L’art de chroniquer, si l’on peut dire ça comme ça, n’est vraiment pas une chose facile. Comment ne pas tomber dans la facilité ou dans le paradoxe ? Comment garder l’esprit ouvert pour ne pas se tromper du tout au tout ? Quand on commence, à force d’écoute, à vraiment connaître un genre musical donné, l’analyse devient tout de même de plus en plus aisée, sans jamais pour autant tomber dans la facilité. Mais quand vient à vos oreilles un groupe comme
Crossfaith, toute vos connaissance musicale se retrouvent balayées, et la tâche du chroniqueur devient encore plus ardue qu’à l’accoutumée.
Si le premier album du quintet japonais avait le mérite de poser les bases d’un genre nouveau, et de prouver à tout le monde qu’il était possible avec suffisamment de talent et de culot de mélanger adroitement Metalcore et Electro; le premier EP du groupe,
Zion, les a fait entrer dans une nouvelle dimension, les plaçant (très) loin devant les autres groupes du genre tels qu’
Asking Alexandria ou
Skip The Foreplay. Mais quand est-il de leur deuxième album,
The Dream, the Space ?
Là où un groupe comme
Enter Shikari mettra toute son énergie et sa folie en action pour vous ouvrir les yeux sur la réalité du monde qui vous entoure, un groupe comme
Crossfaith va quant à lui vous offrir de fuir cette réalité. En effet,
Crossfaith, c’est avant un groupe avec une identité forte, un groupe ayant son propre monde à lui, dans lequel il ne demande qu’à vous emmener pour peu que vous daigner lui tendre une oreille. Le voyage commence même avant l’écoute du CD, avec un simple regard sur le superbe artwork de la pochette, de quoi vous donner un avant-goût de ce qui vous attend. Attachez vos ceinture, trois deux, un, décollage !
Après une courte intro, l’album démarre très fort avec « Chaos Attractor ». Le groupe déroule ce qu’il sait faire, proposant une multitude de riffs agressifs superposés à un synthétiseur aux saveurs électros des plus appréciables. Les variations vocales de Kenta Koie dominent la mélodie, ce dernier montrant de réels progrès par rapports au précédent EP, alternant maintenant un scream maîtrisé avec quelques passages clair ainsi que quelques excursions dans les growls typés death’. Côté rythmique, le batteur se fait toujours autant plaisir, son jeu couvrant à la perfection les variations stylistiques de ses quatre compères. Il livre d’ailleurs sa partition la plus aboutie dans la troisième piste, « Stars Faded in
Slow Motion », assurément l’un des meilleurs titres du groupe, à travers lequel de scintillantes notes électroniques, d’inspiration davantage
Trance que Dance cette fois, subliment le morceau de par leur résonnance cristalline au point de vous hypnotiser durant les breaks instrumentaux. Sans même vous en rendre compte, vous voilà en train de voyager, headbangant tranquillement les yeux fermés.
Le plus fou, c’est que l’album entier est du même acabit. Même si certaines pistes s’avèrent être moins complexes que les autres dans leur composition (« Promise », «
Demise and
Kiss », «
Snake Code »), elles n’en restent pas moins bonnes, ayant un côté électro’ moins marqué, s’adonnant donc à un metal beaucoup plus brut, ce qui pourra en ravir certains. Fidèle à lui-même, le quintet d’Osaka lâche tout de même quelques passages furieusement techniques, comme durant la mélodieuse « Crystal
Echoes Back to Our
Tragedy » ; tout en vous mettant au passage d’énormes claques à l’images des deux premières vraies pistes de l’opus ou encore de la cinquième piste éponyme ; mais aussi quelques interludes exclusivement électros (« Panorama » et «
Nostalgia ») constituant les indispensables moments vous permettant de reprendre votre souffle et de vous remettre en douceur des claques que le groupe vous a asséné jusqu’alors. La dernière piste de l’album,
Omen, reprise de la chanson de The Prodigy, laisse même entrevoir que les premiers pas du Dubstep dans les compositions du groupe, pour une reprise parfaitement équilibré et au final sacrément bien foutue.
Même si il s’avère relativement court,
Crossfaith lâche un premier album d’une qualité et d’une cohérence inouïe, maîtrisé de la première à la dernière seconde, démontrant que la création musicale peut s’appréhender sans barrière.
The Dream, the Space peut même constituer une ode à la tolérance musicale, démontrant que des styles et des influences n’ayant pourtant rien en commun peuvent être fusionnées à merveille. Pour la petite histoire, Kenta Koie a décidé de fonder
Crossfaith après avoir été sidérer par un concert de Green Day qui aurait d’après lui « changer sa vie ». Comme quoi, tout peut être bon à prendre en matière de musique.
Anath, je trouve également que Zion est encore meilleur, mais ça n'a rien d'étonnant vu que le le groupe n'a de cesse de s'améliorer à chaque production !
Du coup comme le dit si bien Paillou on peut attendre encore beaucoup de Crossfaith dans les années à venir !
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