Ancien groupe du collectif
Nowhere,
Aqme s'est distingué du reste des groupes de la team par le fait qu'il ne jouait pas, comme
Enhancer ou
Pleymo, uniquement du Rap
Metal, mais un Neo
Metal mélancolique, voire dépressif, mais sans jamais tomber dans l'insipide comme des groupes comme
Staind, et cela tout en chantant en français bien entendu. Après une démo intitulée sobrement
University of Nowhere, revoilà
Aqme avec une véritable première production, avec rien que moins que Daniel Bergstrand (
Shovel,
Meshuggah,
Scarve ) aux manettes. Autant d’éléments qui nous prépare, nous autres auditeurs, à une énorme claque.
Bien que le chant de Thomas est en français et soit mélodique, cela passe très bien, contrairement à ce que diront les détracteurs estimant que le chant français dans le métal est ringard. La voix du chanteur est assez particulière, une voix chaude, planante, un rien flegmatique, mais capable, à la manière d'un Chino Moreno, de passer subitement d’une voix calme et posé à des cris bestiaux et sauvages, et cela avec une facilité déconcertante. Quand à la musique, la guitare se fait lourde et les riffs incisifs, une basse discrète lors des passages
Metal mais qui prends toute son ampleur dans les passages plus calmes, et une batterie corrosive. Mais là où
Aqme parvient à se détacher de la masse Neo
Metal, c'est par sa musique assez sombre, croisement entre
Deftones et Noir Désir, avec des textes noirs traitant de sujets non moins obscurs, mais tout en restant planante. Là où des groupes comme
Korn se font lourds et pesants par leur " obscurité ",
Aqme joue dans un autre registre plus mélodique, un
Staind français en bien mieux.
La voix de Thomas résonne comme une plainte, et la guitare peut se faire aérienne, comme dans Je Suis, l'un des meilleurs titres de l'album, créant une alchimie superbement bien ficelée entre les couplets planants et les refrains violents. La lourdeur de
Korn cherchait à nous mettre mal à l'aise, le
Metal d'
Aqme cherche à nous rendre triste, privilégiant l’émotion, mêmes dans les passages les plus violents. Proche de
Tool pour cet aspect triste et planant, la musique d’
Aqme nous fait planer dans un ciel teintée de mélancolie, voire même de folie, comme peut en témoigner "Délicate et Saine" ( en référence, tant par le nom que par l’ambiance véhiculée, au film de Jeunet, « Delicatessen » ) qui se termine, en guise de conclusion du CD, dans une cacophonie de guitares distordues, de plaintes et de hurlements.
Mais
Aqme n'est pas non plus un groupe de Pop
Metal pour autant. L'agressivité est très présente malgré tout, et des titres comme "Superstar" ou "Le Rouge et le Noir" sont bien plus massifs et puissants qu’ils ne sont planants et aériens. Mais même dans les morceaux et les passages les plus bourrins,
Aqme garde une certaine subtilité, subtilité qui fait indéniablement le charme de la formation, et qui la différencie de la grande tendance plutôt brutale du Néo
Metal. Dans chaque titre de cet album, il y a comme une sorte de dualité Belle/Bête, Mélodie/Lourdeur, Tranquillité/Agressivité qui rend cet album intéressant.
Néanmoins, l'album est encore assez inégal. Les excellents morceaux se mélangeant avec les moins bons, voire carrément fades. Des chansons comme "In Mémoriam" ou "Tout à un Détail Près" étant purement dispensables, car, soit beaucoup trop Neo et manquant d'originalité, soit, comme pour l'exemple de "Tout à un Détail Près", énervantes avec leur côté triste sur joué. Heureusement pour nous, les bons morceaux se font plus nombreux que les moins bons. Et puis, un groupe français, qui chante ( et qui ne rappe pas ) en français sans être ridicule, et qui fait du très bon
Metal, c'est rare, trop rare pour que l’on se permette de faire la fine bouche. Ne vous fiez pas au fait qu'
Aqme joue du Neo, soit français et ait fait partie de la team
Nowhere, on à là la preuve que ça peut-être pas mal du tout, voire franchement excellent, finalement, un groupe made in France qui fait autre chose que du Rap
Metal ou du brutal...
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