Avant,
Ill Niño c’était bien… Pur produit labélisé Roadrunner, les nouveaux
Soulfly ont su surfer sur la vague neo metal et conquérir bon nombre de fans avec leur son dépotant mêlant neo récurrent et influences tribales espagnoles. Ainsi, ils ont réussi à s’imposer aux côtés de
Soulfly et
Sepultura, sans toutefois faire de l’ombre à Max Cavalera. Néanmoins, le groupe a proposé trois monstrueux albums, une multitude de clips bien foutus et des singles à foison. Un groupe Roadrunner en somme…
Juin 2006, le groupe quitte comme beaucoup d’autres Roadrunner et s’installent chez le petit label indépendant Cement Shoes Records qui vient tout juste d’être créé. C’est l’occasion de proposer quelque chose de neuf, un son plus personnel et moins stéréotypé, moins « gouverné » par le gros label américain. Pour se chauffer, ils sortent un EP composé de deux titres inédits et de quatre reprises plus ou moins intéressantes (
Nirvana,
Faith No More et Peter Gabriel). Pour les fans, ce petit CD n’est là que pour remplir sa collection et attendent le successeur de l’excellent
One Nation Underground. Et c’est parti pour une série de déboires sans fin…
Toujours produit par Eddie Wohl,
Enigma est enregistré en 2007 à
Los Angeles pour une sortie prévue pour le mois de juin de la même année. Des retards de production, Jay Baumgardner qui galère pour le mixage, un mastering (par le vétéran Dave Schultz, souhaité à tout prix par le groupe) toujours pas commencé, une promo lancinante…
Enigma, un album maudit ? Sûrement, le groupe ayant finalement sorti leur galette en mars 2008 avec une faible promotion, un premier single boudé par les fans, un clip bien moche et comble de tout, le label qui n’a toujours pas payé l’enregistrement. L’album fait un joli bide, les fans du groupe se réduisent au minimum,
Ill Niño descendent sur terre et se mordent les doigts. Explications…
Après trois albums conquérants, on avait confiance en
Ill Niño, le groupe arrivant à chaque fois à se surpasser dans ses compos, proposant une foule de riffs accrocheurs et mémorables, ajoutant judicieusement le côté tribal sans en faire des tonnes, mêlant brutalité (un terme relatif bien sûr) et mélodies envoutantes.
One Nation Underground était allé plus loin, devenant le meilleur album du groupe, moins néo mais tout aussi prenant. Hélas,
Enigma fait table rase du passé et propose du basique et quand je dis basique, je pèse mes mots. Une durée de presqu’une heure, treize titres, cinq semi-ballades hispaniques, un manque total de pêche : l’album parait interminable.
Pourtant, le premier titre "The
Alibi of Tirants" est un monstrueux morceau tout droit sorti de l’album précédent, dans la même veine du moins : tribal, mélodique, puissant, le refrain se retient aisément, les riffs sont bien entrainants, le chant mêle anglais et espagnol (comme d’habitude), bref c’est du tout bon. Et puis soudain, c’est l’hécatombe : le deuxième morceau donne le véritable ton de l’album, caractérisant le CD entier. Plat, sans puissance aucune, sans riff recherché, sans pêche, "Pieces of the Sun" nous donne l’impression que le combo ne s’est pas foulé. Et c’est comme ça durant presque une heure ! Que des titres sans imagination, quasiment tous identiques, où le batteur Dave Chavarri nous sert le strict minimum derrière les fûts, apparemment fatigué. Même chose pour le frontman Cristian Machado qui a beau beugler, on n’y croit jamais, l’émotion s’étant bizarrement échappée. Quand on pense que le groupe a composé près de trente titres pour en sélectionner treize, on a du mal à imaginer les dix-sept autres "tueries ".
Mou, aux parties acoustiques trop nombreuses et surtout peu originales, les onze prochains morceaux s’enchainent difficilement, on baille, on regarde sa montre, on fait un tour dans la maison, on baille à nouveau… Toujours pas fini ? La tentation d’arrêter le CD est insoutenable, celle de se réécouter les précédents disques aussi. Bref,
Enigma c’est de l’ennuyeux en barre qui né démarre jamais, du dépassé de chez dépassé, un manque d’inspiration total, donnant l’impression qu’
Ill Niño s’est foutu de nous. Et on ne blâmera pas ce pauvre Diego Verduzco, guitariste qui a intégré la formation en 2006. Il doit grincer des dents à l’heure actuelle.
Au final, un quatrième opus ennuyeux, monotone, rébarbatif, raté. Un titre bon sur treize, c’est limite scandaleux pour un groupe de cette trempe, la galette entière ne faisant que sombrer petit à petit dans l’insignifiance la plus totale. Comme quoi quitter un gros label peut parfois ruiner un groupe…
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