Phrases

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18/20
Nom du groupe Psygnosis
Nom de l'album Phrases
Type EP
Date de parution 15 Juin 2009
Produit par Rémi Vanhove
Style MusicalMetal Expérimental
Membres possèdant cet album9

Tracklist

1. Intro / Prologue et Présentation de la Thématique Imminente
2. Phrase 01 - Comme Si le Rêve Prenait Soudainement le Contrôle de l'Existence et de la Raison
3. Phrase 02 - Chute Inexorable Vers un Paradis de Souffrance et de Pleurs
4. Phrase 03 - Alors Que la Colère et la Haine Atteignent l'Apogée de Leur Éclat
5. Phrase 04 - Structure Désordonnée d'une Tragédie Inégalée Jusqu'alors
6. Phrase 05 - Le Septième Réveil Après un Fixe Étonnant de Clarté

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Psygnosis


Chronique @ Eternalis

08 Juillet 2009
Le constat devient sans appel. Après de longues années de disette créative, de reconnaissances absentes, de vide et de labeur ; la scène métallique française s’est forgée l’une des plus fortes personnalités européennes actuelles.
Sous le joug de groupes extrêmement novateurs allant de Gojira à Kalisia, en passant par Dagoba, Hacride ou Scarve, cette scène n’a cessé d’expérimenter encore et encore pour atteindre une dimension inédite et aujourd’hui extatique.
Débarrassée de ses complexes, la France voit donc émergé de plus en plus de groupes, plus ou moins intéressant, plus ou moins novateurs, plus ou moins inspirés…ce qui est le cas de Psygnosis, dont le premier ep se voudra l’égal d’une énorme claque en travers de la fourmilière du conformisme et de la passivité d’écriture.

Derrière ce projet se cache un unique homme, une identité à part, anticonformiste et indépendantiste, répondant au nom aussi étrange que mystérieux de M.Kekchoz.
Un patronyme anonyme qui laisse parler l’artiste avant l’individu, la musique avant l’homme, une preuve et une volonté de mettre en avant l’art avant tout, à l’instar d’Hegemon par exemple.
Cet ep, prenant la forme d’un véritable album dans sa durée (plus de 40 minutes), se compose d’une introduction et de quatre longues plages sonores, d’identifiant par des « Phrases » numérotées de 1 à 4, symbolisant un concept global. Le couperet tombe dès la première écoute : le résultat est impressionnant.

S’écartant de nombres de sentiers déjà explorés pour en tracer un réellement nouveau. Psygnosis dérive dans les méandres d’un métal atmosphérique et expérimental, souvent lent et narratif, où surgissent des déchainements de haine et de furie souvent succins mais indispensable à la cohérence globale.
Une alchimie conférant une ambiance presque cinématographique plane sur "Phrases", notamment sur "Phrase 02 - Chute inexorable vers un paradis de souffrance et de pleurs", où la voix narrative évoque celle de Samuel L.Jackson, à la fois sentencieuse, solennel et imposante.
Musicalement, l’intro est une symbiose de riffs syncopés et d’une ambiance planante, ayant pour ouverture le discours de Neo dans Matrix (celui fermant le premier volet), conférant un aspect mystique et philosophique à la portée du concept.

Souvent rythmée par des lignes de basse ou de guitares très mélancoliques, les compositions semblent s’étirer indéfiniment dans le temps, hypnotisant l’auditeur dans une spirale sans fin. "phrase 01 - Comme si le rêve prenait soudainement le contrôle de l'existence et de la raison" possède une première partie très lente, rampante, héritière d’une portée doom, sur laquelle se pose quelques souffles, d’infimes murmures caressant nos sens. Puis l’explosion, très grasse, thrash dans l’esprit, dévoilant une production des plus puissantes et claires, impressionnante au vue du peu de moyens mis en œuvre.
Le chant death de M.Kekchoz est brut, sans fioritures, vomissant une haine d’un monde aveugle, avant de s’étrangler dans une boucle industrielle tournoyante.

Si Psygnosis se veut plus souvent lent et maladif, la véhémence trouvera son apogée sur "phrase 03 - Alors que la colère et la haine atteignent l'apogée de leur éclat", envoyant l’auditeur dans une spirale de violence synthétique et effroyablement aliénante, sans issue de secours. Ce sentiment d’isolement, d’enfermement, de se retrouver dans l’esprit tourmenté d’un aliéné mental se manifeste par une boite à rythme répétitive et suffocante, dans la veine d’un Lex Talionis. Mais également, il y a ces vocaux, brutaux, schizophréniques comme l’étaient ceux d’un Devin Townsend au commencement de sa carrière ("Heavy as a Really Heavy Thing"), emplie de démence et saturés à outrance.
L’on retrouve une mélodie guide, un fil rouge et conducteur tout le long de ces différentes Phrases. Une empreinte faite de chair et de sang, symbiose de souffrance et de rédemption, qui sert de toile de fond au concept que les parties narratives développent, particulièrement sur la religion, la gnose, l’aveuglement et le mensonge. Des narrations, féminines ou masculines, souvent familières, qui instaurent une vision contemplative, d’autant plus malsaines qui plus est, comme l’a déjà réalisé Elend pour "A World in Theirs Screams".

Finalement, que dire si ce n’est que Psygnosis provoque le tour de force dont personne n’aurait songé l’existence. En mélant l’humanité des émotions à la mécanicité musicale, symbolique d’une mécanisation, d’une automatisation de la pensée dictée par la religion et un gouvernement asservissant les masses, ce one man band est parvenu, dès un premier essai à peindre un véritable monde.
Alors, non sans certains minimes défauts introducteurs, ce premier ep laisse éclater la catharsis d’un homme ordinaire ayant osé penser différemment, afin de suivre un chemin initiateur qui lui est propre, celui de l’indépendance.


5 Commentaires

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=XGV= - 09 Juillet 2009: La chronique est alléchante, je vais aller guetter ce que ce personnage a à offrir.
Eternalis - 10 Juillet 2009: Comme tu dis...des nouveaux talents comme on en découvre trop peu...
scorp666 - 12 Janvier 2010: Une bonne découverte et à chaud ça dépote, ça dérange, ça change c'est un OVNI.
Vraiment bon et différent.
Strafeur - 06 Décembre 2010: Juste une énorme perle a déguster à nue, posé au calme, au casque et dans le noir, pour en prendre plein la gueule.
Un grand bravo a Mr.Keckchoz!
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Chronique @ dark_omens

08 Août 2014

Une digression dont ne sortiront pas indemnes ceux qui accepteront sans préjugés de se laisser submerger...

Adepte de conformisme exacerbé dicté par les poncifs obligatoires de genre défendus, parfois, par des musiciens aux esprits étriqués ; partisan de ces paysages uniformes où la désolation de ces scènes sans imagination cultive, à l’infini et avec une certaine fierté inepte, la similitude artistique, mais pas nécessairement le talent ; défenseurs du pourpre qui ne doit être que pourpre, de l’azur qui ne peut être autrement qu’azur, du Death Metal qui ne peut s’ouvrir à d’autres sensations en dehors de ce triptyque sacré : growls/blast/brutalité, du Black à la pureté originelle sans tâche, du Power Metal aux doubles-croches martelées inlassablement et sans finesse aucune, jusqu’à l’abrutissement, par une double grosse-caisse coupable, passes ton chemin. Va-t-en et ne te retourne pas.

Cette œuvre, véritable fenêtre ouverte sur une vision onirique étrange mais d’une beauté pénétrante, peut en effet s’avérer des plus complexes, dès lors que l’auditeur se sera départi du minimum de virginité nécessaire et méritoire à certaines écoutes. Assurément ce Phrases est un périple incroyable dans un univers vaste et riche, définissant de manière aussi précise que possible divers sentiments contradictoires délectables. Dans une expression, certes, moins ambitieuses que d’autres, l’énigmatique m.Kekchoz compose, usant d’éléments pourtant très paradoxaux et très hétéroclites, un tableau d’une déconcertante cohérence, d’une déconcertante simplicité, d’une déconcertante évidence (se moquant bien, au passage, de toutes les conventions admises). Mêlant, effectivement, subtilement dans une œuvre envoûtante des voix tantôt Death, tantôt Black, des atmosphères parfois violentes et parfois très atmosphériques, des pianos éthérés, aériens, délicieux et des riffs, des rythmes, plus virulents, des sonorités synthétiques très froides, très électro à la chaleur d’autres plus organiques ; il réussit à bousculer nos sentiments qui déambulent si naturellement de la mélancolie à la beauté, de la profondeur à l’inquiétude, de la lumière à l’ombre. A la fois soudain et évidents, ses changements s’intègrent parfaitement dans un cheminement exquis, où le maître de cérémonie joue quasiment avec nos sens.

Véritablement personnelle, cette expérience unique, cet entrechoquement artistique fracassant, reste presque quasiment indéfinissable. A peine croit-on pouvoir tenter d’en ébaucher les contours, dans une esquisse, forcément incomplète, peinte par le ressenti profond qu’elle nous inspire, que la musique, l’artiste et l’œuvre, en changent les couleurs, les textures, les formes, les matières, nous égarant toujours davantage. Cette divagation émotionnelle est juste un plaisir étonnamment intense.

Au final ce Phrases de Psygnosis est un album unique, une digression dont ne sortiront pas indemnes ceux qui accepteront sans préjugés de se laisser submerger par le ressenti que peut provoquer ce genre d’œuvre. Et jamais le qualificatif "expérimental", dont sont affublées les mélodies sorties de l’esprit retord de ce jeune compositeur, n’aura été employé à si bon escient.

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