The Farthest Shore

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16/20
Nom du groupe AfterTime
Nom de l'album The Farthest Shore
Type Album
Date de parution 25 Septembre 2020
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album5

Tracklist

1.
 Battle of the Sea
Ecouter08:50
2.
 Edge of the Earth (ft. Stephen Decker)
Ecouter04:08
3.
 World We've Lost
Ecouter04:33
4.
 Nimata Moíraís (ft. Angel Wolf-Black)
Ecouter05:06
5.
 Planetary Eyes
Ecouter04:41
6.
 Sanctuary
Ecouter04:51
7.
 Dare to Roam
Ecouter03:43
8.
 A Journey Itself
Ecouter05:09
9.
 Survive the Storm
Ecouter04:49
10.
 The Aftermath (ft. Melissa Ferlaak)
Ecouter04:01
11.
 No Turning Back
Ecouter05:06
12.
 The Farthest Shore (I. A New Haven II. Crimson Sky III. Theater of Earth)
Ecouter13:30

Durée totale : 01:08:27

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AfterTime



Chronique @ ericb4

23 Octobre 2020

Première gemme catapultée par la formation étasunienne...

Prudence est mère de sûreté, dit-on... Un adage suivi à la lettre par l'expérimenté combo étasunien originaire de Rochester, dans le Minnesota, et qui, jusqu'alors, aurait porté ses fruits ! Cofondé en 2011 par les guitaristes Brad Sturgis et Chris Radke, le groupe ne réalisera son introductif EP « The Fall of Light » que cinq ans plus tard, une engageante auto-production à laquelle succédera en 2017 un second propos de même acabit dénommé « World We've Lost », une rondelle dans un mouchoir de poche mais d'une efficacité redoutable. Fort de ce substantiel background, porté par un vent d'inspiration renouvelé mais sans pour autant chercher à précipiter les événements, le collectif nord-américain reviendra dans les rangs quelque trois années plus tard avec, cette fois, un premier album full length sous le bras, répondant au nom de « The Farthest Shore » ; une auto-production de 12 titres sereinement enchaînés sur un ruban auditif de pas moins de 68 minutes. Signal fort serait ainsi lancé aux Beyond The Black, Elvellon, Metalwings et autres Walk In Darkness...

Conformément à leurs aspirations stylistiques d'hier et d'aujourd'hui, c'est dans un registre metal mélodico-symphonique cinématique et progressif qu'évolue dorénavant la troupe, et ce dans le sillage atmosphérique de Nightwish, Epica, Xandria, Amberian Dawn, Dark Sarah, Within Temptation, Ex Libris et consorts. Dans ce dessein, le line-up a subi un remaniement partiel qui, précisément, en a redéfini le contenu. Aussi, après le départ du bassiste Malachi Arndt, le quintet originel se voit-il mué en quartet, nos deux maîtres d'oeuvre requérant une nouvelle fois les talents de la frontwoman Sarah Wolf et du batteur AJ Blakesley à l'exclusion de tout autre protagoniste. Afin de conférer davantage d'emphase, de saveur et d'élégance à leur propos, nos compères sont loin d'avoir vécu ce long laps de temps durant en vase clos...

Pour l'occasion, ont été sollicités des invités de renom, dont les chanteuses au magnétique grain de voix : Melissa Ferlaak (Plague Of Stars, ex-Aesma Daeva, ex-Echoterra, ex-Visions Of Atlantis) et Angel Wolf-Black (Seduce The Heaven, ex-Bare Infinity, ex-Fallen Arise, ex-Fallen Arise (live)). Pour renforcer d'un cran supplémentaire son corps oratoire, le combo a fait appel au MPLS imPulse Choir. Sans omettre le fin toucher du guitariste Stephen Decker ni les saisissantes orchestrations signées Lukas Knöbl, guitariste et producteur du groupe power mélodique gothique autrichien Illuminata, connu pour avoir assuré les arrangements instrumentaux d'albums de Serenity, Dragony, Serious Black et d' AfterTime, à l'image de « World We've Lost ». Une belle brochette d'artistes, apportant chacun sa patte experte à ce copieux et inspiré set de compositions.

Autre élément qui ne saurait être éludé, et non des moindres : un soin tout particulier apporté par le groupe à sa production d'ensemble. A commencer par un fin mixage de la galette, dispensé par l'émérite claviériste néerlandais Joost van den Broek (Star One, ex-After Forever, ex-The Gentle Storm (live)...), également connu pour s'être chargé de la logistique d'albums d' Epica, Ex Libris, Mayan, Nemesea, Stream Of Passion, Xandria, et bien d'autres encore. En outre, bien peu de sonorités résiduelles viennent ternir le message musical de leur empreinte, ce dernier bénéficiant par ailleurs d'une belle profondeur de champ acoustique. Une optimale mise en son qui ne va pas sans s'accompagner d'une seyante mise en image. Aussi, l'artwork a-t-il été confié à l'habile doigté et à la riche palette graphique d'un certain Jan Yrlund, guitariste/claviériste (Imperia, ex-Ancient Rites...), célèbre designer finlandais et fondateur du Darkgrove Design, investi auprès d' Amberian Dawn, Coronatus, Dark Sarah, Imperia, Pyramaze, Sirenia, entre autres grandes signatures du genre. C'est dire que nos acolytes auraient dores et déjà mis les petits plats dans les grands...

Contrairement à nombre de leurs pairs, d'amples fresques estampées metal symphonico-progressif et du meilleur effet ouvrent et ferment le bal. C'est sans ambages que nos valeureux gladiateurs parviennent alors à nous faire plier l'échine. Aussi, les hostilités démarrent-elles sur des chapeaux de roue à l'aune de « Battle of the Sea », épique, romanesque et intrigante offrande aux effets de contraste rythmique et atmosphérique bien marqués et gratifiée d'arrangements orchestraux aux petits oignons. Dans ce vaste champ de turbulences évoluent les graciles inflexions de la sirène que vient escorter une imposante chorale. Ce faisant, l'orgiaque et altier effort aux faux airs d'un Epica des premiers émois déverse ses 8:50 minutes d'un spectacle palpitant, un brin chevaleresque, se plaisant à multiplier ses coups de théâtre comme pour mieux nous retenir. Mais c'est à la lumière du dantesque et ''nightwishien'' « The Farthest Shore » que le groupe serait au faîte de son art. Aussi, au fil de ses quelque 13:30 minutes d'une traversée en eaux tantôt houleuses, tantôt paisibles, cette pièce en trois actes – l'entraînant et tumultueux ''A New Haven'' précédant le bref et caressant ''Crimson Sky'', lui-même suivi de l'ample, fulgurant et opératique ''Theater of Earth'' – , mise à l'honneur par les troublantes insertions en voix de tête de la frontwoman, qui s'ingénie à nous bringuebaler pour mieux nous faire plier l'échine. Sans doute le masterpiece de la galette.

Mais la formation nord-américaine a encore bien d'autres cordes à son arc, à commencer par ses passages les plus éruptifs, dont quelques gemmes essaimées sur notre parcours. Aussi ne pourra-t-on que malaisément esquiver l'entêtant refrain exhalant des entrailles du pulsionnel et ''delainien'' « Edge of the Earth ». Mis en habits de lumière par les fluides oscillations de la déesse que suit à la trace son enveloppante garde rapprochée, surmonté d'un léger tapping et agrémenté du fin legato signé Stephen Decker, l'engageant propos joue dans la catégorie des hits en puissance, que l'on ne quittera qu'à regret. Bien difficile également de se soustraire à l'emprise du tubesque et ''xandrien'' single « World We've Lost », véritable ogive aux riffs épais doublés d'une rythmique éminemment rageuse, recelant des enchaînements intra piste ultra sécurisés et voguant sur une enchanteresse sente mélodique. Plus échevelant encore et non moins inscriptible dans les charts, dans l'ombre d'un Within Temptation dernière cuvée se glisse « Planetary Eyes » ; invitant up tempo aux relents power symphonique qui, d'un battement de cils, imposera aussi bien ses rayonnants arpèges d'accords, sa basse invariablement vrombissante, son crépitant tapping et ses délicates gammes au piano.

Si le message musical se dompte parfois plus difficilement, il n'en révèle pas moins de sémillantes séquences d'accords, celles qui, précisément, ont ce don de vous aspirer sans avoir à forcer le trait. Ce qu'atteste, en premier lieu, le ''nightwishien'' mid/up tempo syncopé « Dare to Roam », saisissante livraison symphonico-cinématique aux riffs crochetés et aux insoupçonnées mais grisantes variations atmosphériques. Doté d'une complexe technicité instrumentale tout en sauvegardant sa cohérence structurelle, allant jusqu'à emprunter quelques chemins de traverse sans pour autant y perdre de sa superbe mélodique, l'énigmatique propos ne saurait nous égarer bien longtemps de notre chemin. Plus encore, il nous assigne à résidence, un peu malgré nous. Chapeau bas. On ne pourra pas davantage ignorer « Survive the Storm », galvanisant up tempo power mélodico-symphonique au carrefour entre Within Temptation et Epica. Arc-boutée sur une tonique rythmique et de fougueuses attaques percussives, livrant des couplets bien customisés relayés chacun d'un refrain catchy, cette magmatique offrande laisse également entrevoir les sensuelles patines de la belle auxquelles répondent en écho les grunts ombrageux de Brad Sturgis.

Le groupe a, par ailleurs, misé ses espoirs de l'emporter par l'octroi de duos féminins, souvent requis par l'amateur du genre, mais encore peu exploité par ses homologues générationnels. Bien lui en a pris... D'une part, c'est à l'unisson qu'évoluent les angéliques volutes de la belle et celles d' Angel Wolf-Black sur le frondeur et efficace « Nimata Moíraís ». Un charismatique duo auquel s'agrègent à la fois les growls caverneux de leur comparse et une muraille de choeurs que rien ni personne ne songerait à enrayer la progression. Et la sauce prend sans tarder... D'autre part, à l'instar du fringant mid tempo cinématico-progressif « The Aftermath », on ne pourra guère plus résister à l'appel de deux sirènes en parfaite osmose, le cristallin grain de voix de la belle trouvant ici son pendant dans les hypnotiques envolées lyriques de la mezzo-soprano Melissa Ferlaak. Un luxuriant et prégnant paysage de notes empreint de rares mais opportunes montées en régime du dispositif instrumental, qui n'est pas sans renvoyer à l'opératique univers de Dark Sarah, la touche personnelle en prime.

Quand la cadence se fait un poil plus mesurée, nos compères trouvent là encore les clés pour se saisir de nos émotions. Ainsi, à mi-chemin entre Epica et Leaves' Eyes, « A Journey Itself » se pose tel un frissonnant mid tempo folk symphonique aux riffs roulants, où s'insèrent de captatrices modulations échappées d'une flûte gracile ainsi qu'un fin picking à la guitare acoustique. Pourvu d'un infiltrant cheminement d'harmoniques, inscrivant un refrain immersif à souhait dans sa trame et mis en exergue par les limpides oscillations de la princesse, l'envoûtant méfait ne se lâchera pas sans éprouver de tenaces regrets. Dans une même énergie, on retiendra encore le violoneux et ''delainien'' mid tempo symphonico-cinématique « No Turning Back » au regard de ses corpulents et cycliques roulements de tambour, ses oscillantes rampes synthétiques et grisantes variations atmosphériques. S'y exprime une imposante et aspirante orchestration samplée où vient se greffer la chatoyante empreinte vocale d'une interprète que l'on croirait alors touchée par la grâce.

Enfin, que l'aficionado de moments tamisés se rassure, il n'aura pas été laissé pour compte, tant s'en faut, nos belligérants se muant à leurs heures en véritables bourreaux des cœurs en bataille. Ce qu'illustre « Sanctuary », aérienne et émouvante ballade dans la lignée d'un Amberian seconde période. C'est au cœur d'un ensorcelant et violoneux low/mid tempo progressif que nous mènent alors nos tortionnaires. Glissant le long d'une radieuse rivière mélodique qu'empreinte une maîtresse de cérémonie bien habitée et au magnétique filet de voix, cette troublante ritournelle fera voler en éclat toute tentative de résistance à son assimilation.

A l'aune de cette œuvre de la démesure, le combo étasunien confirme le potentiel technique et esthétique pressenti, nous conviant dès lors à un parcours aussi haletant qu'enivrant, où l'émotion bien souvent vient nous étreindre. A la fois diversifié sur les plans stylistique, atmosphérique, rythmique et vocal, le propos se dote en prime d'une ingénierie du son rutilante, d'arrangements de fort bonne facture, et d'un petit supplément d'âme le rendant d'autant plus attachant. Si les prises de risques peinent encore à se voir inscrites au cahier des charges et s'il ne s'affranchit que rarement des codes du genre et de l'empreinte de ses maîtres inspirateurs, le collectif est loin d'être dépourvu de solides arguments pour assurer sa défense. En effet, l'exercice d'ensemble s'avère bien rôdé, les mélodies finement esquissées, la cohésion instrumentale et vocale difficile à prendre en défaut, et les zones de remplissage et autres bémols seraient aux abonnés absents. Aussi, eu égard à cette sémillante livraison, la formation nord-américaine aurait les cartes en main pour espérer s'imposer parmi les valeurs montantes de l'exigeant registre metal symphonique à chant féminin. Wait and see...

Note : 16,5/20

2 Commentaires

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Groaw - 24 Octobre 2020:

Merci beaucoup pour cette chronique croustillante et pour cette découverte.

Je ne vais pas y aller par quatre chemins : les groupes de metal symphonique qui présentent une vocaliste en leur line-up ne m'enchantent généralement pas trop, hormis quelques exceptions pour lesquelles je suis vraiment subjugé. Peut-être est-ce parce que je suis beaucoup plus habitué à des chants masculins growlés, assez moroses et dévastateurs, surtout depuis quelques années.

A vrai dire, c'est cette pochette qui m'a beaucoup intrigué. Pour le coup, je ne trouve qu'elle ne fait pas du tout metal symphonique mais plutôt pirate metal ou folk. J'ai voulu écouter le titre qui accompagnait ton formidable papier. Et bien je pense très sincèrement que c'est le style de symphonique qui me convient parfaitement. Je constate beaucoup d'efforts dans le travail orchestral qui nous fait naviguer sur les flots et il y a un certain aspect progressif qui se dégage et pour lequel je ne reste pas du tout indifférent. Dans son ensemble, même si je ne connais pas super bien la formation, j'ai l'impression d'écouter du Nightwish. D'ailleurs, côté chant, je trouve ça nettement plus agréable d'avoir une voix douce, pure et gracieuse plutôt qu'un chant un peu forcée, assez déséquilibrée et finalement sans véritable sens. Pour moi, ça fait une sacrée différence par rapport à d'autres groupes parfois connus, où j'ai du mal à me retrouver.

J'essayerai d'écouter l'opus entièrement avant de revenir ici ^^

ericb4 - 24 Octobre 2020:

Merci pour les pertinentes observations que ton commentaire révèle et pour le compliment. Cela fait déjà quelques temps que je suis l'évolution du groupe, et cet album, d'ailleurs très bien produit, ne fait que confirmer le potentiel pressenti lors des précédents opus. Assez créatif, techniquement au point, fin mélodiste, avec, dans ses rangs, une chanteuse au délicat grain de voix et qui a bien progressé au fil du temps, octroyant de multiples et infiltrants harmoniques, le combo pourrait bien finir par faire de l'ombre à ses nombreux homologues, et peut-être un jour aux cadors du genre. Bonne(s) écoute(s), alors!...

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