Issu de la fameuse scène Death
Metal floridienne,
Brutality a fait ses classes quasiment en même temps que
Deicide et
Morbid Angel les papas de cette scène, mais ne parvenant pas à trouver un deal avec un label à la différence des deux monuments cités, le combo de Jeff
Acres continue d’enchainer les démos avant de finalement obtenir une signature chez
Nuclear Blast pour le monumental
Screams of Anguish (1993). Trop tard, le train est déjà passé, et malgré des sorties musicales marquantes
Brutality restera toute sa carrière un groupe respecté dans l’UG mais à la notoriété limitée, splittant d’ailleurs en 1996 peu après la sortie de son troisième disque.
Depuis,
Brutality a effectué d’innombrables retours plus ou moins utiles, dont le plus intéressant et productif est bien entendu la période durant laquelle il a enfanté le superbe EP
Ruins of Humans (2013) et le bon full-length
Sea of Ignorance (2016), avant hélas d’annoncer à nouveau sa séparation pendant la période morose du covid 19. Un split qui n’aura donc pas duré longtemps puisque Scott Reigel annonce dès 2021 que le quintette reprend du service.
Nous aurions tous préféré un nouvel album en bonne et due forme (ce sera sans doute soit ça, soit un 53ième split), mais à ce jour il faudra se satisfaire de cette compilation
Sempiternity (2022).
Ce disque est clairement séparé en trois parties distinctes dans l’ordre : deux nouveaux morceaux, deux titres réenregistrés et quatre joués live. On retrouve sur Orchestrated
Devastation la patte
Brutality : ses riffs imparables et puissants mais néanmoins subtiles et régulièrement doublés à la tierce, le chant toujours aussi caractéristique de Scott Reigel qui n’a pas perdu grand-chose de sa puissance vocale d’antan, ainsi que les leads particulièrement travaillées et mélodiques.
Pour les fous qui n’auraient encore jamais posé une oreille sur
Brutality, sachez que musicalement on se situe quelque part entre la violence d’un
Deicide, l’habileté d’un
Monstrosity et la science du riff imparable d’un
Morta Skuld. Fuent In
Silence est plus direct avec de la double pédale en abondance et les guitares agressives de la paire Jay Fernandez / Jarret Pritchard. Pour la section des nouveaux titres le boulot est fait, cela dit comme sur
Sea of Ignorance : les plans de batterie vraiment à part de
Jim Cocker manque un peu, Ronnie Parmer ayant un jeu plus conventionnel à mon sens.
Dépoussiérer des vieux titres au travers d’un réenregistrement,
Suffocation a lancé la mode il y a longtemps dans le Death
Metal et ce processus s’est littéralement démocratisé à en devenir presque banal. Alors il y a deux écoles : à ma gauche les « cétémieuxavant » qui préféreront quoi qu’il arrive les anciennes versions, à ma droite les curieux qui adorent comparer anciennes et nouvelles versions. Cela dit les conclusions sont souvent les mêmes et ces deux « auto-reprises » de 2018 n’échappent pas à la règle : des versions récentes avec une production plus solide et mieux exécutées par les musiciens, mais qui perdent un peu d’authenticité, c’est exactement ce qu’on peut dire d’Artistic Butchery issu de
When the Sky Turns Black. La nouvelle version de Crushed tiré de
Screams of Anguish est toutefois assez intéressante et les modifications profitent à l’ensemble, notamment ce léger ralentissement de tempo sur le refrain par rapport à l’original qui renforce la puissance du titre.
Les titres live proviennent tous de la prestation de
Brutality au Maryland Deathfest 2019, et je dois avouer qu’elle me donne un profond regret concernant leur annulation au Netherlands Deathfest (alors que finalement ils auraient pu y jouer vu qu’entre temps ils se sont reformés, ah y’a des vedettes !!). Le groupe a choisi trois morceaux du premier album et ça tombe bien car ce sont les trois meilleurs : le redoutable These Walls Shall Be Your Grave qui ouvre l’album, le simultanément mélodique et costaud Cries of the
Forsaken (que nous reprenions en répétition avec mon premier groupe
Dislocation mais que nous n’avons hélas jamais enregistré) et le vicieux Cryptorium. Le plus récent 48 to 52 tiré de
Sea of Ignorance complète la carré d’as de ce mini live. Très bonne interprétation, son impeccable, ça mériterait un album live à part entière ! Il est en revanche regrettable de n’avoir placé aucun morceau de « When the Sky » ni du sous-estimé
In Mourning, mais qui sait ce sera peut-être pour des sorties futures, ou pas…
La mission de mettre l’eau à la bouche aux fans avec ce produit hybride est incontestablement réussi et la conclusion est simple : merci, mais nous en attendons davantage.
BG
Ça donne envie! Et d'accord avec toi, IN MOURNING a été sous-estimé et surtout "descendu" par la presse!
Il me le faut !!! Brutality est le groupe avec lequel j'ai commencé à écouter du death metal et reste MON groupe préféré.
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