Liste des groupes Metal Symphonique Scardust Shadow

Anciennement dénommé Somnia, ce jeune groupe israëlien initialisé en 2013 par la chanteuse Noa Gruman (Soul Enema) et le claviériste/guitariste Orr Didi, aussitôt rejoints par le batteur Yoav Weinberg (Promiscuity, ex-Sonne Adam) et le bassiste Yanai Avnet, s'est attelé à un autre projet, concrétisé par la création d'un EP intitulé « Shadow », enregistré et mixé aux Cast Iron Studios et mastérisé par Jens Bogren. Auto-production de 4 titres sortie deux ans plus tard, et dont Orr a écrit les paroles, réalisé les compositions et assuré les arrangements, bien qu'il ne fit plus officiellement partie intégrante du combo dès 2014. Dans la foulée, pour combler cette absence, le guitariste Yadin Moyal et le claviériste Lior Goldberg (Asgaut, Magor) furent sollicités et finalement intronisés au sein du quintet. Ainsi constitué, le groupe s'est produit essentiellement dans des clubs locaux mais compte dépasser les frontières de sa terre natale pour aller se mesurer à ses homologues fussent-ils de redoutables gladiateurs...

Fait surprenant : au moment de finaliser l'EP, début 2015, le groupe décida de troquer le nom de Somnia, déjà usité par une autre formation, pour celui, inédit, de Scardust. Dynamique et enivrante mais menue production à laquelle ont également participé les choristes Yarden Gruman, Ita Mar, Shani Gruman et Carmel Cohen, ainsi que Orr Didi, en tant que claviériste additionnel et guitariste classique, prouvant que le père du projet n'est jamais bien loin de son bébé. L'ensemble ainsi constitué officie dans un metal mélodico-symphonique progressif aux accents power, nous faisant voyager entre Nightwish (première période), Delain et Ancient Bards. Avec un bémol pour la qualité de la production, tenant aux moyens encore limités du combo, ne permettant pas à nos acolytes de se hisser au niveau de ses modèles identificatoires. Toutefois, bien que l'enregistrement laisse entrevoir quelques notes parasites et les finitions quelques failles, le mixage équilibre à parités égales lignes de chant et instrumentation.

Là où le combo israëlien marque ses premiers points touche aux pistes metal symphonique pur, certains passage flirtant avec l'opéra ne manquant pas de nous retenir plus que de raison. D'une part, aux faux airs d'un « The Phantom of the Opera » (in « Century Child ») de Nightwish, l'entraînant et polyrythmique « Tantibus » dissémine couplets infiltrants et refrains gracieux, sur fond de riffs lourds et rageurs et de nappes synthétiques enveloppantes dans la droite lignée du maître inspirateur. Mis en habits de lumière par les fines impulsions et les subtiles envolées lyriques d'une sirène flirtant par moments avec les hautes sphéricités, doté d'un joli solo de guitare, de rayonnantes variations et d'un final en apothéose, l'instant privilégié ne ratera pas son effet. L'opératique et envoûtant « Shards - Pt II:Shadow », de son côté, se pare d'une dense chorale, en osmose avec les limpides volutes de la maîtresse de cérémonie. Bien que sa ligne mélodique soit plus linéaire, les modulations pianistiques et vocales nous rallieront sans mal à la cause de la troupe.

Dans un registre symphonique plus orienté power progressif, la bande recèle d'autres armes de séduction pour nous faire plier l'échine. Ainsi, un touchant moment de poésie nous est octroyé à l'aune de « Shards - Pt I : Birds », mid-up tempo progressif entamé en piano/voix, d'où s'extirpe soudain un délicat picking à la lead guitare ainsi qu'une vibrante montée en puissance. A mi-chemin entre Delain et Threshold, les gradations instrumentales et vocales ainsi que les ponts technicistes ne laisseront pas de marbre le chaland. Doté de riffs plus corrosifs et d'une dynamique rythmique plus incisive, dans le sillage d'Ancient Bards, « Shards – Pt III : Gravity » nous enchante par la lente marche en avant de l'escadron oratoire parallèlement aux attaques de la jeune interprète. Emoustillant, complexe et tempétueux instant où s'insinuent des growls tranchants et qui alterne judicieusement passages offensifs et lyriques.

Au final, s'il ne réinvente pas le genre, le combo a consenti l'effort d'une heureuse combinaison de styles, un poil d'originalité eu égard aux accords dispensés et une utilisation opportune des choeurs. Du moins reste-t-on scotché de bout en bout de la galette, porté par les touchantes impulsions de la belle et les qualités techniques des instrumentistes. On aurait cependant souhaité davantage de diversité atmosphérique et rythmique et une qualité de production plus affinée pour que nos acolytes puissent caresser l'espoir de faire partie des valeurs montantes de ce registre metal ô combien concurrentiel. Des retouches qui devront assurément ne pas être éludées. Un album full length à la logistique minutieuse leur offrirait précisément un plus large espace d'expression artistique, et par là-même, plus de chances d'envisager une carrière à long terme...