Au plus grand regret de ma femme, j’ai gardé mon âme d’enfant - le doigt péteur vous connaissez ? -. Si vous êtes comme moi, éloignez vous immédiatement de l’écran d’ordinateur, ce que je m’apprête à révéler fait froid dans le dos...
La belle Cendrillon, celle qui a nourri mes fantasmes d’enfant, et dont je me voyais bien un jour demander la main, a trouvé chaussure (de vair) à son pied. Elle est maquée à un certain
Tom Keifer. Salop. Ordure !
Qu’importe, il va payer. Ma vengeance, c’est évident, je la tiens entre les mains. Elle a la forme d’une pochette de vinyle, celle de ce «
Night Songs ». Matez moi donc ces belles têtes de vainqueurs ! La cover du « Rock Your
Life » de nos compatriotes de
Presence a presque trouvé son maitre.
Une pochette dont la photo a été prise par Mark Weiss, un bon ami de Keifer. Comme quoi, il vaut mieux se méfier aussi de ses amis. « Je ne ferais jamais plus une pochette comme
Night Songs. Ce n’était pas la volonté du groupe » confiait le chanteur/guitariste dans le
Hard Force d’octobre 1987. Tu m’étonnes. Pour autant, Tom a honnêtement confessé que l’imagerie hair/glam métal était un plus évident et quasi obligatoire pour s’assurer de nombreux passages sur MTV. Bah, on vous en veut pas les gars, ça fait marrer tout le monde aujourd’hui et presque tous les groupes, même parmi ceux plus heavy, y sont passés à l’époque (au rayon brushing et bigoudis, les permanentes de Rob
Halford ou d’Ozzy valaient le détour).
Bref, je reviens à mes moutons - avec des coupes pareilles, on en est pas loin -. Avec un tel look et un nom aussi kitsch, j’assimile directos le groupe à la vague hair métal qui submerge alors les states (
Ratt,
Poison, et bientôt
Warrant). En plus, quand au dos de la pochette de son premier skeud, on remercie sa maquilleuse/coiffeuse, on tend le bâton pour se faire battre la joue. Bien fait pour leurs gueules, c’est le cas de le dire. C’est évident, je vais pouvoir les atomiser, les dézinguer, les ruiner, les fracasser, bref me faire trop plaisir…
Et là, patatras, le disque est excellent. Et dire que Keifer a tout composé seul. Salop. Ordure !
En effet, malgré leur look (de marde), c’est bien davantage du côté du hard/heavy rock qu’il faut chercher les influences du groupe, notamment chez le combo australien le plus célèbre du monde. Tom et Eric Brittingham, le bassiste, firent d’ailleurs parti d’un groupe de reprises qui empruntait souvent à Ac/Dc. A la sortie du disque, la voix de Keifer fût souvent comparée à celle de Brian Johnson. En commun, une réelle énergie, catégorie « chanteur-fortement-membré-mais-qui-monte-quand-même-bien-haut », et une capacité à créer de l’émotion. Une performance à saluer pour un mec qui tenait le micro dans un groupe pour la première fois de sa carrière.
Au niveau du contenu musical, je ne développerai pas trop, mon camarade Adrien ayant déjà évoqué ce disque dans sa chronique postée… juste au dessus de la présente, si les chros sont classées par date de parution, ou juste en dessous… si les chros sont classées par ordre qualitatif, héhé.
Passé l’effet de surprise lié à l’opener "
Night Songs", un mid-tempo à l’ambiance pesante et aux vocaux hargneux, quasi écorchés, les tempi varient entre hard rock ("Nothin’ for nothin", "
Somebody Save Me", ma préférée du lot, "
Push,push", et son riff qui tourne en boucle, "
Once Around the Ride", un ton en dessous), et titres un tantinet plus heavy ("
Hell on wheels", "In from the outside", excellent, ou "Back home again", seconde légère faiblesse du disque à mon goût). Une magnifique ballade, "
Nobody's Fool", aux paroles-larme-à-l’œil-goutte-au-nez (“count the falling tears/ They fall before my eyes/ Seems like a thousand years/ Since we broke the ties/ I call you on the phone/ But never get a rise/ So sit there all alone/ It's time you realize/ I'm not your fool/
Nobody's Fool”), complète le tableau.
Paradoxalement, le groupe parvient à affirmer une indéniable personnalité en dépit d’une musique somme toute peu originale. La patte de son frontman Keifer ? Of course, même si ça me fait mal de l’avouer. Amoureux des 70’s et de groupes tels que les Stones, Free ou Led Zep’, celui-ci se découvre une passion pour le blues vers 17 ans, lorsque le batteur de son groupe de l’époque lui offre un
Live de B.B.
King. Des influences bluesy encore timides ici, mais qui éclateront sur l’album suivant, le superbe «
Long Cold Winter ».
Aux côtés de Tom, outre son acolyte de presque toujours Brittingham déjà cité, Jeff LaBar est le second guitariste officiel du combo. Pour autant, le rôle exact de ce dernier sur ce disque reste un peu une énigme, sachant que Kiefer a, a priori, enregistré tous les soli à l’exception de trois d’entre eux ("
Push push", "Nothin’ for nothin" et "Back home again"), lesquels sont assurés par Barry Bennedetta (encore un qui a trouvé Jesus Christ dans le fond d’un verre de whisky). Ce dernier est « connu » pour avoir tourné avec
Waysted aux US en 84 en support-band de Motley Crue et d’
Ozzy Osbourne. Keifer lui proposa de rejoindre
Cinderella au début de l’année 1986. Barry déclina l’offre mais accepta de taper le solo sur ces quelques titres.
Il paraitrait qu’Andy Johns, le producteur, mécontent des soli de l’album, conseilla vivement à Tom de trouver quelqu’un à même de rehausser le niveau. Johns voulait Pat
Thrall. Ritchie Sambora, présent en studio au cours de l’enregistrement aux côtés de
Jon Bon Jovi, était partant pour assurer le taff’, mais Tom voulait son pote Barry. Vous aurez compris qui a eu le dernier mot Jean Pierre.
Son « ami » Kiefer qui refusera par ailleurs à Barry de lui accorder un pourcentage sur les ventes du disque et qui le rétribuera à hauteur de 1000 dollars seulement. Quand je vous disais de vous méfier aussi de vos amis.
Au niveau du batteur, c’est encore davantage le bordel. Si Fred Coury apparaît sur la pochette en tant que membre officiel du groupe, c’est bien un certain Jody
Cortez qui est crédité pour tout l’album. Il paraitrait même que les premières copies de l’album présentent une photo de
Cortez au verso de la pochette. Ca sent le collector ! Quand on sait que ce même Coury a reconnu ne pas jouer sur tous les titres de l’album suivant - Andy Johns ne l'estimant pas suffisamment compétent, difficile le gars ou quoi ? -, voilà un drôle de début de carrière avec le groupe.
A sa sortie, le disque fera un carton (amplement mérité) aux US avec des pics de vente à 50000 exemplaires par semaine. Quelques mois plus tard, plus de 3 millions de copies auront trouvé leur place dans un foyer ricain. Les royalties de l’unique compositeur Keifer ? Je vous fait pas un dessin, énormes. Et Barry Bennedetta de s’exclamer en chœurs avec moi : « Salop. Ordure ! ».
Dernier point, les remerciements au dos de la pochette : « Thanks to all the beautiful women everywhere ». Le mec se tape MA Cendrillon, ça lui suffit pas, il les lui faut toutes.
Sinon, heu, est-ce que quelqu’un parmi vous sait si Blanche Neige est libre ?
Un petit mot puisque ce n'est pas évoqué dans la chro sur la talent de Keifer comme soliste. Vraiment doué le gars.
Sinon, je viens d'apprendre que Keifer va sortrr son premier album solo "THE WAY LIFE GOES" en avril. Presque 20 ans que rien de nouveau n'était sorti de sa caboche (1994). Rien que des live, des live et encore des live avec encore et encore les mêmes titres.
Vu qu'il a commencé à enregistrer les premiers morceaux en 2003, on peut dire qu'il aura mis le temps. Espérons un bon disque même s'il n'aura rien de hard rock.
Cela me rappelle un pote d'armée qui en 1987 s'exerçait sur "Somebody save me" le soir dans sa chambre. Pas évident à envoyer...
Joli papier qui m'avait échappé dans tes si nombreuses chroniques.
Superbe 1er album très rock pour Cinderella. De superbes riffs ( Shake me, Somebody save me ) du heavy ( Hell on wheels ) une jolie ballade ( Nobody's fool )
Pas de doute, Cendrillon peut revenir en carrosse doré.
19/20
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