Il y a maintenant près de 17 ans, les Néo-Zélandais d'
Ulcerate ouvraient les portes de leur cabinet de curiosité Death
Metal, animés de furieuses pulsions jusqu'au-boutistes, affranchis des codes établis du Death primitif, pour un résultat de plus en plus personnel et identifiable, construit, déconstruit, bruitiste et dissonant, difficile à classer, parfois abscons, assez massif et étouffant, pour tout dire.
Depuis bientôt deux albums, la formule s'est affinée et "
Shrine of
Paralysis", en 2016, a marqué un point culminant de cette évolution vers plus de subtilité. Le moins qu'on puisse dire, à l'écoute de cette nouvelle livraison, c'est que le trio n'est pas resté sur place et propose aujourd'hui la suite espérée de cette quête.
D'emblée, le paysage de notes semble assez typique du "son"
Ulcerate , à l'instar de "The
Lifeless Advance", plutôt classique pour le groupe. Mais dès "
Exhale the
Ash",
Ulcerate prend de la hauteur et c'est avec une maestria inédite que les musiciens concrétisent les fulgurances entrevues sur le précédent opus. Comment faire cohabiter fanatisme sonore et mélodie, l'implacable et le sensible, et parfois même des bribes de mélancolie ? En malaxant tous ces ingrédients dans le creuset du talent et de l'inspiration...
Talent et inspiration, ce plantureux opus en regorge. Tout d'abord, sur "
Exhale the
Ash", le deuxième morceau, tout se bouscule, c'est pas peu dire, et tout y semble presque à l'étroit, les atmosphères se succèdent avec fluidité, enchainent les passages plus lents (façon de parler) avec ceux, plus déchainés, dans la cohérence d'un continuum qui ne laisse aucune échappatoire à l'auditeur. Le titre éponyme suit la même logique et l'agression le dispute, a une ampleur harmonique qui tisse une toile grandiose de désolation hautaine, de dévastation lumineuse. "There Is No
Horizon", pour sa part, submerge avec son intro majestueuse, son riff en dents de scie, sa progression sous forme de montagnes russes. Simplement dévastateur, bluffant et addictif.
Dans cette dynamique, on retiendra encore "
Visceral Ends" qui, lui, subjugue avec son intro aussi subtile que pesante et ses développements enchevêtrés de violence presque confuse, entre blasts beats et tempos de double qui se heurtent, avec, pour tapis sonore, des riffs incandescents distillés en continu. Il en va de même pour les deux morceaux qui s'ensuivront, à savoir "Drawn into the
Next Void" et "Dissolved Orders" successivement.
Des mélodies fulgurantes se dévoilent derrière le mur sonore, affleurent à la surface du magma en perpétuelle transmutation, puis disparaissent, laissant un goût amer de mirages, englouties par le flot continu des harmoniques tissés par le déversement ininterrompu des riffs alambiqués, obsédants, dont
Ulcerate a le secret. Un secret qui vaut aujourd'hui de l'or.
Avec cet album,
Ulcerate a franchi le miroir et navigue désormais dans des espaces inconnus jusqu'alors. Et nous avec. Merci.
Un des albums de Death Metal les plus intéressants et intelligents que j'ai entendus depuis pas mal d'années.
Très certainement l'album de Death de l'année.
Belle chronique qui aurait pu être davantage développée tant il y a à dire sur cet album et ses morceaux qui fourmillent de détails, de riffs et de transitions les plus folles les unes que les autres.
Paradoxalement l'album le plus "accessible" du groupe, malgré l'ambiance pesante et sombre qui en teinte les 8 titres.
Nous sommes, avec cet album, dans l'Excellence, rarement un album m'aura paru si parfait, chaque riff, note, touché de tom ou cymbale a été mûrement réflechi, nous avons affaire à des génies "instrumentalistes" car ils s'insinuent dans votre cerveau et vous font entendre ce que vous auriez voulu écouter sans oser le demander car "atteignant la perfection"!
C'est pour ce genre d'OVNI que j'écoute du METAL EXTREME!
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