Return to the Void

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16/20
Nom du groupe Shape Of Despair
Nom de l'album Return to the Void
Type Album
Date de parution 25 Fevrier 2022
Style MusicalDoom Funéraire
Membres possèdant cet album14

Tracklist

1.
 Return to the Void
 09:14
2.
 Dissolution
 08:59
3.
 Solitary Downfall
 11:06
4.
 Reflection in Slow Time
Ecouter08:08
5.
 Forfeit
 08:00
6.
 The Inner Desolation
 11:48

Durée totale : 57:15

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Shape Of Despair



Chronique @ Vinterdrom

06 Mars 2022

Alors, quoi de neuf au pays des mille lacs ?… Ben, pas grand chose, en fait !

La Finlande. Mère patrie du funeral doom.
Au commencement, il y eut Thergothon et la terre trembla en voyant s’écraser un « Stream from the Heavens » accablant et monolithe. C’était en 1994.
L’année suivante, Skepticism mit au monde un imposant « Stormcrowfleet » et l’orgue qui le guidait enterra solennellement toute humanité.
Avec ces deux entités, la Mort se manifesta dans toute sa laideur. Tragique et apocalyptique.
Quelques années passèrent puis, pile pour le nouveau millénaire, apparut une nouvelle entité. Mystérieuse, sans information tangible ni aucun cliché, on la crut sortie de nulle part. Impression renforcée pour le style novateur qu’elle édifia sur « Shades of… », apposant au tellurisme originel du funeral doom un épais voile atmosphérique de dark ambient vaporeux (façon Raison d’Etre, Desiderii Marginis…) et d’heavenly voices aériennes (genre Cocteau Twins, Dead Can Dance, Arcana…). Un mélange si improbable qu’il semblait purement irréel. Et on se demanda alors comment la Mort pouvait se révéler si belle… Quels étranges extraterrestres avaient pu réussir l’exploit d’inverser la pesanteur en apesanteur… Quels prodigieux alchimistes avaient ainsi transmuté les abysses en éther... Cette nouvelle entité s’appelait Shape of Despair.

Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.
Le genre funeral doom atmosphérique (voire ambient) a fait de nombreux émules, en particulier du côté de la Russie et des anciennes républiques soviétiques (un label aussi prolifique que Solitude Productions, par exemple, n’aurait jamais existé sans l’influence de Shape of Despair).
On se demande donc bien ce que le grand créateur du style en question peut encore nous proposer aujourd’hui avec « Return to the Void », son cinquième album seulement en 24 ans d’existence (et même 27 ans si l’on comptabilise la toute première et obscure incarnation sous le nom de Raven). Car il n’est pas de plus lourd fardeau à porter que celui d’être à l’origine d’un genre musical à part entière…
Et bien, cette fois-ci, il semblerait que ledit fardeau ait été un peu trop lourd à porter pour Shape of Despair. Car c’est la déception qui alimente la plume de votre serviteur du jour, à l’écoute du nouvel opus des finlandais. Malheureusement…

La promesse de retour aux sources, sous-entendue par le titre de l’album, est pourtant tenue. Dès l’entame avec le morceau-titre jusqu’au final évanescent de « The Inner Desolation », on retrouve effectivement les rythmiques pétrifiées et les synthés figés de « Shades of… », les leads mélodiques déchirants et les séquences ambiantes immatérielles de « Angels of Distress », avec cet effet de suspension du temps et de l’espace. Mais la magie n’opère plus.
Musicalement parlant, tous les ingrédients sont bien là. Alors, qu’est-ce qui cloche ?
L’impression que le chef ne nous propose qu’un simple recyclage d’idées réchauffées ? Il y a un peu de ça… Se renouveler dans un style aussi archi-balisé qu’archi-saturé tient de la gageure, il faut le reconnaître. Néanmoins, certaines formations sont parvenues, au fil des ans, à y apporter du sang neuf, telles Ankhagram (avec un « Thoughts » poussant le curseur ambient intimiste au maximum et ajoutant des touches post-rock) et Woe Unto Me (avec un brillant « A Step into the Waters of Forgetfulness » nourri aux influences progressives).
La sensation de se voir proposer six nouveaux morceaux, certes parfaitement enregistrés et agencés (avec une production enveloppante dans la lignée de « Monotony Fields »), mais ultra-calibrés ? Il y a un peu de ça aussi… Longueurs calées entre 8 et 12 minutes, juste ce qu’il faut mais pas trop, sans aucune prise de risque : le chef ne parvient plus à tirer son épingle du jeu et se fond dans la masse de ses nombreux disciples.
Enfermé dans un style qu’il à lui-même créé, coincé entre ressorts fatigués et ficelles trop visibles, usé jusqu’à la corde et installé dans une routine lassante, manquant de souffle pour se porter plus loin, manquant de profondeur pour nous y plonger pleinement, simple auteur d’un album de plus dans une discographie pourtant peu pléthorique, Shape of Despair est devenu banal. Ni mauvais, ni exceptionnel. Juste médiocre. Un has been. Et ça fait mal de l’écrire.

Malgré ce constat dur et amer, le naufrage n’est pas pour autant complet. Car fort heureusement, il reste un élément qui permet au groupe de tenir la tête hors de l’eau. Un gilet de sauvetage sur lequel il peut encore compter. Une lumière qui subsiste pour le guider sain et sauf vers la terre ferme. Et cette lumière s’appelle Natalie Koskinen.
Présente depuis les tous débuts (elle portait alors le nom de Safrosskin), elle a toujours assuré la garantie planante de la formation, à la fois discrète et essentielle. Son rôle sur « Return to the Void » n’a jamais été autant mis en avant et c’est une bonne chose, car ses mélopées parviennent encore à procurer quelques frissons bienvenus. Même si ses interventions se retrouvent souvent coupées dans leur élan, à l’image des ultimes séquences de « Solitary Downfall », « Reflection in Slow Time » et « Forfeit » où, systématiquement, un début de montée en puissance se retrouve comme brutalement haché au montage. Dommage qu’elle n’ait pas disposé de tout l’espace qu’elle aurait mérité sur ce disque.
En agréable surprise (car il y en a tout de même un peu), on notera les emprunts de la miss à Lisa Gerrard (Dead Can Dance), au travers de délicieuses intonations dépaysantes survenant en ouverture de « Reflection in Slow Time » et dans le pont central de « Forfeit ». Trop rares et timides, cela dit. Le genre d’élément sur lequel Shape of Despair aurait pu davantage s’appuyer pour sonner frais.

Une âme encore étincelante, prisonnière d’un corps affaibli, ne brillant plus que par intermittence, quelque part, au loin, tel un phare dans un océan de brume fadasse. Voilà comment je résumerais ce « Return to the Void », une désillusion sous bien des aspects.
On a coutume de dire que l’espoir fait vivre… Mais vu la cadence de Shape of Despair, digne d’un vrai doomster, au prochain album j’espère, ne pas me trouver six pieds sous terre.

1 Commentaire

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Icare - 06 Mars 2022:

Dans le fond, je suis d'accord avec ta chronique. Shape of Despair ne se renouvèle pas, cet album est très - trop ? - classique et prévisible, ne prenant aucun risque et ne proposant aucun élément réellement novateur.
Pourtant, dans sa simplicité et son dépouillement, il me touche plus que le précédent, qui était certes plus "musical" et ambitieux, mais que je trouvais un peu artificiel et inégal malgré certains moments de grâce.... Peut-être justement que ce minimalisme résonne en moi comme une sorte de retour à la pureté originelle, à l'essence même du style ? 
Alors certes, la magie s'est un peu émoussée au fil des albums, mais à écouter sans attente particulière et en faisant abstraction du reste de la discographie du groupe, la musique de Shape of Despair reste simplement belle... 

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