Il trônait sur ce présentoir. La boutique se situait dans la rue partant de la « place carrée » en direction de la gare. Les disquaires en cette année 1981 avaient encore pignon sur rue. Les hyper-marchés et les gros distributeurs de biens culturels n’avaient pas encore fait main basse sur le circuit de distribution des disques vinyle, en particulier. C’était la fin de l’été dans cette bourgade du Cher, Saint-Amand Montrond, sous-préfecture, où votre serviteur vit le jour. Je passais mes vacances à 18 kilomètres de là. J’y ai mes racines, plantées dans cette région où la culture était d’abord celle de la terre. A l’opposé de ce continent qu’est l’Australie. Terre d’accueil pour des millions d’immigrants en provenance des pays du Royaume-Uni. Anglais, Écossais et Irlandais y bâtirent un nouvel avenir, sur un continent offrant toutes les palettes dont la nature disposait : mer, montagne, désert et terres fertiles. Je l’ai vu après avoir poussé la porte. Son nom «
Rose Tattoo » flottait sur un étendard du moyen-âge, fiché au dessus de cette photo prise live d’un
Angry Anderson figé en plein effort, escorté d’un Peter Wells soudé à sa guitare.
Je connaissais « Rock 'n' Roll Outlaw » mais j’étais loin d’imaginer l’électrochoc que cet album allait me donner. Comme si la connexion s’était faite au travers de ces 10 titres d’un naturel et d’une énergie puisés au fin fond des racines de ces cinq rockers tatoués. En à peine 40 minutes, l’empreinte de
Rose Tattoo vous marque au fer rouge. La prise d’assaut est rapide, musclée et ce disque a des allures de combats de rue, dans lesquels excellait le petit chauve, le Joe de la bande :
Angry le teigneux. Ces acolytes n’étaient pas non plus des tendres. Il fallait jouer des coudes et des épaules pour se faire une place au soleil d’Australie. Sur cet album, sorti en 1978 là-bas, on y retrouve une douce folie punk comme sur « Tramp », « TV » et «
Astra Wally ». Dallas «
Digger » Royal aligne sur le premier une ligne de frappe teintée de swing alors que la slide guitare, omniprésente mais toujours au service des compositions, et le chant d’
Angry virevoltent en un peu plus de 2 minutes. On monte crescendo avec le second, véritable ode anti lavage de cerveaux dont on affuble la télévision. Un titre court et nerveux, qui secoue bien. Un vrai déluge s’abat avec «
Astra Wally », pas de temps mort, le groupe vous prend à la gorge et vous assène en pleine face un titre sur-vitaminé. La section rythmique bastonne, le riff de Mick Cocks arrache tout et
Angry beugle à l’envie l’histoire de ce gentil bargeot, à en devenir hystérique dans son chant. Beaucoup d’urgence dans ces trois titres.
Mais les racines de ce disque restent bien entendu le Rock 'n' roll. Avec une grosse bouffée de blues. Un premier hymne « Rock 'n' Roll Outlaw » qui en quelques secondes offre toute la quintessence du groupe et son identité : un bon groove de batterie, assistée d’une basse solide et un duo de guitaristes où l’un propose des riffs et des rythmiques inspirés alors que le second nous fait découvrir les solos sur la slide guitare. Et cette voix, ce chant arraché des cordes vocales d’un leader/front man qui cherche en permanence le contact physique, comme si chaque titre était un nouveau round d’un combat duquel il voulait sortir vainqueur. Une quasi autobiographie d’
Angry sur «
Bad Boy for Love », envoyé avec une certaine dose de classe et ce riff de guitare qui ne quitte plus votre cerveau, binaire et entêtant. Et puis, il y a ce tryptique magique, rodé pour la scène, symbole d’une vie de co
Pains, unis, tatoués et durs à cuire. « Nice Boys » est un pied de nez à ceux qui sont trop clean. Le rock est l’affaire des mauvais garçons clame
Angry. Qui irait lui dire le contraire lorsque son groupe vous martèle cette vérité avec une chanson en contre temps et qui repart sur un rythme à perdre haleine. Encore un témoignage vécu d’
Angry avec «
One of the Boys », véritable pépite d’or fin. Une attaque de morceau qui fait taper du pied. Ce swing de batterie qui contraste avec le direct pleine face du chant. Encore une réussite de pur rock, du rythme, de l’authenticité. Un écrin de qualité pour des guitares qui donnent le frisson. Et ce «Remedy» lorsque la vie fout le camp, c’est bien entendu le rock, celui de
Rose Tattoo. Morceau magique ! Peter Wells est époustouflant du début à la fin et derrière c’est malsain mais divin. Mick Cocks assure le tempo avec ses deux potes de la section basse-batterie, et les chœurs participent au délire commun. Trop court par moment mais diablement efficace.
Du blues pour finir. D’abord avec un « Stuck on You » qui donne l’étalage de la sensibilité du groupe lorsqu’il faut parler d’amour. Naïf mais d’une infinie douceur, ce morceau synthétise dans un registre à part les influences des musiciens. Et puis, la pièce maitresse de ce premier album : «The
Butcher and Fast Eddy » retrace la rivalité entre deux chefs de gang. Le blues ultime pour un groupe de rock avec un riff singulier, quasi inquisiteur. Chant entonné avec respect pour cette histoire où les valeurs de la vie sont mises en avant : code d’honneur, droiture, courage. Le bon gagne à la fin. Pour une fois. Un morceau qui confine à l’orgie, durant lequel Mick Cocks se lâche dans un solo ciselé pour ce titre et où
Angry, habité au fur et à mesure du déroulé de cette histoire, hurle le destin tragique d’un des deux protagonistes. Un premier opus, un coup de maître. Ce disque regorge de titres réussis, composés sans fioriture. Un rythme nerveux avec un goût de trop peu parfois. Une véritable empreinte et une marque de fabrique. Un papier carbone posé sur l’existence de personnages partis à l’autre bout de la planète, des valeurs humaines, où l’on ressent que tout vient des racines.
I die young, from livin’ fast….
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Le pays de Mad Max n'est peut etre pas le plus grand pays en matière de groupes rock, hard rock ( connus ) mais c'est pas grave, car avec AC/DC, Rose Tattoo et Airbourne, pour ne citer qu'eux, c'est deja une fameuse référence.
Ce Rose Tattoo, éponyme du meme groupe, c'est une déferlante de morceaux rock, hard, punk, blues. Ca pue le whisky, la bière, la clope, les gros seins, les kangourous ... ( Heu non pas les kangourous )
Rien à jeter sur cette galette, une mention pour Rock 'n ' roll outlaw, ze tube of Rose Tattoo, The butcher and fast Eddy, un bon blues crasseux que n'aurait pas renié Bon Scott et AC/DC et pour finir l'album, Astra wally, une véritable tuerie.
A noter dans les morceaux bonus, Snow Queen, dont le riff me fait penser à High Voltage du meme AC/DC.
A posséder absolument. 19/20
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