Voici venu le temps du quatrième album pour les Australiens
Harlott, après trois livraisons solides dans un registre thrashmetal implacable et aux légers parfums
Exodus. Attardons nous d'abord sur la pochette, cohérente en regard des illustrations précédentes. Cette suite dans les idées démontre que les jeunes kangourous sont sûrs de leur faits d'armes et à même d'enfoncer le clou dans leur registre de prédilection.
Ainsi, les dix morceaux de
Detritus of the Final Age ne trahissent aucun remplissage. Un thrash metal rapide et puissant, parfois coloré de blasts beats ("As We
Breach" en écoute ci-dessous qui ouvre l'album de manière efficace), porté par des refrains fédérateurs ("Bring On the
War", aux effluves heavy délectables) et par une section rythmique précise dotée d'un sens du groove remarquable. Les compositions, si elles portent encore quelque peu l'empreinte d'
Exodus ça et là (normal, me direz-vous,
Exodus EST le thrash) au gré d'un riff ou d'un break, voire du phrasé de Andrew Hudson, sont de fort belle facture. Hudson sait cependant moduler sa voix avec classe (le début de "
Grief") et a gagné en confiance au fil des albums, donnant relief et hargne aux plages instrumentales. Celles-ci récitent avec efficacité le petit alphabet du thrash, sans oubli : nombreuses variations de rythmes, backing vocals, breaks meurtriers propices au headbanging, et accélérations subites ("
Detritus of the Final Age", le morceau), le tout sans fausse note, ni passéiste ni moderne.
Affilié à la scène mondiale au même titre que ses compagnons de génération
Power Trip,
Foreseen voire
Warfect, ces jeunes gens ont tout compris et si le style n'a pas changé depuis le terrible
Origin (2013), l'efficacité ne s'est en rien amoindrie, témoin la diversité ici perceptible dans un genre très balisé cependant.
Pas d'incongruité ici, mais des passages qui font tendre l'oreille parmi ce magma de thrash, comme sur le riff à la
Slayer du meurtrier "
Nemesis", qui combine l'école Bay-
Area et celle des retraités de
Los Angeles, ou l'intro acoustique qui précède le magnifique solo du mélodique "
Slaughter", titre bien nommé s'il en est. Parfois écrasant ("
Grief", superbe morceau au solo lumineux), souvent virevoltant sur l'ensemble de l'album, le groupe délivre un album hyper costaud, pas dénué de mélodies mais toujours sans concession. Aucun filler donc ni baisse de régime (notons une seconde partie d'album un tantinet plus mélodique et plus personnelle), chaque chanson a son intérêt propre, ses moments jouissifs, et bien malin qui pourrait trouver un point faible à cette recette qui porte ici une relève autrement plus crédible que nombre d'albums en pilotage automatique de nos vétérans du genre.
Rare de trouver un album de thrash classique aussi bien troussé en 2020, mais quiconque est familier avec les Australiens depuis
Origin, sait que le groupe pétri de talent mérite reconnaissance et succès. Comme le hurle avec conviction Hudson sur le furieux et définitif "The Time to
Kill Is Now", voici un pavé hautement recommandable pour tous thrashers en manque de sensations. A la fois agressif et mélodique juste ce qu'il faut (témoin le titre à tiroirs "Miserere of the
Dead" qui lorgne sur le refrain vers
Testament), ce quatrième
Harlott fait figure de gros morceau et met la pression pour devenir un des albums de l'année en pur thrashmetal.
Tres belle chronique...qui merite 1 ecoute.
Harlott ne se trahi pas, toujours d'une qualité époustouflante, je rejoins ta chronique, ya de super moments comme sur Idol Minded ou Prime Evil.
Par contrre je n'irais pas jusqu'a un 16/20, car on est sur un 4e album, c'est vraiment sur la même ligne que les précédents, du coup ce classique Thrash aussi bien fait est il, manque d'un peu de folie, un poil trop conventionnel. Pour le moment je serais plus sur un 14/20 qui reste une bonne note.
Merci pour la chro, très bien écrite, c'est tout à fait ce que l'on attend d'une chronique.
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