Après leur retour en 2008 avec
Traced in Air, deuxième album assez différent de son prédécesseur, les Américains de
Cynic décident en 2010 de sortir un EP intitulé
Re-Traced. Contenant quatre ré-interprétations de morceaux de l’album (à savoir "The Space for This", "Evolutionary Sleeper", "
Integral Birth" et "
King of Those Who Know") ainsi qu’un nouveau titre inédit, le mini-CD bénéficie de l’arrivée à la basse de Robin Zielhorst (qui, comme Kruidenier, vient lui aussi d’
Exivious), remplaçant avec regret le précurseur Sean Malone. Pour le reste, on garde les mêmes et on recommence, la production étant toujours signée par les deux membres restant de la formation originelle et mixée par Warren Riker (
Down,
Mnemic,
Cathedral…) et masterisée par le roi du domaine Maor Appelbaum (
Halford,
Therion,
Necronomicon…).
A nouveau très différent de
Focus,
Re-Traced joue la carte de la mélodie extrême avec pas mal de changements musicaux flagrants… En premier lieu, le chant de Masvidal est cette fois-ci beaucoup plus mis en avant. Par ailleurs, son travail sur sa voix est à saluer : on pense à Jon Davis (
Korn) sur Untitled pour le côté calme et mélancolique, à Damon Albarn (Gorillaz) pour le type de chant langoureux, à Matthew Bellamy (Muse) dans les montées ou encore à Maynard James Keenan (
A Perfect Circle)... Car, beaucoup plus orienté rock voire post-rock, les parties vocales de Masvidal s’éloignent encore plus de son travail sur le précédent disque, renvoyant les growls présents dans
Focus aux oubliettes. Oubliez d’ailleurs le style de
Cynic, cet EP n’étant plus du metal mais bel et bien une expérience musicale acoustique, aux ambiances délicates et aériennes.
Les guitares électriques passées à la trappe, le retour de la fretless et le doux chant de Masvidal nous emmènent dans une version alternative de l’univers proposé dans
Traced in Air, un univers spatial apaisant et onirique. Les quatre morceaux y puisent légèrement dans la structure, les paroles et le débit de chant mais n’ont finalement rien à voir avec leurs modèles d’origine tant ils diffèrent dans leur forme et leurs sonorités. Par exemple, "Space" et "
Integral" sont plus appuyés par le chant que par la musique elle-même, transformant les titres alors un tant soit peu dynamiques de l’album précédent en des ballades acoustiques monstrueusement enivrantes. "
Integral" ne bénéficie d’ailleurs même pas de parties batterie afin d’accentuer l’intensité acoustique/mélancolique souhaitée par le groupe.
On voyage à nouveau donc, mais dans une autre optique, dans une grosse ballade où, tenus par le bras, on gambade sur les nuages, voguant sur les constellations, bondissant au ralenti sur la galaxie…
Re-Traced porte donc bien son nom, les quatre chansons étant bien ré-interprétées afin de nous transporter dans cette atmosphère inédite voulue par la formation. Coup de cœur d’ailleurs pour "Evolutionary" et "
Integral", le chant de Masvidal étant poignant et bouleversant. On regrette d’ailleurs que la poésie ne dure que 20 minutes et que ce ne soit pas tout
Traced in Air qui aie été restransposé de la sorte. Le titre inédit, "
Wheels Within Wheels", s’avère en revanche, lui, plus dynamique, le groupe proposant un titre comme échappé de
Traced in Air mais avec un peu moins de technicité, ce chant toujours aussi calme et le merveilleux son de la basse fretless de Zielhors.
Ainsi,
Re-Traced est une sublime curiosité à découvrir sans tarder, aussi bien les fans de
Cynic un peu ouverts d’esprit que les amateurs d’acoustique, d’expériences musicales et de voyages sonores, ces derniers pourront ainsi se régaler à entrer dans cet univers particulier et finalement éblouissant dans lequel les Américains nous ont entrainés. Une perle majestueuse qui aurait même pu être encore meilleure que son prédécesseur avec une durée plus conséquente.
Une bonne chro bien détaillée et concise.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire