Sortis de nulle part avec leur premier missile (le fantastique
Origin en 2013), les Australiens d'
Harlott ont su capter la fougue d'un jeune
Exodus et la sauvagerie propre au thrashmetal le plus accompli. 22 mois plus tard, on est en droit d'attendre une confirmation de leur talent et de leur capacité à asséner des titres à la fois bien ficelés et diablement sauvages, tellement au-dessus de la quasi-totalité du revival thrash des années 2010.
N'ayant pas eu à subir de changement de personnel, le quatuor reprend la formule qui a fait mouche sur le premier album, en restant fidèle à ses préceptes de compositions. Certaines sont tapageuses, d'autres très tapageuses, toute batterie en avant. On retrouvera ainsi les tempi effrénés et la capacité d'
Harlott à pondre le refrain qu'il faut, souvent plus mélodique, et mettant en avant l'organe vocal de Andy Hudson. Celui-ci ayant mué dans un registre qui évoquera parfois Chuck Billy (
Testament), il transparaît de ces compositions un sens mélodique accru, légèrement plus peaufiné ("
Lord Of War" ou "
Legion" aux refrains dignes de The
Legacy, ou "
The Fading Light", avec en prime un solo dantesque que n'aurait pas renié Alex Skolnick).
Comme les compositions sont sensiblement plus développées que sur
Origin,
Harlott nous fait le coup que tant d'autres groupes des 80's ont fait entre le premier et le second album (
Exodus,
Testament,
Forbidden, et j'en passe), soit un disque plus travaillé, plus mélodique, et moins "in your face". Mais sans sacrifier à l'efficacité, car, loin de pondre une mièvre redite,
Proliferation prouve qu'
Harlott sait évoluer, et fait étalage de sa classe sur la quasi-totalité des titres, tous de haut niveau et capables de mettre une sacrée furie dans le "pit", riffs brise-nuque et basse en avant compris ("Civil Unrest", au refrain heavy - encore - imparable et au phrasé saccadé hautement corrosif, le final "
Means To An End"). On se régale réellement de retrouver cet assemblage qui semble inné de compositions sensiblement plus longues, mais toujours diablement bien construites.
Alors, pas d'inquiétude à avoir, même si
Harlott a gagné en mélodie et en pouvoir attractif (gros progrès sur les soli, souvent admirables), il n'a pas forcément perdu son abrasivité. Tout juste celle-ci possède-t-elle un rendu légèrement plus posé, plus mélodique, moins sauvage (et encore, c'est surtout le cas dans la première moitié de l'album). Comme en plus, l'effet de surprise est passé, l'album aurait tendance à mettre l'auditeur dans un paradoxe : "En fait, c'est mieux foutu, mais moins marquant". Que dire de plus, si ce n'est qu'il suffit de s'enfiler la doublette "Hellbent"/"
Bloodlust", pour se dire que, non, finalement,
Harlott n'a pas changé, vocaux hurlés compris. Ou si peu. Un très bon album, pour un grand groupe. Le thrasher qui passe à côté d'un "
Cross Contamination" ou d'un "
Legion" peut revendre ses patches directement et se convertir à autre chose.
Harlott ne pardonnera pas. Comme tout au long du disque.
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