Dans des temps lointains et reculés, il y eu un jour où la France produisait, artisanalement, un hard rock typiquement franchouillard que fit la renommée de groupes aujourd’hui cultes comme
Killers,
ADX ou encore
Trust. Une époque archaïque, anachronique actuellement, faite de sueur, de muscles, de gros riffs et de vestes à patch.
Puis une décennie de disette musicale, un vide béant, dans lequel la France s’est autoproclamée comme mauvaise en hard rock, et où il faisait bon dire pour un groupe français aux producteurs qu’il était originaire de l’autre côté du Rhin. L’avènement du néo métal, du death et du black (dans lequel
Loudblast tenta de se faire vainement un nom) n’arrangea rien.
C’était un temps qui nous semble maintenant ridicule, presque vexant, gênant pour nos fiertés et nos égos. Si la France est devenue avec le temps l’un des foyers métal les plus originaux de la planète (est-il utile à un français de faire une liste non exhaustive ?), il y eu cette révolution, cette envie de renaissance de la part du métal mélodique traditionnelle.
On citera Malédiction, les géniaux
Manigance, mais également, pour une tranche plus jeune et attirée vers le speed,
Heavenly. Inspirés ouvertement par la grande vague allemande instaurée par les citrouilles d’
Helloween et perpétuée dignement par les grands
Gamma Ray,
Blind Guardian (dans un premier temps)
Iron Savior et autres
Edguy, les jeunes d’
Heavenly vont ravir les oreilles de français en cruelles crises d’infériorité.
Si "
Coming from the Sky", sorti juste avant le bond dans le troisième millénaire, laissait apercevoir un intéressant potentiel créatif, "
Sign of the Winner", de deux ans son cadet, fut la bombe que tout le monde espérait et attendait.
Un speed vif, galopant, généreux et mélodique, dans la parfaite lignée des deux premiers "Keeper of the
Seven Keys" et
Gamma Ray qui allait remplir de fierté tout une nation.
"
Sign of the Winner", le titre track, nous emmène dans les palais ambitieux et oniriques du
Helloween mythique (Ben Sotto, même s’il manque et manquera toujours de personnalité, est impressionnant de mimétisme) couplé avec la puissance grandiloquente du second groupe de Kai Hansen, particulièrement concernant les chœurs sombres et le déluge de double pédale. Il faut tendre l’oreille pour ne pas croire que cette mélodie, si typiquement germanique, n’est pas le pur produit d’un teuton pur souche, et que le vocaliste n’est pas le Kiske d’antan. Et ce refrain, que l’on croirait tout droit sorti de "
Land of the
Free" ou "Somewhere
Out In Space".
Pourtant, on ne peut pas affirmer qu’
Heavenly aura choisi complètement la voie de la facilité et de la paresse créative. En effet, il faut oser ouvrir le disque sur ce "Break the
Silence" symphonique, longue ouverture instrumentale de quatre minutes, emplie de grâce à peine écornée par une production certes cheap mais pleine de bonnes idées et de cœur. Une montée en puissance, belle et mélodieuse, presque (ne l’oublions pas) personnelle. Et "
Destiny" enflamme la marche et nous installe sans aucune forme de délicatesse dans un speed sans concession et au combien majestueux, aux claviers ingénieux et imaginatifs (le début du morceau). Il y aura ce cri, ce hurlement, suraigu, comme sortie des canons d’un archange, d’un jeune homme nommé Ben.
Fortement chargé en adrénaline et en vitesse, armé de missiles répondant au doux nom de "Condemned to
Die" (le break est assez impressionnant tant Ben adopte les mêmes tics vocaux de Kiske, mais en lui-même très réussi) ou encore Words of Change, ce second opus se veut efficace et puissant, sans la concision que l’on aurait pourtant souhaité voir apparaitre. Car il faut avouer que l’album se retrouve parfois indigeste, partagé entre un superbe "The World
Will Be Better" et son approche «
Angra-esque » (l’intro évoquant un "Time" ou un "Stand Away" des familles) ou un fade "Still Believe", copie presque conforme au "
Heart of the
Rainbow" de
Freedom Call, publié quelques mois en amont.
Terminer l’opus par le titre le plus long n’est de plus pas un fait du hasard ("
Halloween" et "Keeper of the
Seven Keys" clôturant chacune leurs parties respectives). Pendant neuf minutes, les français délivrent ce qu’ils font de mieux, mais l’impression de fraicheur et de quiétude du début d’album n’y est plus, à l’instar d’un groupe s’essoufflant pendant son propre disque. Parfois poussive, cette longue composition, malgré des soli étourdissants de maitrise, pêche par sa production qui ne semble ici plus adaptée à tant de richesse. Le tout sonne « trop », manque de cohésion, enchainant des plans et non plus une suite naturelle.
Portant finalement en partie bien son nom, "
Sign of the Winner" aura permis d’imposer
Heavenly parmi les groupes qui comptent à travers le paysage hexagonal mélodique. Actuellement, si l’on fait une rétrospective de leur néanmoins courte carrière, on ne peut que regretter que le groupe se soit encore perdu en chemin, ne parvenant pas à trouver sa propre recette ("
Virus" étant une malheureuse copie d’un
Gamma Ray en pleine crise). "
Sign of the Winner" avait vu le jour a une époque où le genre était signé à tour de bras, où les albums sortaient et se vendaient par palettes auprès de jeunes avides de savoir. Mais dans le contexte actuel, autant musical qu’extra-musical,
Heavenly aura de réelles difficultés à perdurer sur la scène, s’il ne fait pas plus d’effort pour se construire une personnalité. Il s’agira de la prochaine étape dorénavant…
J'avais découvert le groupe sur un live de "Intégrité" et j'avais été surpris que le chant passe si bien, sur une musique finalement métal et par hard moisie.
J'ai donc acheté "D'un Autre Sang" et je me souviens encore de mes premières impressions, notamment l'intro de Empire Virtuel (très Symphony X dans l'esprit), les textes poignants de Mourir en Héros et surtout Damoclès...tu les as vu en concert ?
Longtemps que je n'ai pas mis les pieds dans une salle de concert...donc, non...
Je vais aller voir Nightmare la semaine prochaine et dans la catégorie du heavy français, je crois qu'on tiens les deux plus grands groupes de la scène...
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