Prudence est mère de sûreté, dit-on... Un adage suivi à la lettre par ce quartet français créé en 2017 à Nîmes ! Pour rappel, après trois années d'un travail des plus minutieux en studio, le combo nîmois nous gratifia d'un frissonnant EP, «
Behind the Veil », en guise de message de bienvenue. Deux ans sépareront ensuite cet encourageant opus de son successeur, «
Enochian Keys - Chvpter I », un premier album full length aussi complexe que tourmenté. Deux années supplémentaires seront alors requises avant de voir le combo français réapparaître dans l'arène, muni d'un effort de même acabit répondant au nom de «
Rites of the Damned - Chvpter II » ; une auto-production qui, comme sa devancière, affiche 10 pistes au compteur et dispatchées sur un ruban auditif de 42 minutes. Ce nouvel arrivage constituerait-il dès lors un arsenal suffisamment efficace pour permettre à nos quatre compères de se muer en de redoutables gladiateurs face aux si nombreux opposants que compte cet espace metal ? Leur autorisera-t-il, cette fois, l'accès au rang de valeurs montantes du si prisé registre metal symphonique à chant féminin ?
Dans cette nouvelle aventure, nous embarquent à nouveau : Victoria Hove, chanteuse au cristallin filet de voix et growleuse aguerrie,
Silver Croze (
All Dogmas We Hate, Podonok) aux guitares, Florian Bestion à la basse et Clément Jost (Krematoria) à la batterie. De cette étroite collaboration émane un propos dans la lignée stylistique de son devancier, à savoir, une œuvre metal symphonique aux colorations power et dark gothique, où les sources d'inspiration sont à puiser, là encore, dans le patrimoine compositionnel de
Darkwell,
Draconian,
Tristania,
Atargatis,
Xandria et de
Nightwish. Par ailleurs, tout comme son prédécesseur, ce nouvel élan jouit d'une production d'ensemble de bonne facture, à commencer par une qualité d'enregistrement difficile à prendre en défaut et un mixage équilibrant instrumentation et lignes de chant à parités égales. De quoi nous intimer d'embarquer sans plus attendre à bord du cargo, pour une croisière en eaux profondes, que l'on espère ponctuée de terres d'abondance...
A l'instar de son aîné, les pistes les plus enfiévrées de ce mouvement aspireront volontiers le tympan du chaland. Ainsi, passée « Rites of the Damned (Intro) » – brève entame instrumentale gothico-symphonique parsemée d'anxiogènes incantations féminines –, l'impulsif « The Masque of the
Red Death » n'aura de cesse de nous bousculer, pour mieux nous retenir, in fine. Aussi, effeuille-t-on un frissonnant up tempo power symphonique gothique aux riffs acérés et sous-tendu par un martelant tapping ; disséminant de sémillants arpèges d'accords mis en exergue par les troublantes oscillations de la sirène et laissant entrevoir un fringant solo de guitare, ce pulsionnel et intrigant effort à mi-chemin entre
Darkwell,
Draconian et
Nightwish, ne lâchera pas sa proie d'un iota. Dans cette dynamique, on ne saurait davantage éluder le sanguin « Litanies of
Darkness », et ce, tant au regard de l'infiltrant cheminement d'harmoniques qu'il nous invite à suivre que pour la soudaineté des galvanisantes accélérations de son dispositif instrumental. Mais le magicien aurait encore d'autres tours dans sa manche...
Dans une même énergie, le propos se fait volontiers un tantinet plus obscur, non sans laisser quelques traces indélébiles dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon. Ce que prouvent « Haunting
Curse » et «
Seance of Shadows » comme «
Spectral Dominion », rageurs et énigmatiques efforts dark gothique au carrefour entre
Tristania et
Draconian ; offrant de saisissants effets de contraste oratoire – les claires inflexions n'ayant de cesse de faire front aux growls ombrageux de la belle –, et égrainant d'insoupçonnées et grisantes montées en régime du corps orchestral, ces trois tempétueux méfaits se font parallèlement tantôt rayonnants tantôt gorgonesques. Et, dans un cas comme dans l'autre, la sauce prend, in fine. Dans une même énergie, s'inscrit encore le tortueux «
Ethereal Necropolis » ; une piste aussi mystérieuse que complexe, propice à un headbang bien senti.
Lorsqu'il en vient à alterner plus franchement ses phases rythmiques, le collectif trouve non moins les clés pour nous aspirer dans la tourmente. Ce qu'illustrent, d'une part, «
Unholy Verses » et «
Bloodmoon Invocation » , mid/up tempi metal symphonique aux relents dark gothique, à la confluence de
Tristania et d'
Atargatis ; une guitare éminemment incisive et une basse plombante partagent alors ces deux espaces instrumentaux avec une batterie tantôt agressive tantôt empreinte de légèreté, au moment où se déploient à la fois les angéliques volutes et les growls caverneux d'une interprète bien habitée. Revêtant une coloration power symphonique, le polyrythmique et ''nightwishien'' «
Danse Macabre », lui, se plaît à emprunter des chemins de traverse tout en nous abreuvant d'un délicat tapping et en sauvegardant une mélodicité toute de fines nuances cousue. Et la magie opère, une fois encore.
A l'issue de cette traversée dans une mer on ne peut plus houleuse, on pourra se surprendre à une remise du couvert sitôt l'ultime mesure de la galette envolée. Force est d'observer que le combo nîmois a peaufiné son ingénierie du son tout comme son set de compositions, au demeurant aussi torturées et complexes qu'entêtantes. Tout aussi sombre mais moins déroutant que son devancier, cet opus pourra, lui, recueillir l'adhésion d'un tympan de la première heure. Cependant, les exercices de style gagneraient, là encore, à se faire plus variés et les lignes mélodiques un poil plus enveloppantes qu'elles n'apparaissent pour espérer étoffer encore davantage l'auditorat du collectif français. Des arrangements de bon aloi, de louables prises de risques, et l'absence de tout frustrant bémol plaident, toutefois, en la faveur de notre quatre acolytes. Bref, une œuvre aussi pénétrante et délicate qu'intrigante, offrant dès lors au groupe une voie d'accès au rang de valeur montante de l'espace metal symphonique gothique ''occulte'' à chant féminin...
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