sans souci le plus blasé des thrashers. Egalement, le batteur Lacky s'en donne à cœur joie, avec roulements de toms bienvenus ("Another Reich", le début de "L.A.W.") et des structures de morceaux non seulement faciles d'accès mais aussi d'une efficacité déconcertante. On retrouve le côté débridé à quelques reprises (le final "This
Bullet's For You", ou "Pay A Man" qui renvoie presque 30 ans en arrière) et l'aspect chaotique qui a fait la réputation du gang.
Néanmoins, et cela constitue le point le plus désagréable du disque, le recrutement dans l'escadron
Darkness de Lee au micro (rappelons la mort du chanteur
Oliver Fernickel, d'une crise cardiaque en 1998) ne s'avère pas des plus concluants. Sans aller dans l'erreur totale comme leurs compatriotes d'
Assassin sur leur dernière livraison, Lee est doté d'un timbre assez sourd et l'utilise de façon trop monocorde qui s'associe mal à la musique de
Darkness, là où une voix scandée ou hurlée aurait amené un vrai bénéfice en expressivité et en rage, beaucoup plus raccord avec le style pratiqué. Dommage, vraiment, d'autant que le bougre s'essaie sur "Welcome To
Pain" à quelques lignes plus modulées du meilleur effet. De plus, la production de Patrick W.
Engel, assez boueuse, ne met pas vraiment en valeur les instruments, noyant un peu le rendu final, qui aurait demandé sans doute plus de clarté et un son plus sec. Parmi les autres morceaux, qui tournent tous globalement autour des 4 minutes, l'éponyme mid-tempo traîne en longueur et ne convainc pas réellement, et quelques passages tendent à se répéter.
Malgré les deux bémols du chant et de la production, qui pourront être ou non rédhibitoires en fonction de l'auditeur (on s'y habitue au bout de quelques écoutes), mais à minima altérer l'appréciation finale, cela fait bigrement plaisir de revoir
Darkness. L'état d'esprit est là, et l'album, s'il ne se hisse que trop rarement à la hauteur d'un
Death Squad, fait tout de même bonne figure, en tous cas instrumentalement, avec des passages forts et une agressivité intacte, tout droit sortie d'un vortex temporel 1987-1988. Reste à travailler le chant à l'avenir et l'escadron de la Ruhr pourra être pleinement convaincant dans son thrash d'une rugosité allemande jusqu'au bout des cordes.
La prod' est en retrait par rapport à celles de leurs compatriotes allemands, moins rêche que sur un Death Squad. Le son de batterie me fait bien kiffer, tu sens carrément les variations de frappe à la batterie, particulièrement sur les roulements de caisse claire montant vers le bord ; certes ça n'a qu'un impact léger sur l'ensemble mais c'est le genre de petit détail très agréable!
Je trouve le chant particulièrement adéquat, pas mal de ressemblances avec Olli dans le rythme(point fort des premiers albums pour moi) et ce timbre un peu punk. Par contre il est vrai que sur le long il peut être redondant.
Grosse entame, un Another Reich jouissif puté, le cœur de l'album éclate à mort et la fin n'est pas en reste. L'éponyme est classique mais ce riff principal sonnant presque thrash/death donne envie de remuer du thrasher dans un gros pit et le refrain pue la classe!
Bref, merci encore LeMoustre, je ne remets bien sûr pas en cause ton jugement très juste sur les défauts de l'album! Vivement de le trouver en magasin ; cette intro sur Another Reich, terrible!!!
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