Croyez le ou non mais
Arkan est originaire des vertes contrées urbaines et industrialisées de France, plus particulièrement de
Paris. Étonnant n'est ce pas ? Née il y a plusieurs années sous l'impulsion de Foued (ex-batteur de
The Old Dead Tree), la formation distille un alliage de death metal mélodique et de divers influences orientales épicées propres aux pays nord-africains.
On se souvient tous de la tempête «
Hilal » qui s'était abattu sur nos têtes, faisant par la même occasion de nombreuses victimes étouffées dans leurs chèches. Il fallait voir le nombre de neurones désagrégées et fumantes à même le sol. Ainsi acclamés par la critique, malgré quelques petits problèmes de structures, les parisiens ont bossé dur pour nous présenter un successeur capable de soulever le monde sur ces épaules. Les enfants du désert ont donc eu à cœur en 2011 de livrer une nouvelle décharge façonnée dans la terre cuite : «
Salam » (la paix).
Produit au Studio Fredman sous la houlette de Frederik Nordström, le délice mielleux, servi en passant avec de l'eau de rose, a des allures de véritable festin des milles et une nuit. Et l'on s'en rend compte des la première frappe sournoise de l'album. « Origins » entame ce voyage initiatique au pays des nomades et des gens d'aventures de manière délicate. Les caresses thérapeutiques du oud nous transporte jusqu'à ce que les growls caverneux du djinn Florent dévastent tout sur leurs passages. On sent tout de suite que l'apport d'éléments folkloriques divers et variés sera l'un des points forts de ce « paix » (arrêtez de rire). Renforçant ainsi le côté ethnique de l'objet, les français vise le haut du panier mais n'en oublient pas pour autant le côté extrême.
Les riffs viscérales et complexes sont décochés de manière précise et viennent se fracasser sur le mur divin de la princesse Sarah Layssac (ex
The Outburst). La ténébreuse virevolte sur des lignes de chants arabisantes et nous enveloppe de sa grâce enivrante. Ce qu'on peut noter d'ailleurs, c'est que la belle intervient beaucoup plus souvent dans le processus structurel des morceaux, ce qui n'est pas pour déplaire au sultan qui sommeille en nous. De refrains entêtants («
Blind Devotion ») à des moments de voluptés apaisantes (« Call From Within »), l'auditeur est enclin à traverser cette mer désertique.
L'un des gros reproches qu'on avait pu constater sur «
Hilal » venait de la séparation beaucoup trop visible entre les parties brutales et orientales. Autant dire qu'ici la fusion des corps ardents est beaucoup mieux maîtrisée malgré le côté formaté de certains morceaux , rappelant parfois un Oprhaned
Land il faut le dire (ça y est le mot est lâché). Bon,
Arkan se révèle beaucoup plus couillu que les israéliens et on ne s'étonnera guère de côtoyer de véritables moments de bravoures plombés par la moiteur accablante du dieu Ra. Ce terrible « Deus Vult » en est la preuve et voit l'apparition d'un guest de choix en la personne de Kobi Farhi (chanteur d'
Orphaned Land, tiens donc). La dualité vocale des frères ennemis prend tout son sens dans un titre réfléchi au pouvoir attractif certain.
On pourra tout de même reprocher au groupe de toujours afficher les mêmes schémas pré-établis (intro acoustique+ break oriental). Des entrées en matières beaucoup plus rentre dedans auraient été plus judicieuses et surtout ne résonneraient pas comme des amorces téléphonées.
«
Salam » s’essouffle même un peu en bout de parcours également, la faute a beaucoup trop d'interludes atmosphériques qui ont le don de briser la rythmique.
Mystique dans leurs approches, les treize pièces qui jalonnent cette pyramide musicale valent le détour. Réussir à s'imposer dans un style où beaucoup de groupes s'engouffre est ardu. Faisant preuve d'une intelligence sans faille,
Arkan arrive à tirer son épingle du jeu et confirme tout le bien qu'on pouvait penser de lui. On n'échappe malheureusement pas aux clichés des interludes sirupeux, malgré tout on leur donnerait le bon dieu sans confession. C'est ça la marque des grands (pharaons ? ).
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