Au New Jersey, en 2001, les mariachis sont loin de l'image folklo que l'on se fait d'eux.
Pas de sombreros, pas de ponchos, pas de siestes le long des voies ferrées, les 6 latinos américains d'Ill Nino ont des dreads, se fringuent sur les conseils d'un designer de manga, et, un peu à la façon d'Antonio Banderas dans
Desperado, font parler la poudre plutôt que de pousser la chansonnette. Chronique d'un blockbuster
Metal du début de 21e siècle.
Si Revolution Revolucion n'est justement pas en soi une révolution ( en effet,
Sepultura et
Soulfly étant déjà passés par là auparavant ), il parvint néanmoins à cette époque à mettre tout le monde d'accord, et à hisser un groupe tout jeune encore directement vers les sommets. Idolâtrant Max Cavalera et son œuvre, les 6 gaillards ne s'étaient même pas rendu compte qu'en livrant leur 1er opus à la face du monde, ils avaient alors considérablement ébranlé le trône de leur demi-dieu, que tout le monde pensait alors intouchable ( lui compris ), se reposant sur ses lauriers, car persuadé que personne ne pouvait lui arriver à la cheville sur son propre terrain. Comme il avait tort ! Non content de moderniser le
Metal tribal, Ill Nino faisait là une queue de poisson à leur idole un peu éssouflée, ainsi qu'à tous les autres groupes
Metal " hype " de l'époque.
Korn,
Machine Head et
Limp Bizkit n'avaient plus qu'à se rhabiller, Ill Nino était LE groupe qui cognait plus dur que les autres, aux côtés d'autres derniers-nés d'un Neo
Metal alors en perte sérieuse de vitesse. La recette est simple, mais ô combien efficace ; une alternance fluide entre passages de bucherons et parties mélodiques qui se vissent dans le crâne, avec bien souvent, un gros break inattendu qui fait la part belle aux influences hispaniques du groupe ( cf le break excellent de flamenco dans le brulôt "
God Save Us " ).
Ill Nino va en effet bien plus loin que Soulfy en incorporant à sa musique des sonorités latines.
Outre la présence d'un DJ ( qui ne restera pas cependant ), distillant ci et là samples et scratchs, l'apport de sons hispaniques parfaitement intégrés au
Metal bourru du groupe le distingue franchement. L'album se conclut d'ailleurs sur une jolie ballade flamenco chaleureuse ( malheureusement chantée en anglais, et pas en espagnol ), qui permet de calmer les esprits après la tempête, car oui, il y'a de fortes chances que vous ayez été auparavant quelque peu bousculé.
Même si certains refrains risquent de rebuter les plus hardcore en raison du côté un peu popisant par moments, la plupart se régaleront en écoutant cette débauche Metallique, cette orgie sonore pareille. La montée en puissance de "
God Save Us ", le survolté " Rumba ", les " No Murder, No Murder " scandés en mid tempo par un Christian Machado enragé, l'intense et furieux "
Liar " ( sûrement l'un des meilleurs titres de l'album ), autant de moments terribles et imparables qui raviront les amateurs de gros son. Les plus calmes préféreront se retrancher sur les singles "
Unreal " et "
What Comes Around ", plus accessibles, bien qu'impeccables, ou sur le presqu'indus " Predisposed " au rythme plus posé, tandis que les sauvages d'entre nous jetteront leur dévolus sur l'épileptique " If you Still
Hate me ", et surtout sur le gargantuesque " I am
Loco ", véritable perle de
Metal viril et couillu.
Aujourd'hui, Ill Nino pêche un peu.
Plus d'inspiration, plus de gros label apte a leur fournir un son aussi énorme que celui des premiers opus, " l'enfant malade " n'a plus le tempérament aussi tempétueux qu'autrefois. Le groupe ne nous sortira plus de tornades pareilles, mais ce premier opus sorti d'un peu nulle part, n'a pas pris une ride ! A écouter par jour de grand vent ( et pas que )…
Pour ma part je trouve que c'est le meilleur album d'Ill Nino et de loin
Je pense qu'on peut le considérer comme un incontournable du genre, que ce soit dans le genre "latino metal" ou le genre néo. Comme le souligne le chroniqueur, cet album est un ouragan, de par son inépuisable énergie, ses mélodies travaillés et son côté flamenco splendide.
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