Le «metal à mèche», cliché bien répandu à cause de cette tendance bancale qui a incroyablement dénaturé la signification de l’emo, aujourd’hui cela signifie pour le détracteur lambda: long cheveux teintés en noir qui forment une magnifique mèche en pleine face, des fringues aux couleurs tantôt criardes tantôt «so dark», visage peinturluré de maquillage et surtout musique bourrée de chant clair mielleux et de breakdown franchement énervants.
Mais s'il y a un groupe qui pourrait changer la donne, c’est bel et bien
Motionless in White, groupe de metalcore/screamo américain qui affiche un attachement à ses fan tellement énorme que le groupe leur a dédicacé un album, je parle bien de «
Creatures» déjà le troisième album à leur actif.
Ne nous arrêtons donc plus à la trombine des membres du groupe qui pourrait en rebuter plus d’un, il faut être un minimum curieux pour remarquer qu’on est loin du cliché «musique de dépressif bien mielleuse».
Les membres étant des «collègues» assez proches du légendaire
Alesana, il n’en demeure pas moins que la musicalité est tout de même assez différente, plus agressive et plus directe, rajoutant donc des éléments metalcore à un screamo de bonne facture.
Il est désormais temps de se pencher sur «
Creatures» (c’est ainsi que le groupe surnomme affectueusement ses fans). La pochette donne un rapide aperçu de ce qui se trouve à l’intérieur, couleurs froides et scènes nocturnes morbides.
L’album s’ouvre alors sur «
Immaculate Misconception», morceau qui ne fait pas dans la demi-mesure, attaquant directement par un mosh part qui fait monter la pression.
La voix torturée et violente de Chris «Motionless» Cerulli a gagné en puissance par rapport aux précédentes réalisations. C’est ensuite au tour du chant clair, et, à notre grande surprise, on se retrouve devant quelque chose de potable, même de qualité, pas de sample jusqu’à s’en faire exploser la panse, pas d’abus sur les airs «cucul la praline» et ça ne dure de plus pas éternellement, ça sonne juste et c’est bien accompagné par un instrumental qui lui aussi a évolué.
Voilà qui laisse bonne impression, sentiment qui ne sera pas relâché pour la suite, en particulier avec le titre «
Abigail».
Accompagnés de Nicholas Brooks lui-même,
Motionless in White nous affiche probablement le morceau le plus bouillant de cet album, envoyant des parties saccadées bien pêchues suivies de passages cleans qui gardent cette fougue propre au morceau, n’arrivant donc pas comme un cheveu sur la soupe. Courte expérience de presque 3 minutes qui confirme la place du groupe sur la scène qu’il occupe, terminé par un breakdown démarré de façon épique pour déboucher vers un final digne de ce nom. «
Abigail» est une belle bombe (non ne détournez pas la signification...) qui explose à la face de son auditeur, le scotchant au sol en sonnant comme un gros «On est loin d’être des mauviettes» scandé par un
Motionless in White hargneux et désireux d’en découdre.
Un peu plus loin dans l’album, nous nous retrouvons face à «
Cobwebs», résolument le morceau le plus ancré dans le post-hardcore/emocore, avec des riffs classiques, mais sympathiques et qui donnent la pêche, soutenus par une batterie puissante et précise.
«
Cobwebs» apporte un vent de fraîcheur et coupe un peu de l’ambiance glauque des pistes précédents.
Motionless in White signe encore une très belle création, affichant une sincérité immense, prouvant que ce groupe ne veux pas jouer dans le «trendy» et préfère proposer une musique bien à lui.
Une pause serait bien méritée pourtant, histoire de se remettre un peu de ses émotions et surtout de ne pas avoir la tête comme un compteur à gaz, et c’est là que «
City Lights» entre en jeu pour instaurer un moment de répit.
Morceaux aérien qui détend l’auditeur qui vient de recevoir une belle claque.
les samples sont agréables à écouter, accompagnant un chant plus calme, on est loin du morceau acoustique avec un chant pré-pubère pour ados encore embourbé dans le mainstream. La prestation des claviers est remarquable de part son habileté à soutenir une ambiance propre au groupe.
Le grand final pointe le bout de son nez, l’album «
Creatures» touche à sa fin avec «Scissorhands (The Last Snow)», en référence évidemment directe au film de Tim Burton.
Pour le dernier titre, le groupe a décidé d’envoyer tout ce qui lui restait, tout son savoir faire et assembler tout les éléments de l’album pour n’en faire qu’un seul. Respectant l’ambiance «burtonienne» du film et ajoutant avec talent des sonorités dignes de Danny Elfman,
Motionless in White conclu son album avec un bouquet final détonnant et remarquable. Toute la troupe envoie à la face de l’auditeur ce qui lui reste de forces, avec un batteur au plus haut de sa forme, martelant ses fûts frénétiquement avec une précision démentielle.
Avec «
Creatures»,
Motionless in White s’affirme comme une valeur sûre, dégageant une musicalité très personnelle et s’écartant de la vague «mainstream» qui installe les clichés à la pelle.
Une excellente production, un instrumental redoutable et des vocaux qui font mouche, cet album s’écoute sans peine, avec un ensemble très bien équilibré et pas trop bourratif.
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