Arkan a le privilège de faire partie, depuis quelques années maintenant, du trio ultime d’oriental metal aux côtés des Israéliens d’
Orphaned Land et des Tunisiens de
Myrath. Cela s’était confirmé lors de sa participation à l’Oriental
Metal Tour auprès de ses camarades de jeu. Tous trois délivrent un message de fraternité, de paix et de tolérance et transforment leur musique en un puissant moyen de communication. Le chemin lumineux que les Parisiens d’
Arkan empruntent n’est donc pas prêt de prendre fin, mais comme dans tout voyage, personne n’est à l’abri d’événements imprévus. C’est ce que dépeint «
Sofia », cette fois-ci plus sombre et mélancolique.
Un des membres d’
Arkan a subi la perte tragique d’une personne chère, d’où ce changement d’état d’esprit que l’on ressent sans arrêt dans la musique du groupe. On ne retrouve plus le côté rageur d’ «
Hilal » ni le côté enjoué et très lumineux de «
Salam ». «
Sofia » nous transporte dans le monde des ténèbres et de la tristesse. La lumière a du mal à transpercer ces morceaux de noirceur, les sourires n’existent plus, ni même l’espoir. L’auditeur doit donc sortir de ces a priori, mettre de côté les opus passés, oublier l’oriental metal qu’il a toujours connu pour se plonger complètement dans ce «
Sofia » plus émotif que jamais.
Fini le melo death des débuts,
Arkan met de côté le metal extrême pour nous livrer un metal mélodique. Son style d’oriental metal devient plus soft, plus éthéré mais aussi plus sombre, comme nous l’avons évoqué plus haut.
Pas de doute à avoir avec « Hayati » au rythme posé. Même si les guitares sont lourdes, ces dernières insistent plus sur les mélodies et leur côté lamenté. Le chant de Sarah y est aussi pour quelque chose : plus juste mais aussi plus aérien, il dégage une chaleur sombre particulière qui nous enveloppe petit à petit, à mesure que l’opus défile. Les breaks orientaux sont aussi de la partie, avec ces instruments traditionnels mais on regrettera, comme sur les précédents albums, la transition trop brutale entre chaque partie. Par contre, on accueille avec plaisir le growl de Florent. Très rare, il apparaît toutefois aux moments les plus opportuns, comme sur un « March of
Sorrow » très mélancolique, renforcé par l’intensité du chant guttural, ou sur « Wingless Angels », mais toujours sous forme de soutient. Le rythme, lui, ne s’intensifie pas.
On peut, justement, reprocher le côté trop monotone du rythme, qui rend ce «
Sofia » particulièrement linéaire. On comprend que le groupe ait voulu instaurer une atmosphère pesante et mélancolique, mais on finit par se lasser très rapidement. Les structures sont moins variées, malgré une technique irréprochable. Le chant est agréable mais souvent dans les mêmes tonalités. Les guitares et la batterie sont efficaces mais suivent régulièrement la même ligne de conduite. Les touches orientales apparaissent aux mêmes moments, sans réelle surprise.
Il y a toutefois quatre morceaux qui arrivent à tirer leur épingle du jeu, « Beauty Asleep », « Scar of Madness », «
Cold Night’s
Dream » et «
Dark Epilogue ». Tous forment les différentes parties d’un gros titre («
Sofia ») et possèdent une atmosphère particulière. Le premier, plutôt court et arabisant, fait office d’intro. Le second se teinte de mélodies sombres et d’une alternance chant clair féminin/growls. Le troisième est plus ambiant et plus torturé avec ces murmures. Le dernier, instrumental, conclut l’album de manière lamentée voire dépressive.
Terrible album qu’est ce «
Sofia ».
Arkan emmène l’auditeur au plus profond de ses tourments. Les ténèbres et la tristesse recouvrent tout sur leurs passages. Nous suivons, petit à petit, les différentes phases du deuil et ce, avec intelligence. Les amateurs du groupe seront sans doute décontenancés par le changement de style. Il faut toutefois plusieurs écoutes pour en découvrir toutes les facettes. «
Sofia » est donc un album moins percutant, moins positif, mais travaillé et réfléchi.
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