Liste des groupes Death Industriel Hypnosis (FRA-1) Seeds of Fate

Disponible en téléchargement libre sur le site du groupe, Seeds of Fate se positionne comme un album phare de Hypnosis, avant que ne débarque le dernier et définitif cd, The Synthetic Light of Hope. Pourquoi donc ? Si j’étais fainéant, je pourrais vous dire que c’est un album de transition entre Cyber Death et ce dernier, qu’il possède tous les ingrédients qui font l’originalité du death joué par Hypnosis, à savoir un death indus, hybridation entre un death virulent et corrosif, empruntant des touches électroniques et industrielles. Un aspect mécanique et artificiel se dégage de ces compositions sous acide, renforçant encore plus la puissance de la musique délivrée par Hypnosis, devenant depuis Shadoworld la marque de fabrique du groupe.
Mais non….trop facile.

Ce serait ne pas rendre hommage à l’énorme travail effectué ici par le trio.

Ce serait passer à côté d’un son extrêmement lourd et puissant (même sur un ordinateur !), guitares et basses jouant de concert pour un résultat à se dévisser la tête. Car oui, même si l’on est loin des brutes dans le genre, les riffs concoctés ici sont travaillés, intenses, appuyés par la batterie synthétique si caractéristique du groupe. Et autant vous dire que ça fait des ravages. Faites-moi le plaisir de poser une ou deux oreilles sur The Room ou Altered Reality pour vous en convaincre. Et je ne vous ai pas encore parlé de la suite…

Ce serait passer à côté d’un travail au niveau des chants qui touche du doigt l’excellence. Pierre au growl, Cindy, venant faire plus que le seconder avec sa voix toute féminine (vous vous en seriez doutés…). Et on se trouve à des années-lumière de tous les mauvais clichés inhérents au genre, couplets en growl, refrains mielleux et gémissants. Déjà parce que : UN, des refrains, il y en a peu (ça vient, ça vient…) ; DEUX, Pierre possède des cordes vocales en acier trempé, modulant des growl d’une profondeur sans égal. Quand à Cindy, elle est beaucoup plus présente que sur Cyber Death, jouant sur différentes émotions, de sa voix linéaire et presque passée à travers un filtre qu’on lui connaissait, renforçant le côté synthétique de la musique, mais aussi par certains passages presque lyriques un peu plus poussés (dans le bon sens du terme) sur Genesis Of Destruction ou Seeds of Fate, en duo avec Pierre ou seule.

Ce serait enfin ne pas reconnaître le sens de composition incroyable que possède le groupe. C’est bien simple, aucun titre ne descend en dessous des cinq minutes, Glittering Words se « traînant » à 5 :08, rythmique béton, double pédale et blasts au rendez-vous (pour les bourrins qui seraient déjà partis). Et alors ? Hé bien à moins de vouloir rallonger pour le plaisir, on se rend vite compte que les titres se suivent…mais ne se ressemblent pas. On passe d’un plan à l’autre, d’un passage groovy à des riffs thrash rentre-dedans, pilonnage en règle de la machine pour des courts instants de blasts ou autres délicatesses propres au death, entrecoupés par des breaks plus calmes grâce à ces samples électroniques chers au groupe. Beaucoup plus présents que sur Cyber Death, ceux-ci se paient même le luxe de faire bande à part lors d’un pont, d’une introduction. Variés, tour à tour électriques (The Room, Seeds of Fate), dansants (Erosion Of Thoughts), ambiants (Low Life Process), ils se placent en tant qu’élément clé de la musique du groupe, insufflant une touche d’originalité non négligeable.
Et encore une fois, la magie fonctionne, tout s’entremêle, se croise,les samples vrombissent, basse et guitares dansent, Cindy hurle à pleins poumons et Pierre chante de sa plus belle voix cristalline ! Du grand art. Tout simplement.

Avec cet album, Hypnosis perd un peu en efficacité et hargne ce qu’il gagne en originalité. Seeds of Fate est à ce jour l’album le plus abouti de la discographie du groupe, démontrant tout le savoir-faire et la progression accomplie. Si le chemin s’est depuis arrêté brutalement, il n’en reste pas moins qu’Hypnosis reste une valeur sûre pour tout amateur de death metal sortant un tant soit peu des sentiers battus. Et si en plus le groupe nous offre l’album gratuitement, on ne va pas se priver !