The Acacia Strain fête aujourd’hui ses vingt années d’existence, un événement quelque peu gâché par la pandémie actuelle et les difficultés qui s’en suivent. C’est en suivant ces récents bouleversements que le groupe a publié l’année dernière sa neuvième toile,
Slow Decay, annoncée comme l’un des opus les plus sombres de la discographie des américains. Le frontman du groupe, Vincent Bennet, explique que le concept de l’album s’intéresse à la réalité qui se décompose autour de nous. En effet, selon lui, l’Homme aurait terminé sa vie utile sur terre et assisterait actuellement à sa disparition. Le vocaliste nous précise également que cet extinction s’exprime librement dans le travail instrumental et lyrique.
Sur ce point, la formation respecte parfaitement ses paroles avec onze titres extrêmement pesants et obscurs. Le quintet suit également ses précédentes productions, notamment
Gravebloom et
Coma Witch avec un death puissant et morose et une patte hardcore qui apporte la rage et l’impact des compositions. Sur le travail des guitares, c’est un esprit plus djent qui s’amorce et qui intensifie cette sensation intimidante, mélancolique et maussade. On observe une amélioration sur l’écriture de la batterie, qui se montre plus véloce qu’auparavant et surtout mieux mis en avant. Le groupe a d’ailleurs collaboré avec
Randy LeBeuf, pour qui l’on doit l’accomplissement technique de certaines parutions de
Thy Art Is Murder,
Northlane ou encore
Crossfaith.
L’atmosphère morbide est parfaitement palpable dans des titres tels que The Lucid
Dream, en featuring avec Jess
Nyx (
Mortality Rate), où le screaming de la chanteuse sonnerait presque comme du dégoût. C’est également ce morceau qui affiche le plus clairement l’esquisse hardcore avec une intransigeance et une austérité omniprésente. Le quintet nous affiche parfois des passages un peu plus atmosphériques, synonymes d’espoir et renouveau. C’est notamment le cas dans le titre One Thousand
Painful Strings, avec la contribution de Courtney LaPlante (Spiritbox) et qui signe une nouvelle fois une performance remarquée.
La descente aux enfers se manifeste même dans le nom de certaines chansons, à l’instar de Crippling
Poison ou de
Earth Will Become Death. Si le groupe a su parfaitement exploiter son sujet, il n’en demeure pas moins le développement d’une certaine redondance. En effet, même si l’inspiration des américains reste relativement unique, il ne nous empêche pas de ressentir parfois une absence d’audace et de réelle proposition. Ce principal défaut réside de la performance vocale de Vincent Bennett, qui, même s’il nous offre une intense prestation, peine à varier son timbre mais aussi à certains riffings un peu récurrents. Cela est le cas pour
Solace And Serenity, dont la variation instrumentale et le chant demeurent assez limités. Crippling
Poison présente ces mêmes défauts, avec en plus un esprit très paresseux.
Slow Decay n’est sûrement pas la meilleure découverte et stupéfaction de l’année 2020 et de deathcore de manière générale mais
The Acacia Strain signe tout de même un neuvième résultat tout à fait convaincant, dans la parfaite continuité de ce que les américains nous proposent depuis plusieurs pièces. La promesse du groupe est parfaitement tenue et les douze titres nous affichent clairement les prochaines heures sombres de l’humanité. Avec un peu plus de prises de risques et un travail vocal un peu plus diversifié, le quintet pourrait facilement revenir sur les devants de la scène deathcore. Reste à la formation de trouver la bonne recette.
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