Souvent aveuglé par un égarement compréhensible, lié aux lacunes normales de chacun d'entre nous, les polémistes patentés omettent, consciemment ou non, de remettre une œuvre dans le contexte nécessaire à sa juste appréciation. Appréhendant ainsi des albums hors de certains détails pourtant essentiels et cruciaux à sa lisibilité, ces critiques les jugent alors à l'aune de leur culture approximative mais surtout à l'aune de références très actuelles et pas nécessairement adéquates à ce genre d'exercice. Nul n'est parfait, aucun d'entre nous ne détient la vérité ultime quant à l'art et personne ne jouis de la sagesse infuse.
Pourquoi un tel avant-propos?
Parce qu'au regard des critères contemporains du
Power Metal, ce
Tales of Mystery and Imagination, deuxième album des Suédois de
Nocturnal Rites, manquera sans aucun doute d'ampleur. Ces parties mélodiques, et notamment l'usage de ces synthés et des ces instruments classiques là où, actuellement, la règle ayant court privilégie le faste excessif de ces passages, apparaîtront comme insuffisants. Ces airs sembleront, surannés et naïvement désuets. Ces chants laisseront à l'auditeur d'aujourd'hui le goût amer d'un convenu achevé. Cette production au mixage manquant quelques peu de puissance le desservira indiscutablement. Et dès lors le pamphlétaire superficiel inculte aura tôt fait de négliger ce plaidoyer et de le considérer comme tout à fait dispensable. Encore une fois, nul n'est parfait, aucun d'entre nous ne détient la vérité ultime quant à l'art et personne ne jouis de la sagesse infuse.
Ces allégations seront donc trompeuses. Car en réalité
Tales of Mystery and Imagination est un très bon album de
Power Metal qui s'il pourrait s'avérer d'apparence anémique et frêle de prime abord, regorge, en fait, de titres attachants magnifiant un genre pour lequel, en ces temps-là, tous les versets les plus magistralement formelles n'étaient pas encore tout à fait définis mais déjà assez distinctement établis.
De plus, au-delà de cet aspect purement historique d'une époque révolus jouant en défaveur de cet opus,
Tales of Mystery and Imagination, et plus généralement
Nocturnal Rites, pâtira aussi, de surcroît, de certaines circonstances défavorables. Après un changement d'orientation musical assez abrupt faisant passer le groupe d'un
Death Metal mélodique à une expression Heavy
Metal plus musical, les Suédois seront, en effet, dénigrer pour cet opportunisme éhonté. L'accusation sera plus vive encore lorsque Hammerfal fera "renaître" ce Heavy pourtant agonisant en un souffle baptise
True Metal. Peu se soucieront du fait que
Nocturnal Rites aura opéré son changement avant ce nouvel engouement et que donc l'accusation est inique. Définitivement, nul n'est parfait, aucun d'entre nous ne détient la vérité ultime quant à l'art et personne ne jouis de la sagesse infuse.
Outres cet opportunisme injustement reproché, Frederik Mannberg et ses comparses, vivront dans l'ombre de leurs compatriotes déjà évoqués, à savoir Joacim
Cans et ses complices, instigateurs de ce renouveau éphémère.
Quoi qu'il en soit, et pour en revenir à des considérations plus strictement artistiques, ce nouvel effort des Suédois de
Nocturnal Rites, au son d'un
Power Metal, certes, mélodique mais toujours suffisamment énergique pour ne pas sombrer dans l'écueil mièvre d'une musicalité trop doucereuse, nous transporte en des contrées charmeuses. Loin aussi de nous assommer avec des concepts épiques, chevaleresques, héroïques et romanesques, le groupe se contente de jouer une musique efficace, souvent rapides, aux refrains harmonieux intéressants (Ring of Steel,
Dark Secret,
Lost in Time,The Vision, et, par exemple, les vifs
Pentagram et
Burn in
Hell). Il s'abandonne quelquefois à une musicalité plus propre au Heavy mélodique proche de la genèse de certains autres de leurs compatriotes,
Europe pour ne pas les citer. Toutefois ils le feront de manière suffisamment réussie, et suffisamment personnelle, pour que cela n'entache pas l'album d'une dégradante imperfection (Test of Time ou encore, par exemple,
Warrior's
Return). Il est d'ailleurs à noter que c'est au cœur de ces derniers que les similitudes entre les voix d'Anders Zackrisson et de
Joey Tempest sont aussi les plus notables.
Tales of Mystery and Imagination est donc un album très enthousiasmant, auquel, on ne pourra que reprocher de répondre aux critères d'une expression en vogue à une époque passée qui, désormais, n'ont plus court. Néanmoins, une bonne chanson restant une bonne chanson, il serait étonnant que l'auditeur aguerri ne trouve pas quelques raisons justifiées de se satisfaire de ce propos épuré.
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