Arkan a souvent été considéré comme le
Orphaned Land français à cause de son parcours musical atypique : entre ses débuts oriental death et son évolution vers quelque chose de plus progressif et folk, sans parler de la grosse tournée orientale faite avec ses confrères tunisiens de
Myrath. La comparaison était loin d'être hasardeuse. Pourtant, rien ne pouvait nous préparer aux changements radicaux qui se sont produits cette année.
Arkan est un groupe en constante mutation et 2016 est bien là pour nous le prouver avec une nouvelle facette qui devrait en déstabiliser plus d'un.
Tout d'abord, le changement de thématique : après les mythes orientaux d'"
Hilal", le message de paix de "
Salam" et les adieux à un être cher de "
Sofia", "
Kelem" nous présente quelque chose de plus noir et marqué par le terrorisme, les conflits politiques et les crises migratoires qui bouleversent le même actuel. D'où le changement de design dans l'artwork : pas de peintures dépaysantes cette fois-ci mais une nouvelle oeuvre du maître
Seth Siro
Anton (Septic
Flesh). Mais ce n'est pas tout.
Arkan quitte son label d'origine, Season Of
Mist, pour Overpowered Records (
7 Weeks,
Nihilism). Sans oublier un bouleversement majeur dans le line-up avec le départ de Sarah Layssac remplacée de façon inattendue par Manuel Munoz, retrouvant dans le même temps le batteur Foued, son ancien acolyte de
The Old Dead Tree.
Cela n'est pas sans conséquences sur la musique des Parisiens.
Plus masculine mais toute aussi délicate, plus mélodique et moins incisive, plus atmosphérique et moins orientale, "
Kelem" ressemble à un melting pot osé entre les débuts d'
Arkan et
The Old Dead Tree, une sorte de death atmosphérique flirtant avec de petites tonalités arabisantes. Le chant dramatique de Manuel Munoz y est pour quelque chose, ce dernier apportant une aura et un charisme tout particulier dès le début de l'opus avec des titres comme "Kafir" ou "Nour".
Les ambiances sont travaillées et déchirantes et laissent ressortir une certaine mélancolie, que ce soit dans les mélodies à la guitare, la lourdeur de certains plans ou les lignes vocales ("Just a Lie", "Nour"). Les parties orientales sont beaucoup plus rares mais peuvent être considérées comme plus subtiles ("The Call", "
Beyond the Wall"). Il est clair que les amateurs du genre risquent d'être déçus par le manque d'orientalisme pur et dur qui faisait l'identité des opus précédents. De même pour les morceaux les plus costauds : ils sont moins évidents mais décoiffent dès qu'on les entend comme "Erhal" et sa force de frappe. Un death bien rageur qui tranche littéralement avec la délicatesse régnant sur l'ensemble des pistes.
"
Kelem" n'est pas facile à appréhender lorsqu'on connait
Arkan depuis ses débuts. On s'était habitué à ce death oriental, puis à ce folk soutenu par la voix chaleureuse de Sarah. Passer d'une chanteuse à un chanteur n'est pas aisé et cela relève généralement du défi.
Arkan s'en sort plutôt bien, Manuel ayant une présence tout à fait surprenante. Mais la bande perd un peu son côté personnel avec un style peut-être trop proche de celui de TODT, une thématique certes actuelle mais devenue trop courante, des touches dramatiques qui peuvent paraître exagérées, et une pochette identifiable et pas originale. Chacun fera sa propre interprétation, que ce soient les fans de la première heure, ceux qui ont découvert en cours de route, ou bien les petits nouveaux qui découvriront avec ce "
Kelem". Car cette nouvelle facette d'
Arkan est toute particulière...
J'ai hâte d'écouter ça, ta chro vend du rêve !
À l'époque les changements radicaux au niveau du chant et aussi un peu du style musical a pu en rebuter certains moi y compris mais après plusieurs écoutes j'ai trouvé cet opus très bon. Reste à savoir si le groupe continuera vers ce style ou évoluera autrement si le groupe est toujours actif car ça fait déjà 4 ans que cet album est sorti.
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