Le point commun entre
Mastodon,
Baroness,
Down et
Kylesa ? Ils officient tous dans le même genre de musique. « Bah oui ils font du metal ! » Oui mais pas que ça. Ils font tous du sludge. « Hein quoi ? Du sludge ? C’est quoi ça ? ». Mais oui vous savez bien, cette espèce de mix entre doom et hardcore. Comme si on écoutait du
Candlemass avec Matt Heafy (
Trivium) qui hurlerait dessus… Mais il n’y a pas que ça, le sludge est en effet souvent guidé par une (surtout pas) sainte horreur des structures classiques en couplet-refrain, ainsi que par des guitares dans la distorsion (« Hein ? » C’est une image…C’est très bruyant et lourd quoi ! Et ça déboite en live. « Ahhh ».) . Là peut-être vous commencez à apercevoir le point commun entre les groupes cités plus haut.
Mais, indéniablement, ils ont tous pris des directions bien différentes et une identité propre, si bien qu’on serait fou de vouloir essayer de comparer un album de
Mastodon avec un album de
Kylesa.
Jusqu’ici,
Kylesa nous avait habitués à tout ce que l’on pouvait réellement qualifier de plus sludge et qui trouva son apogée sur le (très) réussi
Static Tensions. Mais si c’était un album réussi, il manquait encore quelque chose pour en faire une œuvre mémorable : il manquait une identité. Avec
Spiral Shadow c’est maintenant chose faite ! A la manière de
Mastodon avec Léviathan,
Spiral Shadow permet à
Kylesa de sortir de la scène underground et de se redécouvrir. Enfin les chroniques cessent de mentionner
Kylesa comme le groupe « aux deux batteurs ». Non, dorénavant
Kylesa c’est bien plus que ça.
Kylesa est devenu quelqu’un, et cela il le doit à
Spiral Shadow. C’est dorénavant une entité à son apogée, qui officie parfaitement dans un mélange des genres qui n’appartient qu’à elle. En effet, les influences très diverses et variées (du punk au psychédélisme), parfaitement intégrées par le groupe, font de
Spiral Shadow LE chef d’œuvre de
Kylesa. L’accomplissement, rien que ça.
Aie aie aie mais je vous vois venir : « rolala pratiquement tous les morceaux font entre deux et quatre minutes ». Oui oui mes chers, mais c’est là toute l’intelligence de
Kylesa : en trois minutes vous n’aurez absolument rien qui s’apparente à une chanson « mainstream » car tous ces morceaux sont complexes, bien construits, développés, originaux et trois minutes permettent leurs aboutissements sans ressentir une once de longueur de tout l’album. Merveilleux n’est-ce pas ?
« Ouais mais est-ce que c’est vrai que y’a toujours moins de distorsion, moins de hurlements, moins de metal ? ». La force de cet album se situe sans conteste ici : Laura chante toujours plus, Phillip hurle toujours moins et oui, c’est beaucoup moins lourd, moins hardcore, moins doom et moins sludge mais en aucune cas moins metal. Car c’est un album très homogène et pourtant aucune piste ne peut s’indigner d’un manque d’identité. Car c’est beaucoup trop sombre (et complexe hum hum) pour être qualifié de « rock ». Car les riffs s’entrecroisent (et quels riffs sur cet album mon dieu), les effets se multiplient dans ces guitares tantôt à l’ambiance psychédélique (« Drop
Out »), tantôt punk (« Don’t Look Back »), tantôt doom («
Dust ») et parfois ce n’est rien moins que tous ces ingrédients qui se mélangent pour donner naissance à
Spiral Shadow : une œuvre qui hypnotise et transporte, une œuvre mélancolique et joyeuse à la fois, psychédélique et cohérente, c’est une spirale sans fin qui s’écoute en boucle encore et encore jusqu’à ce que le temps et l’espace se dilatent dans les distorsions des guitares et la multitude des effets et autres solos magiques. C’est une spirale de désespoir et de bonheur. Un cri à la vie et à cette spirale des ténèbres qu’elle inspire. On ne sort tout simplement pas de cet album. Jamais.
Et que ressent-on à son écoute ? Je vous laisse avec ces lyrics de « Distance Closing In » :
« Let down again
Walls fade away
Distance closing in
Another time delay »
(Traduction approximative : « Laisse à nouveau; les murs s’estomper; la distance se rapprocher; un autre délai de temps »)
Très easy-listening j'en conviens, car c'est - comme je l'ai dit - beaucoup moins doom (voir "metal"). Sauf que je trouve que ça n'a fait que renforcer le charme du groupe. Il n'a pas perdu du tout en complexité et pour moi cet album est beaucoup plus "accompli".
Toutefois je comprends aisément qu'on puisse lui reprocher tout ceci. Mais nan, pour moi un 19 n'est pas du tout exagéré, par contre un 18 à In Waves de Trivium était très exagéré pour moi et pas pour son chroniqueur...comme quoi...!
Et la note n'est que ressenti, c'est le texte qui est le plus important. Je n'exclue pas de la redescendre si cet album perd en saveur avec l'âge, mais pour l'instant ça fait 6-7mois que je l'ai et je m'en lasse pas du tout :)
Merci d'avoir pris le temps de lire ma chronique!
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