Pousser les limites, dépasser ses propres frontières, être en avance sur son temps, proposer une versatilité unique et poursuivre son exploration musicale sans se soucier des critiques. Voici comment nous pourrions résumer la carrière de
Motionless in White. En activité depuis 17 ans désormais, le quintet américain a toujours été un vent de fraicheur dans une scène metalcore parfois très stéréotypé. Même si la discographie des musiciens est loin d’être exemplaire, en témoigne le dernier opus
Disguise où le manque de créativité, de dépassement de soi ainsi que plusieurs titres primaires exposent un bilan très mitigé, les travaux des Américains ont toujours été pertinents et surtout proposent une personnalité singulière.
Mais c’est aussi sur ce visage atypique que la formation américaine dérange et déstabilise. A force de vouloir multiplier les influences, les styles et les impressions, il est parfois complexe de comprendre l’objectif et le message que nos artistes veulent nous transmettre. Pour certains, cette signature indéfinie se traduit par une recherche d’identité de la part des Américains. Pour d’autres et notamment pour les plus puristes, cette volonté du groupe d’étendre son art est un véritable blasphème. En d’autres termes,
Motionless in White est un combo qui questionne tout autant qu’il intrigue. Pour ne pas briser cette sphère mystérieuse, notre quintet nous présente leur septième opus intitulé
Scoring the End of the World, toujours sous la maison de disques Roadrunner Records.
Ce disque marque un tournant dans la lineup de la formation puisqu’il introduit deux nouveaux membres à savoir Vinny Mauro à la batterie ainsi que Justin
Morrow (ex-
Ice Nine Kills) à la basse et aux chœurs. Malgré ces changements, le collectif américain poursuit sa quête d’approfondissement en jonglant entre metal industriel, hardcore, rock, punk et d’autres genres musicaux. Comme l’ensemble de ces précédentes productions, le quintet américain va côtoyer le très bon, l’intéressant, le moyen et le complètement oubliable.
C’est souvent dans les morceaux les plus directs et les plus sauvages que nos Américains vont le mieux s’illustrer. La preuve en est dès l’entrée en matière avec
Meltdown qui ne révolutionnera peut-être pas l’univers de
Motionless in White mais qui affichera un regard très sérieux avec son riffing acéré et sa batterie prépondérante. Certaines sonorités futuristes viendront agrémenter ce premier cocktail explosif. Le morceau n’est pas forcément des plus techniques mais profite d’une agréable palette vocale. En effet, nous aurons le droit à une large étendue entre chant clair, screaming et même quelques prémices de growl. Pour pimenter un peu plus cette sensation de destruction, le groupe ne se privera pas d’un breakdown tranchant et percutant.
On retrouvera cette même animosité dans
Slaughterhouse en featuring avec Bryan Garris de
Knocked Loose.
Plus qu’un accompagnement, c’est une totale collaboration avec le chanteur que la formation nous amène puisque notre invité est littéralement au cœur du morceau du début à la fin. La composition est surprenante en tout point avec son double breakdown dont le dernier est une véritable boucherie, le renouvellement vocal lors du dernier refrain ou encore l’exercice de dissonance au niveau des guitares. La mélodie est imprévisible, la gymnastique sur les rythmes est variée pour un des meilleurs titres de la formation américaine.
Cyberhex est aussi une valeur forte de cet album. Résolument électro et fortement influencé par la science-fiction, la chanson est un excellent condensé du savoir-faire des Américains. Son esprit épique, son dynamisme, sa mélodicité ainsi que son refrain mémorable sont autant de preuves pour un titre solide et efficace. On regrettera néanmoins le chant de Lindsay
Schoolcraft (Cradle Of Fifth) finalement assez peu mis en avant par rapport à la prestation de Chris Cerulli.
Dans ses inspirations les plus évidentes, le quintet ne perd aucunement son intérêt. Qu’il s’agisse de
Red, White & Boom avec la participation de Caleb Shomo (
Beartooth) avec ses accents rock industriel omniprésents, une synthèse entre les dernières toiles de
Marilyn Manson et d’
Emigrate ou encore de
Werewolf avec son ambiance épouvante, un véritable clin d’œil au king de la pop Michael Jackson et son célébrissime Thriller, même si l’écriture des deux morceaux reste simpliste, leur intensité est totale.
Mais au milieu de ces belles réussites, certaines compositions vont afficher un profil bien moins convainquant voire risible. Parmi eux, nous pouvons citer
Masterpiece (qui n’est donc pas une pépite). Si l’atmosphère mélancolique est facilement discernable, si l’aspect lyrique est une franche réussite, dans son exécution la mélodie est générique et peu aguicheuse. La panne pour accentuer le côté émotionnel de l’instrumental donne finalement une perspective inverse, un tableau plus hargneux et menaçant qui nous éloigne du but recherché. Porcelain souffre des mêmes maux à savoir une instrumentalisation banale, un chant ainsi qu’un lyrisme certes déchirants mais une réalisation assez vide, totalement oubliable.
Scoring the End of the World est une suite logique à l’aventure de
Motionless in White. Le groupe persiste dans sa zone de confort même si certaines expérimentations sont à noter et à saluer. Si ce septième disque propose son nouveau lot de hits (
Slaughterhouse, Cyberhex,
Werewolf), si la production demeure impeccable, un certain sentiment de redondance et d’inégalité fera néanmoins son apparition rendant cette septième tentative seulement convenable, une tendance qui aurait pu facilement être inversé avec moins de compositions et moins de superflus.
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