Strangers

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18/20
Nom du groupe Scardust
Nom de l'album Strangers
Type Album
Date de parution 30 Octobre 2020
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album12

Tracklist

1.
 Overture for the Estranged
Ecouter06:34
2.
 Break the Ice
Ecouter03:51
3.
 Tantibus II
Ecouter03:39
4.
 Stranger
Ecouter04:10
5.
 Concrete Cages
Ecouter07:21
6.
 Over
Ecouter06:14
7.
 Under
Ecouter04:13
8.
 Huts
Ecouter03:26
9.
 Gone
Ecouter04:43
10.
 Addicted
Ecouter05:29
11.
 Mist
Ecouter03:22

Durée totale : 53:02

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Scardust



Chronique @ ericb4

30 Novembre 2020

Voilà l'escadron israélien désormais passé maître des airs...

De l'eau aura coulé sous les ponts pour le quintet israélien créé il y a quelque cinq années, et ce sur les cendres de Somnia, dénomination originelle du groupe... En effet, après la sortie d'un encourageant EP, « Shadow » (2015), suivi d'un intrigant mais poignant premier album full length dénommé « Sand of Time » (2017), le groupe multiplia ses prestations scéniques ; locales d'abord, en 2018, européennes et chinoises (Ramblin’ Man Fair Festival, Wacken Metal Battle China...) en 2019. Un solide background studio et live mis a profit dans leur second et présent effort de longue durée, « Strangers », une galette généreuse de ses 53 minutes signée, cette fois, chez le puissant label américain M-Theory Audio. Cette nouvelle offrande serait-elle de nature à placer dès lors la formation israélienne parmi les valeurs montantes du si concurrentiel espace metal symphonique progressif à chant féminin ?

Dans ce dessein, le line-up a subi un remaniement partiel, l'actuel équipage comptant dans ses rangs : l'auteure/compositrice et délicate interprète Noa Gruman (ex-Soul Enema, guest chez Amorphis, Orphaned Land, Winterhorde...), le fin guitariste Yadin Moyal, le bassiste Yanai Avnet, le batteur Yoav Weinberg (ex-Promiscuity, ex-Sonne Adam, guest chez Gothicart) et le claviériste Itai Portugaly, en remplacement d' Alex Nicola. Avec l'appui de l'auteur/compositeur Orr Didi, et le concours, pour l'occasion, de l'imposant Hellscore Choir (Amorphis, Ayreon, Orphaned Land...) et de Patricia Büchler, dite ''Patty Gurdy'' (ex-Storm Seeker, guest chez Ayreon et Alestorm) à l'orgue de barbarie. De cette collaboration émane une œuvre metal mélodico-symphonique progressif un brin folk et death gothique, à la fois luxuriante, volontiers enjouée, parfois impulsive, un poil complexe et des plus enivrantes, à la confluence de Nightwish, Delain, Threshold, Eluveitie, Draconian et consorts, la touche personnelle en prime.

Ce faisant, les 11 inédites pistes de l'opus ont été mixées par Yonatan Kossov (Amorphis, Orphaned Land, Shredhead, Betzefer, Distorted Harmony...) et mastérisées par le producteur et ingénieur du son suédois Jens Bogren, propriétaire du Fascination Street Studios (à Örebro, en Suède), connu pour avoir oeuvré auprès d' Amon Amarth, Amorphis, Angra, Arch Enemy, Dark Tranquillity, Draconian, Eluveitie, Katatonia, Leprous, Opeth, Paradise Lost, parmi tant d'autres. Aussi jouissent-elles d'un enregistrement de fort bonne facture, d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation, et surtout d'une belle profondeur de champ acoustique. De quoi nous intimer d'aller explorer plus en profondeur la cale du vaisseau amiral...


Comme il nous y avait déjà sensibilisés, le combo se plaît à nous mener sur quelques chemins de traverse comme pour mieux nous cueillir, et ce de différentes manières. Ce qu'illustre, tout d'abord, « Break the Ice », un vibrant mid/up tempo syncopé à mi-chemin entre Nightwish et Threshold. Essaimant ses ondulants et intarissables gimmicks guitaristiques, disséminant ses arpèges au piano et au clavecin tout en évoluant sur une radieuse sente mélodique, l'élégant méfait se dote parallèlement des troublantes inflexions de la sirène. Et la sauce prend. Vêtu d'une chatoyante robe jazz rock, l'inattendu mais néanmoins chavirant « Under » se révèle, quant à lui, aussi affûté techniquement que groovy à souhait.

Dans une même énergie et tout aussi riches en arpèges d'accords, un poil plus tubesques, d'autres espaces d'expression ne sauraient être éludés par le chaland. A commencer par l'entraînant et ''delainien'' « Tantibus II », et ce tant pour son immersif refrain et son bref mais sémillant solo de guitare que pour ses rampes de claviers et les graveleuses impulsions de la déesse. Non moins impactant, doté d'une basse résolument claquante, d'un éblouissant legato à la lead guitare et des cristallines volutes de la maîtresse de cérémonie, le ''xandrien'' et bien-nommé « Addicted » s'en tire, lui aussi, haut la main. Tout aussi efficaces, le mid tempo « Stranger » comme le tonique et vrombissant « Gone » imposeront, quant à eux, des enchaînements intra piste finement esquissés et surtout un cheminement d'harmoniques des plus infiltrants.

Plus emphatiques et moins immédiatement lisibles, d'autres espaces d'expression n'en recèlent pas moins de séduisants atours. Ainsi, sous couvert de moult variations rythmiques, non sans rappeler Threshold, la pièce semi-instrumentale « Overture for the Estranged » déploie fièrement ses 6:34 minutes d'un spectacle riche en rebondissements. Laissant entrevoir de sémillantes gammes au piano, une basse vrombissante doublée d'un fin staccato à la lead guitare et de saisissants coups de boutoirs, la pièce en actes offre également d'insoupçonnées montées en puissance du dispositif instrumental, lui même enorgueilli d'une muraille de choeurs que rien ni personne ne saurait enrayer la marche en avant. Dans cette logique, dans l'ombre d'Eluveitie, se glisse l'opulente fresque folk symphonique progressive « Concrete Cages ». Déversant ses 7:21 minutes d'une ritournelle aussi enjouée qu'énigmatique, abondant en effets de surprise, laissant entrevoir les angéliques patines de la belle corroborées d'une chorale en faction, la luxuriante offrande parvient alors à maintenir l'attention intacte de bout en bout de notre parcours.

Lorsqu'il en vient à flirter avec le death gothique, le collectif ne s'est guère avéré plus malhabile, ouvrant dès lors le champ des possibles stylistiques d'un cran et non sans panache. Ainsi, évoluant dans une atmosphère tantôt lumineuse, tantôt anxiogène, et doté de riffs corrosifs adossés à une sanglante rythmique, le ''draconien'' « Over » ne ratera pas son effet. Dans la tourmente, s'insinue une enveloppante chorale corrélativement aux claires patines de la belle, elles-mêmes faisant face à d'ombrageux growls ; un saisissant effet de contraste oratoire doublé de fulgurantes accélérations d'un convoi orchestral qui, à ses heures, sait retenir les chevaux. Dans cette énergie, le pulsionnel et grisant « Huts » a poussé plus loin le bouchon, offrant cette fois une étonnante quadrature vocale, des choeurs d'adultes et d'enfants venant dès lors s'unir aux growls et au gracile filet de voix de la princesse. Et la magie opère, une fois encore.

Que l'aficionado de moments intimistes se rassure, la troupe n'aura pas manqué de concocter et lui adresser ses mots bleus les plus sensibles. Ainsi, pour clôturer en douceur le chapitre et nous pousser par là même à remettre le couvert, nos compères ont accouché d'une fondante ballade atmosphérique progressive que pourraient avoir à lui envier nombre de leurs pairs. Aussi, glissant le long d'une radieuse rivière mélodique, pourvue de délicates variations rythmiques et mise en habits de soie par les enivrantes modulations de la belle, l'ensorcelante et élégante « Mist » fera plier l'échine à plus d'une âme rétive.


Au final, le quintet israélien nous plonge au cœur d'une œuvre aussi rayonnante et complexe qu'émouvante et pétrie d'élégance, dotée d'une production d'ensemble plutôt soignée mais nullement aseptisée, et transpirant la féconde inspiration mélodique de ses concepteurs. Inspiré par quelques grandes signatures du genre sans pour autant s'y réduire exclusivement, ayant, par ailleurs, consenti à quelques prises de risques et insufflé un petit supplément d'âme, le message musical se voit ainsi gratifié d'une belle épaisseur artistique.

Ouvrant désormais plus largement le champ des possibles stylistiques, atmosphériques, rythmiques et vocaux, offrant en prime une palette plus étoffée en matière d'exercices de style tout en témoignant de réels progrès techniques et oratoires, ayant dès lors élevé d'un cran le niveau de ses exigences propres, on comprend que le combo n'a guère tari d'armes pour faire évoluer son art. Et ce en dépit de quelques ponts technicistes qui ne s'imposaient pas et dont la complexité pourrait décontenancer, voire rebuter un tympan non averti. Quoi qu'il en soit, la troupe signe-là une très honorable et sensible rondelle, susceptible de la placer parmi les valeurs montantes de leur registre metal d'affiliation. Voilà l'escadron israélien désormais passé maître des airs...

Note : 16,5/20

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