1986, année thrash. Un tremblement de terre retentit dans le monde entier du metal car c’est tout à fait à ce moment précis, dans cet état d’esprit et cette orientation musicale que le metal de la fougue atteint son apogée avec la sortie des cultissimes albums des géants du genre, pour ne citer que Reign in
Blood ou Pleasure to
Kill. On y est, c’est cette année que les plus grandes pages de l’histoire du thrash metal sont écrites et que les deux réservoirs principaux à groupes, à savoir les USA et l’Allemagne, voient une flopée de groupes emboiter le pas de
Kreator,
Destruction,
Dark Angel ou
Anthrax.
1987, année de succession. Un an déjà que les monstres du genre ont écrasé le petit monde du metal à grands coups de riffs et de soli acérés! C’est cette année là que l’on voit émerger ce que l’on peut appeler des seconds couteaux. Par ce terme, on tend généralement à désigner les groupes qui sont arrivés après et qui, indépendamment de leurs qualités musicales, ne recevront que très peu de reconnaissance en regard de celle amassée par leurs maîtres à penser. En effet, le meilleur ayant déjà presque été entièrement dit, ces groupes ne remploient qu’une recette déjà éprouvée et par la même occasion perdent une partie de l’intérêt qu’ils pouvaient susciter. C’est le cas en Allemagne pour une flopée de très bons groupes comme
Assassin,
Violent Force,
Poison et donc
Darkness.
Formé en 84 autour du batteur Lacky (seul membre d’origine à avoir subsisté dans le groupe jusqu’à son split en 2007), de la paire Damager/
Skull aux guitares et d’
Agony à la basse, ce groupe de Rhénanie du Nord va connaître des changements de line up continus condamnant toute sortie d’album avant ce
Death Squad. Le line up se stabilise entre 86 et 87 avec une très belle combinaison entre Pierre et Arnd aux guitares, Raper au jeu intelligible à la basse et Olli qui succède très efficacement à Lacky aux vocaux, ce dernier ne se concentrant plus que sur ses parties robustes de batterie. L’album est donc enregistré début 87 et sort dans le courant de l’année sur le label Tales of Thrash.
Débutant sur une superbe intro dans la pure culture thrash de l’époque, non sans rappeler Choir of the Damned de leurs voisins de
Kreator avec ce paradoxe touchant entre mélodie saisissante et atmosphère poisseuse et morbide, l’album se déchaîne dès les premières secondes de la puissante Critical Treshold. On est en plein dedans, dans le thrash. Batterie déchaînée supportée par une basse grondante, formant une section rythmique pour le moins puissante, guitares acérées au riffing tranchant avec cette teinte heavy/speed qui colore le tout d’une insouciance et d’une fougue incroyables. Les vocaux de Olli à la voix très caractéristique suivent l’école thrash allemande avec sa rage et sa diction spécifique et confèrent de l’agressivité aux compositions énervées du groupe. La vitesse ne décroît que très rarement sur les morceaux suivant; l’éponyme brûlant très réussi balançant 3minutes de frénésie, le furieux Staatsfeind au refrain écrasant… S’en suit un instrumental maladroitement placé mais recelant de très bon passages tout de même. Ici pas de technique à outrance, ces gars sont pas des tanches et ils n’en font pas trois tonnes: le riffing est bas du front mais est bien méchant (Phatasmagoria) et comporte des passages pas faciles à jouer, les soli sont efficaces même si trop emprunts de la marque des solistes de renom de l’époque, manquant ainsi parfois d’une saveur plus personnelle. C’est que passer après des Mustaine, Petrozza ou autres Hanneman n’est pas chose aisée. En ce sens l’instrumentale présentée précédemment a la qualité de nous livrer un réservoir de solos, personnels et de bonne qualité, très intéressant.
Et c’est reparti, l’album s’enchaîne sur un duo de brûlots et donne ainsi un coup de boutoir à l’auditeur. On retrouve la puissance et le tranchant des premiers morceaux et l’attention se retient sur l’incroyable férocité des compositions avec cette mise en place robuste, ce batteur solide avec cette basse grasse et lourde et ces guitares au son incisif et aux riffs affutés. Le morceau
Iron Forces est en effet impressionnant avec son début implacable qui ravira tout thrasher et l’incroyable force de sa construction. Ce dernier reste donc un des meilleurs morceaux livrés par
Darkness avec le suivant,
Burial At See ralentissant pour une des premières fois le rythme effréné de l’album dans sa semi ballade aux acoustiques saisissants et au riffing mid tempo travaillé. Il y a de quoi ravir un thrasher dans cet album, suffit-il que ce dernier ait envie de se faire savater pendant 36 minutes sans se prendre la tête avec le manque d’originalité apparent quand on compare
Death Squad à ses ainés.
1989, année de fin. Après deux albums bons dans l’ensemble mais n’égalant pas
Death Squad, le chanteur Olli meurt et le groupe s’effondre peu à peu, survivant péniblement jusqu’en 2007 à des changements de line-up incessants en ne livrant qu’un live peu réussi. A l’occasion de la fin du groupe, certains membres s’en iront former
Eure Erben.
Voici donc un témoignage d’une époque.
Death Squad est une relique de l’époque bénie du thrash et passionne donc par la désinvolture, la fougue et la jeunesse qu’il dégage. Aux cotés d’
Assassin ou encore
Violent Force,
Darkness livre en 87 un bon album de thrash dans les règles de l’art qui plaira si on prend le temps de s’y attarder.
Darkness et les seconds couteaux du thrash allemand auraient gagné à être plus reconnus, mais c’était sans compter sur la sortie du monstrueux
Persecution Mania d’un certain Sodom…
Cet album est clairement leur meilleur, le plus agressif aussi, typiquement allemand (l'accent aussi). Il a d'ailleurs été réédité par BattleCry records en 2005 avec, en substance, les explications dans le livret résumées par Fabien.
A l'instar d'Erosion, Living Death, Vectom ou Vendetta, ce groupe fait partie de l'histoire du thrash metal teuton.
A (re)découvrir !
"Tarsmann of Chor" est excellent, LE titre de la galette que je trouve le meilleur.
A noter que la réédition 2005 de Battle Cry records propose les titres de la démo de 85 "The Evil Curse" ainsi qu'une cover du "Living after midnight" de Priest.
Une découverte tardive mais bien agréable.
Le morceau "Death Squad" a été repris par Impiety sur son album "Formidonis Nex Cultus" (2007).
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