Après un retour attendu par ses fans mais, disons-le franchement, à côté de la plaque avec le raté
Shadowmaker (
2012), un chouia relevé avec
Resilient l'année qui a suivi, revoici le capitaine (et seul maître à bord) Rock'n'Rolf avec son
Running Wild pour un disque qui peut susciter autant l'envie (eu égard au passé du groupe) que l'indifférence, compte tenu de la qualité de ses deux sorties précédentes. Devenu one-man band, au fur et à mesure des années,
Running Wild a connu son heure de gloire à partir de
Under Jolly Roger (1987), avec un heavy/speed-metal totalement germanique, dont l'originalité est basée sur l'imagerie flibustière, avec hymnes entraînants, rythmiques simples mais accrocheuses, parfois épiques, et portées par la voix charismatique de son leader. Si les albums se sont succédés toutes voiles dehors jusqu'en 2005, avec du moyen et du plus intéressant, la pause du leader Kasparek (le vrai nom de Rock'n'Rolf) et le succès du groupe ont permis l'émergence de groupes inspirés ouvertement par le pirate Hamourgeois (
Lonewolf : cocorico !), voire le retour d'un
Grave Digger, dans un créneau similaire, aidé en cela par les programmations traditionnelles de certains festivals, allemands pour la plupart.
Qu'attendre de
Running Wild en 2016 ? Après une blessure à l'épaule qui l'a tenu indisponible plus d'un an, Kasparek (encore sans groupe à proprement parler) sort ce
Rapid Foray, trois ans donc après
Resilient, à la pochette rappelant les grandes heures du groupe. Après deux titres ouvrant l'album reconnaissables entre mille, et plutôt encourageants, "
Stick To Your Guns" lorgne vers un AC/DC répétitif, et l'ennui pointe assez rapidement, pas aidé par une assise rythmique d'une banalité affligeante (batterie programmée, feeling aux abonnés absents). Chacun pourra d'ailleurs se demander, à juste titre, si l'absence de vrai groupe à la composition (mais aussi à l'exécution en studio) n'enlève pas d'âme à
Running Wild ? Poser la question revenant ici à avoir la réponse. Alors, bien sûr, Kasparek sait toujours composer des refrains fédérateurs (les cornemuses du réussi "By The
Blood In Your
Heart" à chanter dans une taverne, godet au poing) et des titres réussis ("
Rapid Foray", et la doublette ouvrant l'album), qui combleront les fans avides de nouveaux hymnes. Ils seront également rassurés de retrouver le morceau épique de 11 minutes ("Last Of The Mohicans", évidemment placé en fin de disque, qui intro et outro enlevés ne dure finalement pas autant - effet d'annonce ?).
Ainsi, l'auditeur exigeant essaiera de distinguer les variations de jeu d'une batterie aussi inventive que le tic-tac d'une pendule, et les vraies réussites d'un l'album gâché par cet effet très mécanique de la rythmique. Un peu en pilotage automatique, la frégate
Running Wild ne prend aucun risque, et on a souvent l'impression de recyclage avec des riffs déjà entendus ("The
Depth Of The Sea - Nautilus" sauvé par son solo). Kasparek retrouve néanmoins de sa superbe passée avec des vocaux entraînants ("Black Bart" et ses chœurs, "Into The West" et son lead dynamique), mais jamais bien loin de ses anciens morceaux de bravoure, tant et si bien que l'impression de déjà-vu hante le disque ("
Blood Moon Rising"). Bien sûr, on s'attend à du
Running Wild, et les irréductibles du groupe se réjouiront de revoir celui-ci revenir dans sa zone de confort. Toujours ça de pris. Un mot sur la pièce finale "Last Of The Mohicans", son intro Maidenienne d'une minute trente, son riff principal bien trouvé, mais qui retombe un peu une fois le chant placé - aux couplets convenus - en s'éternisant quelque peu, étirant plus que de raison une composition à tiroirs typique qui n'en avait pas besoin.
Kasparek donne aux fans ce qu'ils attendent, et malheureusement, sans vraiment sortir un disque emballant. Rempli de redondances agaçantes et plombé par un jeu de batterie mécanique agaçant,
Rapid Foray (au tempo général plutôt agréable, sans jamais déchirer les voiles) redresse quelque peu la barre grâce au métier certain de son capitaine, et une poignée de titres conformes aux attentes des fans, à l'image d'un groupe établi et professionnel, comme il en est dans tous les styles.
Pas difficile après les deux albums précédents. Ce
Rapid Foray, au nom faussement indicateur, constitue un moment parfois sympathique à l'image de son prédécesseur, convenu et rassurant sur son orientation générale, mais au final encore une fois en dessous des albums phares du groupe.
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