Fort d’un
Neverending Destiny rapidement devenu culte et d’un
Towards Beyond d’un niveau technique étonnant, le groupe d’Alex C-T s’attaque en
1994 à son troisième album, gagnant dès le mois de mai le studio lyonnais Espace Sonore, désormais loin des studios Montezuma de Stockholm. Disponible à l’automne, toujours sous distribution Blackmark (
Bathory,
Edge Of Sanity), le bien nommé
Symposium of Rebirth bénéficie d’une nouvelle couverture de l’auteur de bandes dessinées Philippe Druillet, illustrateur attitré du groupe à cette époque.
Symposium of Rebirth débute sur le morceau Barabas (cet homme gracié à la place du Christ) très ambitieux, cinq minutes riches en arrangements et en choeurs, durant lesquelles
Agressor retrouve ses ambiances médiévales couplées à un deathrash nerveux, pan si bien exploité sur le titre Eldest Things de son précédent album, et accents qui deviendront dès lors une véritable marque de fabrique pour le groupe d’Antibes.
Dès
Rebirth et
Negative Zone,
Agressor s’accroche de nouveau à son deathrash hargneux d’une technique de haute volée, dominés par le riffing serré de Manu Ragot et Alex C-T, et les soli si époustouflants du leader. Si Apocalyptic Prophecies reprend judicieusement le ton du premier titre,
Overloaded et Adhuman
Dreadnought ne sont également pas en reste, lâchant des rythmiques et une cascade de riffs complexes, supportant le guttural teigneux d’Alex. En revanche, à l’inverse de ses prédécesseurs,
Symposium of Rebirth reste flanqué d’une production moyenne, privant les guitares de mordant et noyant également le tout dans son mixage.
Outre la perfectibilité de sa capture,
Symposium of Rebirth reste un album assez inégal. La furie deathrash des titres suscités ou encore l’équilibre parfait de Barabas cèdent la place à des interludes sans grande relation, qui cassent l’ambiance plus qu’autre chose (Erga Meam Salutem,
Dorn Firn-I-Guinar), sans compter la trilogie Theology - Civilisation -
Wheel of
Pain tirée du thème
Conan le Barbare, tombant elle aussi comme un cheveu au milieu de la soupe. Reprise pourtant exemplaire, le morceau deathgrind After World
Obliteration (du culte album de
Terrorizer) en fin d’album a également grand mal à trouver sa place au milieu de ce melting-pot musical.
Ambitieux sur le papier et d’une technique affolante,
Symposium of Rebirth reste ainsi un album en demi-teinte, pêchant par son manque d’homogénéité et sa production trop étouffée, flanqué de la nouvelle absence promotionnelle du label Blackmark Productions. Tandis que l'année auparavant
Loudblast et
Massacra confirment leur troisième essai avec les précieux Sublime
Dementia et Signs of the
Decline,
Agressor peine quant à lui à se soustraire de l’ombre des deux leaders hexagonaux de l’époque. Et Dieu sait combien le niveau technique et le potentiel d’Alex C-T restent pourtant désarmants.
Fabien.
Fabien.
Fabien.
J'exhume la section commentaire de cette chronique (merci beaucoup) histoire d'évoquer la version récente et réenregistrée de "Synopsium...", plus sobrement intitulée "Rebirth" (2018) de chez Season of Mist.
Je me demande ce que peuvent en penser les plus anciens !
De mon côté le nouveau "Rebirth" (qui porte bien son nom) rend merveilleusement justice aux compos d'origine (qu'on peut comparer en disque bonus). Le réenregistrement prend tout son sens, en donnant du corps à des morceaux qui autrefois manquaient de la profondeur et de la lourdeur méritées. C'est assez bouleversant : au lieu de dénaturer inutilement l'objet d'origine, cette nouvelle capture (qui concerne essentiellement les grattes, vocaux, parties acoustiques et arrangements si je ne m'abuse) semble au contraire rendre à Rebirth l'impact qu'il aurait pu (dû) avoir en son temps.
Je pense particulièrement au nouvel agencement de la playlist, avec un meilleur équilibrage et Theology placé en intro notamment. J'ai l'impression d'écouter un tout autre album, l'immersion est décuplée et la qualité du son formidable, les parties acoustiques et médiévales s'intègrent mieux à l'ensemble et pour le coup on sent comme un vieux goût de démo en écoutant la V.1 ensuite. Gros travail accompli ici, bravo à Agressor.
Bref, pour ceux qui auraient des réticences vis-à-vis de ce disque suite à la critique de Fabien, je recommande de vous pencher sur Rebirth 2018 (et sa terrible pochette signée Druillet en intégralité cette fois) qui comprend les 2 versions. Une expérience plus intense et intéressante – en tout cas j'y mets ma main à couper !
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