Un piano hésitant, un léger grésillement... C’est en ces termes que commence «
Quietus », une traversée romantique où chaos rime avec désuétude morale et décrépitude musicale. En effet, la puissance d’
Evoken n’est pas de nous plonger dans une bourrasque de violence, mais, au contraire de nous immerger dans un océan d’atmosphères lugubres, chaque note de catalepsie contienne une violence larvée qui se mue en un soufflet d’ambiance mélancolique telle une chute d’ange à moins qu’ils se soient changés en statues... ?
Après ce préambule, arrosé au beaujolais nouveau, il faut tout de même reconnaître que le groupe américain met la main directement à la patte pour injecter une aura de ruine dans cet album tragique. À la première écoute, on peut penser qu’
Evoken touche énormément au style du groupe anglais
My Dying Bride. On retrouve peut-être ce même tempo à la fois lourd et pesant, typique du doom tout en étant moins appuyé et plus évasif, la trace même de ma mariée mourante. Cependant, Le contenu du disque ne s’arrête pas là, bien que l’on sente que la période « As the Flowers Whiters » est largement perçue dans la globalité de ce disque : les voix rauques ponctuées à certains moments de chuchotements ténébreux, les notes accentuées, non, il y manque la touche anglaise et en cela,
Evoken tire son épingle du jeu.
Il faut prendre «
Quietus » comme une version glauque de
My Dying Bride. Si l’on retrouve à peu près le style (certaines incursions de violons), le groupe américain pousse ces bases à leurs paroxysmes, la sonorité et plus sourde et semble figée d’où le rapprochement à la pochette de cette femme statufiée. Les guitares semblent se perdre, soit dans des saturations soit dans des arpèges monolithiques et les claviers légèrement mis de côté renforcent l’ambiance macabre du disque. Imaginez que sur un rythme pesant et sombre s’adjoignent des chœurs fantomatiques terriblement obscurs et là, vous touchez un son qui remue les tripes et vous saurez alors que les chœurs les plus éthérés, les orchestrations classiques peuvent donner la profondeur la plus viscérale qui soit.
Sans en avoir l’air «
Quietus » a la marque des plus grands, une ambiance à retardement qui se sert du temps pour mieux le cristalliser et donner ainsi des titres atemporels qui à force des nombreuses écoutes nous enfoncent inéluctablement dans la dépression. Une dépression à forte odeur de renoncement et de vigne vierge entourant, agrippant étouffant ces formes humaines dans des méandres d’angoisses telle une prison.
Emprisonnement atmosphérique,
Evoken signe là l’un des meilleurs albums de doom dans un état entre le dramatique et l’angoisse d’outre-tombe.
Y passer à côté serait un véritable sacrilège !
: Uncaught Error: Attempt to assign property "cercle" on null in /home/spiritofmetal/public_html/class/f_groupe.php:251
Stack trace:
#0 /home/spiritofmetal/public_html/album.php(635): affiche_commentaire()
#1 {main}
thrown in