Dans la théologie et la philosophie existentialiste hindouiste, l’univers comme la vie de tout à chacun est régit dans un cycle perpétuel, en complet mouvement. A cette conception s’affronte une autre, principalement basée sur l’existence de l’immortalité et d’une vérité suprême. Le corps et l’âme n’ont pas un unique aspect, ils se confrontent. Et seul l’âme parvient à subsister de cette confrontation. «
Spiritual Beggars », en quête à la fois de l’immortalité et de la vérité suprême, représente par essence l’âme, une âme qui s’est déjà à maintes reprises réincarnée au sein de nombreux corps. Le dernier en date est celui du grec Apollo Papathanasio, désormais nouveau sadhu entièrement consacré à la réalisation spirituelle, et bienvenu dans le sanctuaire des dieux. Un chanteur qui n’est pas un inconnu, puisqu’il fait depuis plusieurs moissons l’objet de vénération dans son autre formation, «
Firewind ».
Mais l’être de feu tend à s’assagir et à libérer son esprit. Passer d’un groupe power au stoner céleste est une tâche compliquée qui ne se surmonte pas à la seule force procurée par la méditation. Il devra adopter le même attitude que
Shiva qui sait se comporter aussi bien par la fureur que par la bienveillance vis-à-vis des asura (les pécheurs). De même, nous verrons si dans ce nouvel opus, sorti en 2010 et désormais 7ème prédication studio, la formation emmenée par le gourou Michael Amott atteindra enfin le plus haut statut de sagesse, le Sannyâsa, 5 ans après un «
Demons » plus traditionnel dans son rock, bien que l’on lui ait perçu un manque de foi spirituelle. Renoncez au conformisme matérialiste du rock actuel, et ouvrez votre 3ème œil grâce aux enseignements prodigués par «
Return to Zero ».
L’initiation pourrait paraître étrange aux débuts. Des palpitations étranges se font sentir. Les tonalités brusques de guitares doomesques, des notes au rythme d‘une respiration essoufflée. Le disciple gravit le sommet du rocher abrupte «
Lost in Yesterday » pour rejoindre le temple. Apollo nous met également à l’épreuve et on avance aux ordres de sa voix martiale, divulguant des moments de colère au passage des refrains.
Une fois parvenu aux premières marches du temple, le disciple ne verra que luxuriance et volupté. Il sera ébloui par les illuminations de l’endroit.
Shiva médite au milieu d’une salle immense sous le son et aux évolutions d’un rock aux riffs insistants, dégageant couleurs et ondes positives à chaque coin de la pièce. Nous sommes attirés par les promesses d’un monde sans peine et uniquement fait de simple joie. On les entend par des titres éclatants de dynamisme et de bienfaisance. Ceux-ci ne sont accordés qu’après mise en épreuve.
On retrouve tous ces jardins d’
Eden en commençant par « Star
Born », puis « We are
Free » qui est un titre magnifique aux riffs accrocheurs, totalement épris de liberté et au message simple, portant tous nos espoirs. Le nirvana est sans doute atteint sur « Coming
Home » où le rock dynamique nous révèle notre karma. La batterie pèse de tout son poids et réveille les esprits par ses tintements de cymbales. La guitare joue des riffs acérés dignes des dieux, grâce au soutien appuyé de la basse en compagnon de route.
Chaque jardin se mérite, et sur la voie de notre pèlerinage s’incruste des obstacles. « The Chaos of
Rebirth » en est un redoutable avec un retour au son démasque. Une lourdeur volontairement affichée. Des attaques en série donnant un côté tapageur à la musique. Le chant devient par moment plaintif, sous l’air détaché et indifférent de la guitare.
Machine implacable froide et automatique. Mais le monstre est ici terrassé, il finit par s’emballer et se débattre, vaincu.
«
Spirit of the
Wind » est une plaine désertique, de neige immaculée, à traverser. Un péril blanc où le froid glacial gèle les membres. Des airs martelés de musique tribale s’entendent de très loin. Une voix douce et langoureuse, pétrit de fatigue enchaîne le pas. La musique s’arrête par moment à chaque exclamations plus importante de la voix, comme prise de crainte, puis après un bref instant reprend
Son long cheminement.
Après avoir atteint le nirvana sur « Coming
Home » nous voilà à nouveau de retour sur terre. Notre corps est repus des fruits célestes et ne demandent plus qu’à regoûter aux menus plaisirs de la terre. On se rassasie de titres plus neutres de leurs tonalités tels que «
Concrete Horizon » avec un rythme en coups de poignards, ou «
A New Dawn Rising » et son engagement abrasif, illustrant le caractère des humains, attraits aussi bien par l’ombre que la lumière. A cela l’être exprimera un temps sa satisfaction sur un hard échevelé, tout droit inspiré des 70s sur « Believe in Me ». Il entame alors une transe spirituelle sous une voix agréable.
Puis l’amertume commence à gagner sur «
Dead Weight ». Le climat des guitares redevient lourd. La tristesse ensuite domine sur la très classique ballade au piano « The
Road Less Travelled ».
Seul moment où l’on pourrait presque être appitoyé. Mais heureusement le discipline se dresse et se ressaisit sur le vigoureux et magistral « Time to
Live », reprise de «
Uriah Heep ». Un événement tout en force et en finesse qui vient clore ce nouveau livre de l’univers védique de «
Spiritual Beggars ».
«
Return to Zero » passe à une caste au dessus de «
Demons ». Le son plus rock refait surface. Mais c’était sans compter l’ingéniosité de la musique, de la composition riche et enrichissante et d’un Apollo méconnaissable, qui pourrait devenir à notre grand étonnement une icône sacrée du rock.
Plus amateur des premières aventures de la formation, j’avais au départ rejeté cette œuvre, trop prosélyte à mon goût. Puis la magie a opéré et me voilà convertit. Are Krishna!
17/20
Plus le temps passe plus je me dis que cet album est superbe.
J'ai d'ailleurs commandé Another Way To Shine, Mantras III et On Fire. Sont-ce de bons albums ?
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire