Liste des groupes Death Metal Skeletal Remains The Entombment of Chaos

Avec un album tous les 3 ans depuis son éclosion, Skeletal Remains avait su convaincre et proposer un troisième album marquant de nets progrès en regard de ces deux premiers disques, certes éminemment sympathiques, mais un peu trop scolaires et attachés aux référentiels deux premiers albums de Death, voire aux débuts deathmetal de Pestilence. Devouring Mortality, en plus d'un punch décuplé, voyait des accointances Asphyx bienvenues parsemer ses sillons. Deux ans après, The Emtombment of Chaos voit le jour chez Century Media, fort du travail visuel de Dan Seagrave, reconnaissable entre mille.

Les 48 minutes de l'album reprennent peu ou prou là où nous avait laissé l'album précédent. Avec cette fois-ci une reprise bien sympathique de feu Disincarnate (éphémère formation connue pour avoir comporté James Murphy dans ses rangs) en queue de disque, l'album assène ses rafales de deathmetal boostés par les martèlements et les roulements de toms du batteur Noah Young ("Synthetic Impulse"), et portées par les vociférations toujours menaçantes de Chris Monroy (qui rappellent toujours l'éminent Martin Van Drunen). Les soli de Monroy et Mike De La O sont encore une fois fort bien troussés ("Torturous Ways To Obliteration", "Eternal Hatred", ou l'efficace "Congregation of Flesh" - en écoute ci-dessous - qui reprennent la qualité de Devouring Mortality) et on ne peut reprocher la qualité intrinsèque des titres dans leur globalité ("Torturous Ways to Obliteration"), tant les thèmes et marqueurs reprennent ce qui a bien marché sur l'album précédent. Il faut d'ailleurs entendre le break au milieu de "Synthetic Impulse" relancer la machine avec conviction (même si on aurait aimé plus de moments de ce genre) pour s'en convaincre, rangeant directement ce nouveau Skeletal Remains dans la case des albums d'une efficacité indéniable.

Malgré cela, et toute la conviction déployée sur leurs titres phares notamment, surtout placés en seconde partie d'album, il va être délicat de renouveler les félicitations tant les progrès perçus précédemment sont ici au mieux une confirmation du talent présent, mais plus justement un certain sentiment de redondance, voire de satisfecit car, noyés un brin dans un son gonflé aux hormones, les riffs restent sous exploités, voire parfois sacrifiés sur l'autel de la batterie et d'un organe vocal prenant beaucoup de place. Notons un fade-out incongru à la fin de "Tomb of Chaos" laissant la place à l'aération instrumentale "Eshrined In Agony" qui clôt une première partie d'album efficace mais un peu convenue, limite en pilotage contrôlé. Heureusement, "Dissectasy" et surtout l'implacable "Eternal Hatred", chacun dans leur style, agrémentent quelque peu cette sauce Californienne un peu redondante, avec force blasts pour l'un et un thème rampant bienvenu pour l'autre. Ces deux titres représentent un peu les deux facettes de la formation, à la manière de l'alternance proposée par Asphyx sur ces dernières œuvres, même si on regrettera la sous-exploitation de tempi écrasants cette fois-ci.

Difficile de ne pas ressentir un arrêt dans la progression de Skeletal Remains. Nonobstant les meilleurs titres plutôt parqués en seconde partie d'album, The Entombment of Chaos remplit certes le cahier des charges que le fan de deathmetal est en droit d'attendre, sans pour autant marquer les esprits sur l'ensemble des titres de l'album, en tout cas moins que sur l'album précédent. Faute à un séquencement un peu maladroit, et doté d'un son qui aurait pu donner plus d'attaque aux riffing, souvent noyé dans le mix quand les chevaux s'emballent, et avec encore quelques réminiscences made in Death (flagrant sur le début de "Unfurling the Casket") on pourra ressentir un frein dans l'ascension du groupe, malgré une poignée de titres convaincants et un savoir-faire inattaquable.