Still Climbing, quatrième album et épitaphe provisoire (du moins l'espère-t-on) de l'histoire des américains de
Cinderella, est sans doute l'œuvre la plus conspué du groupe. Sortis en des temps troubles où le propos
Hard Rock aux accents ethniques (Blues, Country...) de
Tom Keifer, et de ses complices, n'avait, sans doute, que peu de chance de convaincre un auditoire alors subjugué par les frasques de nouvelles tendances, il fut injustement ignoré. La sentence est, selon votre humble serviteur, totalement arbitraire tant l'opus peut s'enorgueillir de nombreuses qualités.
Pour débuter l'histoire de cet opus, il faut dire qu'il faillit ne jamais voir le jour tant les vicissitudes qui menèrent à sa genèse furent complexes et dramatiques.
Il y eut, en premier lieu les soucis de santé du chanteur et guitariste
Tom Keifer. Une tragédie qui l'obligea à se faire opérer et à ne plus pouvoir se servir de sa voix durant une longue période de convalescence.
Il y eut ensuite un drame répondant au nom de cancer qui emporta la mère du vocaliste.
Il y eut, pour conclure, le départ du batteur Fred Coury pour d'obscures raisons aujourd'hui oubliées.
Afin de résoudre l'aléa le moins terrible, celui consistant à palier au désistement d'une partie de la section rythmique du groupe, une sommité de la batterie, en la personne du musicien de session Kenny Aronoff (Bob Dylan, Bob Seger, Elton John, John Mellencamp, Iggy Pop, Bonnie Tyler,
Jon Bon Jovi, B.B.
King...) fut recruté.
Concernant les autres événements douloureux, seul le temps parvint à panser les plaies morales (si tant est que l'on puisse y parvenir) et physiques.
Tom Keifer est donc un miraculé. Tout comme
Cinderella et tout comme ce
Still Climbing.
Mais assez de palabres stériles. Evoquons plus précisément ce disque. S'agissant de l'expression artistique composant ce nouveau chapitre des philadelphiens, force est de constater que si son
Hard Rock reste, peu ou prou, dans la continuité de ce qu'il firent autrefois, à savoir une expression alourdit de ces spécificités culturelles du sud des Etats-Unis, désormais c'est presque uniquement dans le Blues qu'il faudra chercher ses quelques délicieux écarts car, en effet, peu de cuivres et presque aucuns détours Country ou Southern, ne viennent enrichir ce disque.
Une décision un peu embarrassante lorsqu'on connaît les talents de ces américains à divaguer vers d'autres horizons. Toutefois ce choix ne parviendra pas à suffisamment nous décevoir tant des titres tels que les remarquables
Bad Attitude Shuffle, All Comes
Down,
Blood from a
Stone ou tels que
Still Climbing sont séduisants. Le nerveux et rapide Freewheelin, orné de ces claviers surannés et splendides est, quant à lui, très étonnant.
A propos des ballades de cet opus, si
Through the
Rain demeure un joli moment,
Hard to Find the Words et The
Road Still Long sont véritablement celles qui nous offrent un condensé émouvant parvenant assez facilement à nous emporter. La première écrite en mémoire d'Adrienne Keifer Smith, la mère de Tom, nous propose une promenade poignante qui trouvera sans aucun doute écho en chacun de nous. Ce titre dans lequel le vocaliste exhausse l'attendrissant message en usant, comme pour oublier l'artiste et mettre à nu l'homme, de sa voix claire, est magnifique. La seconde est une allégorie réussie sur les certitudes vaines mises à mal par le temps qui passe.
Pour conclure, il ne nous restera donc plus qu'à rendre honneur à un
Still Climbing méritant demeurant, aujourd'hui encore, injustement mésestimé.
Je découvre enfin cet album avec deux décennies de retard, et c'est plutôt une bonne surprise. Certes, "Long Cold Winter" demeure insurpassable dans la discographie de Cendrillon, mais cette ultime offrande, sortie sans la moindre chance de succès à une époque où le Glam Rock permanenté avait été mis à mort sur l'hôtel du Grunge et de la Fusion, offre son lot de feeling et d'émotion.
Adopté !
Pas très friand du groupe, je me suis dit que pour que tant de personnes l'apprécient j'avais dû raté quelque chose.
Cette nouvelle écoute a confirmé ce fait, "stiil climbing" me séduit d'ailleurs davantage que les autres albums (la prod fait la différence je pense).
Meme si "Long Cold Winter" reste mon préféré des 4 albums, ce dernier n'en demeure pas moins un excellent album.
Dommage que la carrière du groupe ait été si courte, j'aimais vraiment beaucoup.
18/20
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